Sous le thème «La poésie, un éloge pour l'être humain», l'association culturelle Safia-Ketou de Aïn-Séfra a organisé à l'occasion du 26e anniversaire de la disparition tragique de Safia Ketou une journée commémorative sur cette personnalité, journaliste et romancière. Ainsi, un programme très riche a été concocté par l'association, où plusieurs poètes de différentes régions du pays ont pris part à cette manifestation, notamment le D. Khelifi Bachir de l'université de Mascara, le D. Tahraoui Yassine de Tlemcen (Pr au centre universitaire de Naâma), les poètes Mohamed Abbès et Djillali Bénaguida d'El-Bayadh, ainsi que des écrivains et poètes locaux, à l'exemple de Abdelkader M'Séguem, Abdelkader Grari, Abdelkader Difallah et Toufik Benkacimi. L'occasion a été aussi de récompenser les meilleures poésies et nouvelles organisées par l'association uniquement pour les jeunes écrivains et poètes, où trois prix ont été décernés aux lauréats : le premier prix a été arraché par le jeune poète Difalah Cheikh, le deuxième par la jeune Bouadi Zoulikha et le troisième prix par le jeune Mérine. Née le 15 novembre 1944, Safia Ketou, alias Zohra Rabhi, poétesse et romancière, journaliste et écrivaine, nous a quittés tragiquement le 29 janvier 1989. Après qu'elle a enseigné de 1962 à 1969 à Aïn-Sefra, Safia s'est rendue à Alger, et occupa un poste au ministère de l'Enseignement supérieur. A partir de 1973, elle opta pour une autre carrière : critique d'art et journalisme et fit ses premiers pas à l'APS (Algérie Presse Service). Elle est l'auteure de plusieurs œuvres entre autres, Amie Cithare (1979) et La planète mauve (1983) éditées par les éditions Naaman (Canada), et d'une pièce théâtrale tournée à l'époque à la RTA intitulée Asma. Elle était membre de l'Union des écrivains algériens. Safia Kettou a chanté l'enfant et la nature, la tendresse et les arts. Elle a célébré la paix, la liberté, la mère et la terre. Elle a dénoncé la misère, l'injustice, l'exploitation et le racisme. Elle a composé pour les cinq continents parce qu'elle espérait qu'un jour la guerre disparaîtra, que la justice sociale sera un fait concret et que la fraternité aura le dernier mot. Dans son recueil de poésie Amie-Cithare, Safia se fait tout à la fois interprète et sœur par la plume et par la pensée de ces peuples, qu'ils soient chilien, palestinien, libanais ou autres, que l'oppression et l'injustice sont maintenues dans une condition de sous-humanité. Tortures physiques et morales des prisonniers ; angoisses éprouvées dans les recoins les plus repoussants des bidonvilles ; fierté de la mère du martyr ; cris agonisants arrachés par le napalm et les bombes incendiaires sont autant de souffrances présentés par l'auteure. Un autre recueil, La planète mauve et autres nouvelles, présenté par l'éditeur comme le premier écrivain algérien à avoir écrit des récits de science-fiction. L'ensemble des nouvelles est conçu comme une structure ambivalente : le vécu et le fantastique tels Symphotérapie ; la lune en flamme ; Vika : reporter spatial ou encore la femme abstraite. Dans ces deux parties, c'est la lutte éternelle entre le bien et le mal ; le passé et le présent ; la beauté et la laideur. Elle repose éternellement au côté de sa consoeur Isabelle Eberhardt au cimetière Sidi-Boudjemaâ de Aïn-Sefra ; et reste éternelle dans les cœurs des safraouis qui ont fait de Safia une association à caractère culturelle, défendant, protégeant et conservant le patrimoine de la région.