Par Abdelatif Rebah «La politique est une guerre sans effusion de sang et la guerre une politique sanglante», disait Mao Tsé-toung. Sans doute, peut-on, sans excès, en dire autant de l'économie, aujourd'hui. Ne sert-elle pas, de plus en plus, des buts de guerre géopolitiques, comme l'actualité de ces derniers temps nous en a fait la démonstration grandeur nature. Le pétrole est utilisé comme arme politique, tandis que les manipulations monétaires servent délibérément à détruire les monnaies de pays «ennemis», dans ce cas précis, la devise russe, le rouble. Des actions qui pourraient être rangées dans la catégorie des «armements de conception nouvelle» telle que la définissent les auteurs d'un livre au titre significatif La guerre hors limites[1]. Et s'il en fallait confirmation, on ne peut plus claire et sans équivoque, elle nous est fournie pas la récente déclaration du président des Etats-Unis, Barak Obama, qui se félicite des effets des attaques menées par son pays contre l'économie russe. «Une partie de notre raisonnement, reconnaît publiquement le chef de la Maison-Blanche, était que la seule chose qui maintenait leur économie à flot était le cours du pétrole», et que le déclenchement de sanctions «rendrait l'économie russe suffisamment vulnérable pour qu'en cas de perturbations du prix du pétrole (...) ils aient des difficultés énormes». La baisse des cours du pétrole de 50% est bien donc une décision politique, hautement revendiquée, prise pour exercer des pressions sur l'économie russe et l'affaiblir. Sanctions économiques : des armements de conception nouvelle En guise de pressions, c'est en fait d'une attaque en règle qu'il s'agit, déclenchée contre la Russie et ses finances, contre sa monnaie, contre ses revenus pétrogaziers et avec les sanctions ciblées, contre son potentiel économique. Les Etats-Unis et l'Union européenne ont monté une batterie de sanctions économiques, militaires, technologiques et énergétiques ainsi que des mesures d'embargo visant des secteurs-clés de l'économie russe, les secteurs de l'énergie, de la défense et de la finance, avec la suspension d'exportations, l'assujettissement de nouvelles banques et entreprises du secteur de la défense aux sanctions et la suspension formelle des crédits à l'exportation et des financements du développement économique russe, auxquelles s'ajoutent blocages des avoirs et interdictions de visa à l'encontre des hommes politiques, des hommes d'affaires et des entreprises russes, en limitant l'accès des plus grandes banques russes (Sberbank, VTB, Gazprombank, Banque agricole et VEB) à leurs marchés financiers. Les sanctions empêchent les banques de se refinancer à plus de 30 jours. Victime des manipulations spéculatives ciblées, le rouble a perdu près de 60% de sa valeur depuis le début de l'année 2013. Si les observateurs font opportunément remarquer à ce propos, que «les fondamentaux russes ne justifient en aucune façon un tel effondrement de la monnaie russe : des finances étatiques saines, une dette publique très basse, de grosses réserves en devises étrangères et en or»[2], les cerveaux américains de la guerre économique n'en ont cure. L'attaque va entraîner un certain appauvrissement de l'économie russe et de la grande majorité de la population russe, et c'est ce qui est recherché. L'effondrement du taux de change va inévitablement conduire à une augmentation des prix. L'effet d'une telle «dévaluation» manipulée est le renchérissement du coût des importations. En même temps, les entreprises voient leur service de la dette s'alourdir considérablement. On estime à 130 milliards de dollars le montant de l'ardoise que les entreprises et les banques devront régler d'ici la fin 2015. Sur le front énergétique, la guerre saoudo-américaine déclenchée contre le prix du pétrole et qui l'a fait chuter de près de 50% vise à provoquer une détérioration brutale de la balance commerciale russe. Les hydrocarbures représentent les deux tiers des recettes d'exportations de l'Etat russe. Son manque à gagner pourrait s'élever entre 90 et 100 milliards de dollars, d'après une évaluation du ministère des Finances russe. 