Entre la Côte d'Ivoire vainqueur à l'arraché et les violences en demi-finale qui ont fait 36 blessés, la CAN-2015, achevée dimanche, a été riche en sensations de toutes natures en Guinée équatoriale. TOPS Finalistes La Côte d'Ivoire a enfin décroché un second sacre (après 1992), aux tirs au but, après ses échecs en finale en 2006 et 2012. En l'absence de Drogba, le capitaine Yaya Touré, quadruple meilleur joueur africain en titre, est récompensé. La finale fut pauvre pendant 120 minutes mais la loterie fatidique d'un spectacle incroyable. Le Ghana des frères Ayew, très régulier au haut niveau, fait également un beau finaliste. Surprises La Guinée équatoriale (118e au classement Fifa), pour sa deuxième participation seulement et avec des joueurs modestes, a atteint la demi-finale, une performance inespérée du Nzalang Nacional d'Estéban Becker. Les deux Congo ont aussi troublé la hiérarchie : la RDC de Florent Ibenge s'est classée 3e, grâce notamment à son gardien de 39 ans Kidiaba, et le Congo-Brazzaville de Claude Le Roy (8e CAN personnelle, record) a été la meilleure équipe des poules avec 7 points. Spectacle La première phase et les matchs à élimination directe ont fourni des sensations opposées. Le premier tour a connu de nombreuses rencontres décidées ou retournées dans les dernières minutes, et aucun qualifié ni éliminé au bout de deux journées. Revers de la médaille, une moyenne de buts famélique (1,9). A l'inverse, les quarts et demi-finales ont produit plus de buts (3,8 de moyenne) mais dans l'ensemble moins de suspense. Jusqu'aux tirs au but de la finale... Joueurs Le Ghanéen André Ayew a répondu présent, meilleur buteur ex-æquo avec 3 réalisations (avec Akaichi, Balboa, Bifouma et Mbokani) mais avec plus de passes décisives. Son coéquipier Atsu, élément le plus en vue de la finale, a été élu meilleur joueur du tournoi. Les Ivoiriens ont brillé à tour de rôle, avec les Gradel, Bony et Gervinho. Leur gardien remplaçant Barry a été décisif en finale. Chez les révélations, il y a eu le capitaine de la Guinée Ibrahima Traoré, le gardien équato-guinéen Ovono (qui n'évoluera sans doute plus longtemps dans son championnat domestique) et celui de la Côte d'Ivoire, Gbohouo. Mention spéciale également pour les deux jeunes défenseurs centraux ivoiriens, Bailly et Kanon. FLOPS Violences Cette CAN, organisée à la hâte après la défection du Maroc en novembre, a dans l'ensemble fonctionné, hormis quelques tracas logistiques ou hôteliers pour certaines équipes. Mais les violents incidents de la demi-finale de jeudi à Malabo (Ghana-Guinée équatoriale, 3-0), interrompue en fin de partie pendant une demi-heure, avec hélicoptère et gaz lacrymogènes, ont fait 36 blessés et largement terni l'image du tournoi. Mais la Guinée équatoriale s'en est bien sortie, avec des sanctions clémentes (amende et match à huis clos avec sursis). Polémique Lors du quart Guinée équatoriale-Tunisie (2-1 a.p.), l'équipe locale a obtenu un penalty très litigieux lui permettant d'égaliser in extremis. L'arbitre mauricien Rajindraparsad Seechurn, qui a dû être escorté au vestiaire sous la menace des joueurs tunisiens, a été suspendu six mois par la CAF pour sa «très faible performance». Furieuse contre ce penalty, la Fédération tunisienne a accusé de partialité la CAF, qui l'a sommée de s'excuser sous peine d'exclusion de la CAN-2017. Déceptions Sur un plan sportif, l'Algérie de Christian Gourcuff, grande favorite du tournoi, a raté son tournoi en étant éliminée dès les quarts, fût-ce par le vainqueur final. Le Sénégal d'Alain Giresse et le Cameroun de Volker Finke ont eux été sortis dès le premier tour (certes au sein des deux «groupes de la mort»). Tout comme le Burkina Faso, vice-champion d'Afrique en titre, reparti en n'ayant inscrit qu'un but et un point. Aubameyang, perçu comme un successeur possible aux grands Drogba et Eto'o, n'a marqué qu'un but et a échoué à hisser le Gabon en quart. Sort Plus loin du terrain s'est tenu le tirage au sort rocambolesque entre le Mali et la Guinée (qualifiée), à égalité parfaite. Prévu par le règlement, il a néanmoins été déploré par les acteurs du football. La CAF avait retiré le critère du fair-play (comptage des cartons) qui figurait au règlement des précédentes CAN.