Le passage du Premier ministre à la Télévision nationale n'a pas convaincu à In Salah. Les manifestations contre l'exploration du gaz de schiste se sont poursuivies pour leur 23e jour, hier vendredi. «Les propos de Sellal n'engagent que sa personne. La population attend toujours la réponse du président de la République», souligne le sénateur RND, Abbas Bouamama. La population d'In Salah a poursuivi sa protestation au lendemain de l'intervention du Premier ministre à la Télévision nationale, dans l'émission «Débat de l'heure», mercredi soir. Jeudi, les manifestants ont investi la rue. Hier vendredi, des populations de localités limitrophes se sont jointes au grand rassemblement prévu dans la ville, après la prière hebdomadaire. «Des autobus arrivent d'Adrar et de Tamanrasset. Beaucoup de citoyens de régions voisines viennent se solidariser avec les gens d'In Salah. Le nombre des manifestants dépasse les 8 000 personnes», affirme Abbas Bouamama. Interrogé pourquoi les propos de Abdelmalek Sellal n'ont pas convaincu, le sénateur RND, issu de la région, livre son avis : «La logique veut que le gouvernement arrête l'exploration du gaz de schiste et ouvre le débat avec la population. Sellal essaye de calmer les esprits en soutenant que l'Algérie n'est pas encore au stade de l'exploitation du gaz de schiste. Mais il doit comprendre que c'est justement l'exploration qui fait le plus peur aux habitants de la région. Aussi, le Premier ministre a parlé du puits d'Aânath, situé à environ 170 km de la ville. Or, la population redoute celui de Tdikelt, qui se trouve à seulement 25 km du chef-lieu de daïra. Reste à savoir si le gouvernement n'a pas compris réellement les inquiétudes de la population ou s'il fait semblant. Sellal nous a, d'ailleurs, donné cette impression.» Selon toujours Abbas Bouamama, l'autre raison de la poursuite de la protestation, malgré les efforts du Premier ministre, est à chercher dans la crise de confiance entre gouvernants et gouvernés. «Le gouvernement a perdu toute crédibilité au Sud. Sellal a perdu toute confiance pour avoir formulé de fausses promesses pendant trois ans. Les gens ne le croient plus. Les propos, qu'il a d'ailleurs tenus à la Télévision, n'engagent que lui-même. La population attend toujours la réponse du président de la République, après avoir fait état de ses préoccupations à l'émissaire Abdelghani Hamel (Dg de la Sûrêté nationale ndlr)», explique-t-il.