10% en moins sur le baril c'est presque 1,5 point de croissance en moins. La banque centrale russe a averti que si les cours du pétrole restaient à leur niveau actuel, autour de 60 dollars le baril, le produit intérieur brut pourrait en fait chuter d'au moins 4,5% en 2015. Il s'agit en fait d'une véritable guerre économique, dont les mesures de sanctions économiques et d'embargo ne sont que la partie visible de l'iceberg. Quand le peuple russe sera recru de souffrances, escomptent les dirigeants américains, il entendra enfin «la voix du bon sens» et chassera ses dirigeants, exauçant ainsi le vœu ardent des Occidentaux. Cette offensive de type militaire vise, en effet, tout particulièrement, à frapper de plein fouet les formes et standards de consommation propres aux couches moyennes pour entraîner cette catégorie sociale «sensible» dans un mouvement de contestation du régime et, au premier chef, de Vladimir Poutine. On est bien loin de la sollicitude exceptionnelle manifeste dont avait fait l'objet de la part des dirigeants des puissances capitalistes et des milieux financiers internationaux l'ex-dirigeant de l'ex-URSS Mikhael Gorbatchev, celui qu'ils avaient affectueusement surnommé Gorby, sollicitude fondée, dès le départ, sur son ralliement aux concepts de l'économie libérale[3]. Le président Bill Clinton n'avait pas, d'ailleurs, hésité, en 1995, à exprimer sa satisfaction devant ce virage à 180°, dans les termes les plus clairs et les plus explicites : «Les dix dernières années de notre politique envers l'URSS, affirme-t-il, ont démontré la justesse de nos prises de position visant à écarter l'une des plus grandes puissances du monde... Nous avons réussi ce que s'apprêtait à faire le président Truman à l'aide de la bombe atomique. A une différence près : nous avons gagné une réserve de matières premières. Oui, nous avons dépensé pour cela des milliards de dollars mais dès aujourd'hui nous sommes pratiquement rentrés dans nos fonds.»[4] De fait, les Etats-Unis se voyaient amplement récompensés. En été 1991, un «groupe de travail commun» (dont le président du côté russe était le libéral Grigori Yavlinski[5]) présentait à la commission sénatoriale pour les relations extérieures des Etats-Unis un plan de réformes intitulé «Une fenêtre d'opportunité». C'était le programme de «transition de l'Union soviétique vers une démocratie à économie de marché». Cette «fenêtre d'opportunité» va être judicieusement mise à profit par l'ancien adversaire américain. Le programme réclamait pour sa mise en œuvre de 60 à 250 milliards de dollars. Le Congrès américain a décidé qu'il fallait «aider» l'ex-Union soviétique à élaborer et mettre en place les programmes de la «période de transition», mais seulement sous forme de crédits commerciaux. Afin de garantir ces crédits, le gouvernement de Tchernomyrdine va aller jusqu'à confier aux Etats-Unis et à l'Union européenne les réserves en devises de son pays[6] ! C'est, en réalité, à ce statut de vassal que la présente guerre économique américaine veut ramener de nouveau la Russie. Dans le viseur des Etats-Unis, il n'y a pas que la Russie, puissance globale à éliminer de l'échiquier géopolitique. La guerre économique de Barack Obama cible également le Venezuela. «Elle vise à recoloniser notre pays, anéantir notre souveraineté et notre révolution en faisant s'effondrer notre économie», a dénoncé le président vénézuélien Nicolas Maduro. Faire vaciller le pouvoir chaviste, lui enlever les moyens de financer sa révolution sociale, l'obliger à céder des actifs, le contraindre à l'ajustement structurel, ramener le Venezuela bolivarien dans le giron, les snipers de la guerre économique égrènent au grand jour leurs souhaits, c'est le côté cour. Côté jardin, revenus sur scène, les bons Samaritains, reprennent le refrain des réformes «indispensables et incontournables». Entendre par là, hausses généralisées de prix, libéralisation et privatisation de l'économie, gel des salaires et réduction des dépenses publiques. Un air de déjà vu. En ligne de mire également, un autre pays qui hante les Etats-Unis et leurs alliés : l'Iran qui est confronté depuis de très longues années à un embargo implacable et qui va subir les contrecoups de la casse des prix du brut perpétrée par l'Arabie Saoudite pour le compte des buts de guerre économique de Washington. Déjà étranglé par des sanctions internationales et une chute de sa devise, l'Iran, qui tire l'essentiel de ses devises de l'exportation de pétrole, pourrait aussi voir son PIB amputé de 5%. L'impérialisme du billet vert [7] Mais là ne s'arrête pas la liste des victimes de cette guerre qui ne dit pas son nom. Elle punit également ceux déclarés coupables du crime d'«intelligence avec l'ennemi». Des banques et non des