Ghardaïa s'embrase avec le retour des violences dans la région, depuis vendredi. Le décès de trois citoyens mozabites asphyxiés par gaz lacrymogène n'a pas laissé certains partis politiques insensibles. Hormis le FFS qui estime que condamner la démarche des autorités publiques dans la gestion du conflit local ne change rien dans le fond, le RCD, Jil Jadid et Ennahda s'en offusquent. Sur la question des manifestations à In Salah et plusieurs autres régions du Sud, contre l'exploitation du gaz de schiste, en dehors du FFS, les autres partis politiques contactés affichent leur solidarité et saluent le degré de conscience citoyenne chez ces populations. Pour eux, la rue a imposé un débat que le Parlement algérien n'a pas pu tenir lors du vote de la loi permettant l'exploitation du gaz non-conventionnel. Mehdi Mehenni RCD : «C'est la conséquence d'une politique d'un pouvoir hors du temps» «Trois nouvelles victimes viennent s'ajouter à la liste macabre ouverte depuis plus d'une année à Ghardaïa. Elles ont perdu la vie à la suite de l'intervention musclée de la gendarmerie dans un quartier mozabite de la ville. L'interdiction aux secours d'accéder rapidement sur les lieux a eu raison de ces septuagénaires décédés par asphyxie à cause de l'arrosage en règle de ce quartier par des gaz lacrymogènes. Le RCD présente ses condoléances aux familles des victimes et condamne cette énième atteinte à la vie humaine. Le recours récurrent à l'utilisation de la force publique dans le traitement des conflits sociaux dénote l'incapacité du gouvernement à trouver des solutions aux problèmes des citoyens. La mobilisation et la contestation des populations du sud sont d'abord le résultat des promesses non tenues et des conditions de vie loin de la norme nationale. C'est la conséquence d'une politique d'un pouvoir hors du temps et piégé par une logique clanique qui dénie la souveraineté à son peuple. A Ghardaïa, In Salah, Tamanrasset, Ouargla, les populations souffrent de la marginalisation et de l'exclusion. L'indifférence officiellement affichée sur les meurtres de citoyens algériens contraste avec la décision du gouvernement d'envoyer un représentant pour parader dans les rues de Paris pour s'associer à la dénonciation des attentats terroristes barbares qui ont endeuillé le peuple français. Le RCD constate qu'à ce jour, aucune suite judiciaire n'a été donnée aux meurtres commis sur des citoyens algériens durant les nombreuses manifestations de rue qui continuent de secouer différentes localités du pays. Il dénonce cette banalisation du crime dans notre pays.» Mohamed DouIbi, SG de Nahda : «Ce sont les conséquences de la mauvaise gouvernance» «Le Sud représente le cœur stratégique de l'Algérie. Les autorités publiques doivent absolument agir pour venir à bout des problèmes qui pullulent dans la région. Pour Ghardaïa, nous appelons au dialogue et au calme plutôt que l'usage de la force. Ne pas recourir à la force ne veut pas dire aussi ne pas assurer la sécurité des biens et des citoyens. Il faut comprendre que le problème est politique et non pas sécuritaire. Ce qui se passe à Ghardaïa est la conséquence de la mauvaise gouvernance. Quant aux manifestations à In Salah et autres régions du sud, contre l'exploitation du gaz de schiste, nous payons la facture de l'absence de débat au Parlement, au moment où la loi autorisant le recours au gaz non-conventionnel a été votée, ou plutôt imposée. A défaut d'un Parlement capable de discuter la possibilité d'une telle exploitation et ses conséquences positives ou négatives sur l'environnement, c'est la rue qui s'occupe aujourd'hui, du dossier. En clair, le citoyen a échangé le Parlement pour la rue.» Sofiane Djilali, président de Jil Jadid : «Nous sommes affectés par l'insouciance des pouvoirs publics» «Nous sommes affectés par le décès des trois citoyens de Ghardaïa, et aussi par l'apparente insouciance des pouvoirs publics. En dehors des services de sécurité présents sur place et qui font ce qu'ils peuvent, les politiques ont déserté les lieux. Le Président de la République ne se soucie que de sa santé et le gouvernement ne s'occupe que de l'exploitation du gaz de schiste. Il est tout de même étonnant que le pouvoir mette l'exploitation des richesses du pays avant l'intérêt des populations. Encore une fois, je salue nos concitoyens du sud pour leur conscience citoyenne. Ils défendent l'Algérie, et je suis solidaire avec eux.» Premier secrétaire du FFS, Mohamed Nebbou : «Condamner ne change rien dans le fond» «Les violences à Ghardaïa remontent à plus d'une année et nous avons demandé, à cette époque, la constitution d'une commission parlementaire pour enquêter sur place. Pour le décès des trois citoyens, nous préférons d'abord s'informer auprès de nos cadres locaux et voir de plus près ce qui s'est passé réellement. C'est bien beau de condamner la violence, la corruption et bien d'autres fléaux mais cela ne change rien dans le fond. C'est pour cette raison que nous proposons encore une fois le dialogue, à travers la démarche de consensus national que le FFS a engagée.»