Par Arris Touffan A voir la polémique entre Louisa Hanoune et ses adversaires sur le gaz de schiste, on comprend ce qu'est une guéguerre politicienne. La pasionaria trotskyste soupçonne ceux qui manifestent contre de n'en avoir, au fond, rien à cirer de l'environnement et de sa sauvegarde. Elle, si ! Ils auraient seulement l'intention – attention, danger ! – de «défaire l'Etat» ! Textuel ! L'argument est léger, vu qu'un Etat aussi lourd que le nôtre, qui résiste depuis plus de cinquante ans à toutes sortes de séismes et même d'auto-séismes, si je puis oser cette catégorie, ne va pas être « défait » par quelques manifestants soumis à la badine. Mais le plus risiblement dramatique, c'est qu'on se jette, comme jadis autour du projet de dénationalisation des hydrocarbures qu'on a failli réussir sans Chavez, des soupçons d'antinationalisme, pire d'antipatriotisme. Il y a quelques années, un perroquet balançant sur son perchoir avait avancé le paradoxe comme valeur patriotique : voter pour déposséder le pays de ses richesses naturelles équivalait à un engagement comparable à celui du 1er Novembre. Aujourd'hui, manifester contre le gaz de schiste, c'est être un antipatriote, un égaré qui ne songe pas aux intérêts du pays, etc. L'actualité nous montre pourtant qu'il est imprudent d'en rester au stade de la caricature !