moindres sont condamnées à payer de très lourdes amendes pour avoir enfreint l'embargo décrété par les Etats-Unis contre tel ou tel Etat par eux blacklisté. BNP devra régler 8,834 milliards de dollars (environ 6,45 milliards d'euros) d'amende aux Etats-Unis. Motif de la punition : le commerce avec Cuba, l'Iran et le Soudan, pays qui sont placés sous embargo américain. Ces transactions, il faut le souligner, ont été réalisées à travers la filiale genevoise de la banque franco-belge. Des têtes ont également été exigées. Résultat : une trentaine de hauts cadres de BNP Paribas licenciés en quelques mois. Pour pouvoir conserver sa licence, la banque a dû, de plus, accepter de suspendre pour un an, à partir du 1er janvier 2015, ses opérations de compensations en dollars sur les marchés du pétrole et du gaz. Qui a puni ? C'est la justice américaine ! Comment a-t-elle pu punir des actes d'une banque française — et la France n'avait tout simplement pas d'embargo financier vis-à-vis des pays incriminés pendant la période en cause (2002-2009) — quand ces actes se sont déroulés en dehors du territoire américain et ne relèvent donc pas de la juridiction des Etats-Unis ? Aucune règle du droit international ne le justifie donc. Sauf que, dès lors que des flux en dollar sont impliqués, le droit états-unien prévaut sur l'ensemble des pays de la planète. Si le commerce avec les pays sous embargo américain avaient été réalisé dans une autre monnaie que le billet vert, BNP Paribas ne serait pas tombée sous le coup des lois américaines. Telle est la réalité crue de ce monde dollarisé qui fait des structures financières des pays particuliers et des organisations entières les jouets impuissants des visées géostratégiques des Etats-Unis. BNP Paribas ne pouvait opposer une résistance à ces sanctions illégitimes s'il ne voulait pas, tout simplement, subir une interdiction d'utilisation du dollar. Ce n'est pas la seule opération de racket pour cause de non-alignement sur la politique des Etats-Unis. Commerzbank, deuxième banque allemande et qui fait partie des 20 principales institutions bancaires d'Europe, va devoir payer 1 milliard de dollars au gouvernement américain pour «transactions illégales (sic !) entre ses filiales américaines et des partenaires à Cuba, en Corée du Nord, en Iran, ou au Soudan». D'autres institutions bancaires font l'objet d'enquêtes de la justice américaine : l'allemande Deutsch Bank, les françaises Crédit Agricole et Société Générale, l'italienne UniCredit. Comme l'explique un spécialiste de l'euro et des questions monétaires... «le «privilège exorbitant» du dollar revient à faire des Etats-Unis la banque des échanges du monde, même dans le cas où rien de ces échanges ne transite par les Etats-Unis — ce qui permet à l'autorité politique américaine d'exercer des pressions et des contraintes sur, en somme, le reste de la planète»[8]. On comprend sans peine, ensuite, pourquoi l'ancien économiste à la Fed, Adam Posen, spécialiste des questions monétaires, proclame, sans ambages, dans un entretien au journal Le Monde, que «le dollar doit rester la devise de référence du commerce international», n'hésitant pas même à dire que «c'est une question géostratégique autant que monétaire». Il offre la meilleure sécurité possible aux Etats-Unis dans l'économie mondiale, confie-t-il au quotidien français[9]. Qui en aurait douté ? Et surtout qui peut l'ignorer sans courir de très graves périls ? Ne dit-on pas avec insistance que l'invasion de l'Irak par les Etats-Unis a commencé immédiatement après que Saddam Hussein eut exigé que les calculs dans le cadre du programme «Pétrole contre nourriture» se fassent en euros et non en dollars américain ? En septembre 2000, il a en effet déclaré que l'Irak n'avait plus l'intention d'accepter des dollars en échange du pétrole qu'il vendait dans le cadre de ce programme et a ordonné de convertir en euros les 10 milliards de dollars placés sur le compte que gérait l'ONU. L'Irak devait rendre gorge. Le crime de lèse-majesté fut férocement puni et l'Irak ne s'en est toujours pas relevé. Dès que les marines américains sont entrés dans Baghdad, le pétrole irakien a de nouveau été vendu contre des dollars[10]. Prises entre le marteau de l'inflation et l'enclume de la déflation, les économies de l'Union européenne et des Etats-Unis peinent à se faire à l'idée de leur déclin et de l'érosion inexorable de leur hégémonie sur le monde. Les Américains se plaisent