Par Kader Bakou Ici, on noie les Algériens est un film documentaire réalisé par Yasmine Adi et projeté en 2011, en avant-première, à la salle El-Mouggar, à Alger, en présence de la réalisatrice franco-algérienne. Le long-métrage retrace les évènements du 17 Octobre 1961, lorsque des Algériens ont manifesté dans les rues de Paris à l'appel du Front de libération nationale (FLN) contre le couvre-feu qui leur avait été imposé. La manifestation est pacifique, mais les participants à la marche vont subir une féroce répression qui se soldera pas des milliers d'arrestations et un grand nombre de morts et de blessés, dont certains ont été jetés dans les eaux glaciales de la Seine. En solidarité avec les Algériens, des jeunes Français ont écrit à la peinture sur les bords de la Seine : «ici, on noie les Algériens.» Le documentaire de Yasmine Adi est un mélange d'archives souvent inédites de séquences vidéo, de photos et de témoignages de personnes présentes à l'époque des faits. La réalisatrice montre aussi les réactions et les commentaires des médias officiels français sur cet événement. Le commentaire de la télévision insiste sur le fait que la manifestation avait commencé à l'heure où les Parisiens sortent le soir pour aller au cinéma. Le but de toute propagande, surtout en temps de guerre, est de «charger» au maximum l'adversaire ou l'ennemi. Ainsi, selon la propagande française, le «crime» du FLN est plus grand, car il avait gâché la soirée des Parisiens en les empêchant d'aller au cinéma. Si la propagande française a utilisé cet argument, c'est parce que la culture et les loisirs (dont les sorties cinéma) jouent un grand rôle dans la vie des Parisiens et des Français. Il y a quelques jours, des Français voulait voir le film L'Oranais à l'affiche dans une salle algéroise. A 18h, le rideau de la salle était à demi-baissé. C'était «la fin de travail». Ces Français, qui se croyaient peut-être à Paris, sont repartis sans voir le film de Lyes Salem. Dire que jadis, à Alger, les séances soirées dans les salles de cinéma commençaient à 21h ! K. B.