Le divorce est visiblement définitivement consommé entre le premier responsable de l'administration de Béjaïa, Hamou Ahmed Touhami, et le FFS qui a organisé un important rassemblement de ses élus avant-hier dans la matinée devant le siège de la wilaya pour exiger une commission d'enquête sur «la gestion douteuse du wali depuis son installation en 2010». Une foule nombreuse a participé à la manifestation de rue initiée par la fédération de Béjaïa du plus vieux parti d'opposition algérien en signe de protestation contre le retard criant qu'accuse cette région de la Basse Kabylie en matière de développement et exiger par la même occasion un plan spécial pour le développement de la wilaya. Outre les maires des différentes municipalités gérées par le parti, plusieurs élus municipaux et de wilaya ainsi que le P/APW, les députés et sénateurs du parti de Béjaïa étaient présents au regroupement devant le siège de la wilaya. Lors d'une prise de parole improvisée en marge du rassemblement, les différents intervenants n'ont pas manqué de tirer à boulets rouges sur le wali. Tout en dénonçant «le bradage du foncier sous couvert du Calpiref et les attributions tous azimuts d'autorisations de débits de boissons alcoolisées», les députés de Béjaïa, Chafaâ Bouaïche, Rachid Chabati et Yahia Bouklal également fédéral du parti , le sénateur Meziani et le P/APW Mohamed Bettache ont exigé le lancement effectif de tous les projets structurants inscrits à l'indicatif de la wilaya tels le CHU, le complexe pétrochimique et les zones industrielles ainsi qu'une répartition juste et équitable des PCD entre toutes les communes d'Algérie. Yahia Bouklal, député et fédéral du parti à Béjaïa n'y est pas allé de main morte pour fustiger et accuser ouvertement le wali. «La venue du wali a fait que notre wilaya est à la traîne du développement et a atteint un degré de précarité terrible depuis plus de 4 ans (..). Le wali a transformé la région en un foyer d'anarchie et de tension» a martelé en substance le député et fédéral du FFS dans son intervention. Et de lancer dans la foulée un autre véritable pavé dans la mare. Le même député, qui révèle que son parti «est en possession de dossiers sur la gestion douteuse du wali comme celui du Calpiref», a fait savoir tout en appelant «la police à faire son travail» que son parti «choisira le moment opportun pour saisir la justice». Le maire d'El Kseur, Aberkane, dira à son tour : «L'administration a mobilisé ses relais locaux pour me pousser à la démission parce que je me suis opposé à l'attribution de terrains, il y a une dizaine d'élus qui manipulent des citoyens et employés contre moi pour me détruire bien que la justice ait refusé les décisions d'attributions». Dans son intervention, en réponse à la polémique avec son opposition à l'assemblée, le président de l'APW a tenu à souligner qu'il n'a «aucun problème avec les autres élus» de son assemblée privée de prérogatives alors que tous les pouvoirs sont entre les mains de l'administration dans la gestion de la wilaya. «Nous tenons à prendre à témoin la population de Béjaïa sur les risques d'une fitna que veut créer un commanditaire en usant de moyens et manœuvres machiavéliques pour diviser notre population et ce, en faisant appel à des individus sans états d'âme et sans conscience et les présentant comme formant la société civile», affirme Mohamed Bettache dans son intervention, tout en s'interrogeant «à quels jeux ce responsable joue-t-il» allusion faite au wali.