à dire qu'ils ne voient pas d'alternative véritable à leur hégémonie mondiale. Aussi, la tentation est grande de conjurer la permutation d'hégémonie qui s'annonce par le recours de plus en plus systématique et généralisé aux moyens de la guerre économique, sans abandonner ceux de la guerre tout court. L'offensive actuelle contre les prix du pétrole et la monnaie et l'économie russes est riche d'enseignements à cet égard. Comment ne pas relever la vulnérabilité de l'économie russe qui s'est permise le luxe insensé de rendre le rouble convertible comparativement à la solidité de la désormais deuxième économie du monde, celle de la Chine qui repose sur une monnaie non convertible, le yuan, et un réseau toujours actif de dizaines de milliers de grandes entreprises publiques ? La Russie songe à recourir aux contrôles des changes et des flux de capitaux. En fait la conjoncture actuelle expose au grand jour les ressorts véritables de l'économie mondiale loin des mythes répandus. La leçon est valable, y compris pour l'Algérie. Une vision idyllique de l'économie mondiale Depuis de nombreuses années, le «débat» économique national est dédié pratiquement sans réserve à la cause de l'insertion internationale de l'économie algérienne et son corollaire fatal, l'obligation «impérieuse» d'adaptation des institutions, des structures, des mécanismes, des ressources humaines et bien entendu, des choix nationaux. Maître-mot, désormais, de tout lexique économique dans notre pays, le climat du «doing business» est donc devenu le sésame qui va nous ouvrir les perspectives de la croissance et du bien-être. Le point aveugle des approches de nos économistes est l'ordre économique mondial considéré de fait comme un donné auquel il faut s'adapter «au mieux de nos avantages et de nos intérêts». Dans cette vision idyllique de l'économie mondiale guidée par des «règles universelles», les échanges seraient, pour l'essentiel, affaire d'avantages comparatifs, de croissance et de développement, le dollar est un «signe impartial et international des échanges» ; ONU, FMI, Banque mondiale, GATT, OMC, etc. sont des institutions internationales de régulation créées «pour éviter que les conflits ne dérapent», etc. Bref, tout l'enjeu se situe dans la capacité à améliorer sa productivité, à développer de nouvelles richesses. Comment prétendre prendre part, de surcroît dans une perspective optimiste de «gagnant-gagnant», à un jeu (économique mondial), dont non seulement les règles de fonctionnement nous échappent mais qui, de plus, obéit structurellement à une commande centrale radicalement hors de notre portée ? «Les fantassins dans un régiment ne sont pas nécessairement conscients du sens des mouvements de celui-ci.» Peut-on encore parler aujourd'hui de libre jeu des lois du marché, de règles universelles de l'économie ? Existe-t-il aux Etats-Unis un marché financier libre quand le marché est manipulé par les injections massives de monnaie opérées par la Réserve fédérale, par le Fonds de stabilisation de la Bourse, par les grandes banques privées, quand les prix de l'or comme du pétrole sont artificiellement poussées à la baisse, quand le dollar est un moyen de crédit sans remboursement pour les Etats-Unis et une arme de guerre financière puissante et redoutable au travers des sanctions, l'OMC : «une piscine infestée de requins»[11], etc. A quoi sert-il de négocier avec acharnement, dans le cadre de l'OMC, pour abaisser les droits de douane de 20% ou 30% sur tel ou tel produit quand la chute de 50% du dollar en peu d'années annule ces progrès ? On va vendre des produits allégés du poids des droits de douane mais qui rapportent moins parce que leur prix en dollar a baissé[12]. De quel libre-échange est-il possible encore de parler dans un marché global très concentré, où 80% du commerce mondial est aux mains des transnationales qui sont dirigées par des états-majors qui planifient sur la base de prix artificiels internes ? Peut-on souscrire à une mondialisation qui serait peuplée que de «plus ou moins égaux» quand on constate comment les Etats-Unis et leurs alliés occidentaux projettent la constitution de vastes zones d'échangées euratlantique (TAFTA) et transpacifique (TIPC) totalement déréglementées et livrées aux transnationales ? Zones conçues pour le confinement de la Russie et de la Chine et qui promettent de déshabiller les Etats de toute souveraineté économique Force est de le constater, autant la thématique des conditions à réunir pour une «insertion réussie» — attractivité, avantages comparatifs, changements institutionnels etc. — et des efforts et dispositifs à déployer dans ce but est abondamment documentée, autant celle qui permettrait de comprendre et d'éclairer la réalité à laquelle nous sommes invités à nous intégrer et ce qu'elle implique de nouveaux mécanismes de dépendance et de domination s'éclipse totalement derrière le formulaire gestionnaire réducteur des «défis et opportunités». Une vision qui fait l'impasse sur l'analyse des sources essentielles des mécanismes de blocage du passage à une économie productive, à la diversification du PIB et de nos échanges internationaux. En un mot, des mécanismes qui nous condamnent au rôle de sous-périphérie plombée dans le sur-place. Il est plus qu'important de veiller à ce qui se trame au niveau international. Nombre de problèmes majeurs que connaît et que connaîtra l'Algérie prendront leurs sources dans la restructuration violente du capitalisme dominant et les menaces potentielles qu'elle comporte. Il importe d'être à l'écoute des mouvements de fond et des inflexions majeures qui reconfigurent l'ordre mondial et qui interpellent l'Algérie en termes de formulation de paradigmes du développement national, nouveaux et en phase avec les grandes recompositions en cours et à venir. Il s'agit d'explorer le champ des possibles qui s'ouvre pour l'Algérie, du point de vue indissociable de sa perspective historique de développement national et de ses marges de manœuvre. Quelles opportunités, en effet, la dynamique économique de permutation d'hégémonie à l'échelle mondiale qui se met en mouvement offre-t-elle de s'émanciper des rapports de puissance porteurs de logiques systémiques de dépendance et de sous-développement ? Plus qu'un choix, c'est un impératif, car nous n'avons pas d'autre alternative que celle de notre indépendance nationale. A. R. 1. Qiao Liang et Wang Xiangsui écrivent : «Un seul krach boursier provoqué par l'homme, une seule invasion par un virus informatique, une simple rumeur ou un simple scandale provoquant une fluctuation du taux de change du pays ennemi(...), toutes ces actions peuvent être rangées dans la catégorie des armements de conception nouvelle.» Les manœuvres commerciales américaines sont dénoncées par les Chinois comme de véritables armes de guerre, l'exemple le plus direct étant l'embargo meurtrier mené, dans le silence des opinions, contre l'Irak. (La guerre hors limites, éditions RivagesParis 2003). 2. L'économiste Jaques Sapir décrit, dans son blog Russ Europe, les ressources dont dispose la Russie (et qui font cruellement défaut aujourd'hui au camp occidental, ajoute-t-il avec pertinence) : des réserves de change solides à la Banque centrale russe : 420 milliards, soit un ratio de 12,5% (contre 1,26% à la Fed US) ; un stock d'or conséquent pour soutenir la monnaie nationale : 6% de la masse monétaire russe (contre... 0% à la Fed) ; une dette publique très faible : 9% du PIB, soit en proportion dix fois moins que la France. 3. Ex-premier ministre de l'URSS durant la deuxième moitié des années 80, Nicolas Ryjkov raconte que Margareth Thatcher a même fait à Gorbatchev l'insigne honneur de le recevoir dans sa résidence personnelle, alors qu‘il n'était pas encore président de l'Union soviétique, tout en n'omettant pas de lui faire remarquer que c'était là un privilège réservé exclusivement aux personnalités de très haut rang. (Entretien accordé à la chaîne satellitaire russe, diffusant en langue arabe, Russia el youm, en février 2010). 4. (http://socio13.wordpress.com/2008/10/12la-crise-financière-russe. 5. Grigory Yavlinski a participé à l'élaboration du programme des réformes économiques, dit «500 jours», présenté à Boris Eltsine et censé faire passer la Russie à l'économie capitaliste en 500 jours. Fondateur du parti libéral Yabloko, Grigory Yavlinski a été candidat aux élections présidentielles russes de 1996 et 2000. 6. Idem. 7. L'expression est de Jean-Baptiste Jacquin, journaliste au quotidien Le Monde ; cf. http:// ecobusiness. blog.lemonde.fr/2014/05/30/amende-record-contre-bnp-paribas-limperialisme-du-dollar/ 8. https://www.upr.fr/actualite/monde/quelques-reflexions-sur-la-crise-du-rouble-par-vincent-brousseau 9. Cf. Le Monde du 31 mars 2009 10. http : //www.armées.com/Le-dollar-dans-les-contrats-pétroliers 11. La formule est de l'oligarque russe Oleg Demanski, magnat de l'aluminium