«Nous sommes contre la privatisation anarchique», déclarait hier le président du Forum des chefs d'entreprises (FCE), Ali Haddad, qui venait d'être reçu par le ministre de la Jeunesse, Abdelkader Khomri. Réfutant toute propension à la prédation, évoquée ici et là, et rétorquant à «ceux qui râlent», Ali Haddad affirmera que le FCE «n'a jamais évoqué la privatisation du secteur public». Il s'agit plutôt, considère le patron du groupe privé ETRHB, de stimuler la complémentarité entre les deux secteurs. «Le secteur public et le secteur privé peuvent travailler ensemble», «se compléter» en termes de transfert d'expertise et de savoir-faire, relève Ali Haddad. «Je suis contre la privatisation», dira-t-il en évoquant clairement le processus enclenché en 2004. Mais il appellera à «mettre les instruments» pour que le secteur privé prenne des participations dans le secteur public et réciproquement, à charge cependant que «chacun (des deux secteurs) travaille de manière intelligente», relève Ali Haddad. Le président du FCE exprimera également son soutien à la règle 49/51 (régissant l'investissement étranger). Cette règle «doit être élargie aux marchés de gros», observe Haddad qui considère qu'il y a des secteurs où l'investissement étranger est possible «mais pas au détriment des Algériens». Comme le patron du FCE entend défendre «le cadre algérien», en appelant à la dépénalisation de l'acte de gestion. Auparavant, Ali Haddad avait indiqué que sa rencontre avec le ministre de la Jeunesse s'inscrit dans le cadre de la démarche impulsée par le FCE envers les jeunes, cette importante frange de la société. Ainsi, il exprimera le souci de valoriser ce «réservoir», cet «acquis», de «réfléchir à l'encadrement», l'insertion professionnelle et économique des élèves et des étudiants. En ce sens, l'organisation patronale qui a mis en place une commission sectorielle consacrée à la problématique de la jeunesse, a également impulsé la création d'incubateurs. Conçus comme des lieux de créativité et d'entrepreneuriat, quatre incubateurs d'entreprises sont déjà lancés en collaboration avec des espaces similaires de Californie, Japon, France et Singapour, indiquera ultérieurement le président du Forum. Une volonté de stimuler l'entrepreneuriat que le ministre de la Jeunesse, Abdelkader Khomri, avait également exprimée. Indiquant que sa rencontre avec le FCE a été l'occasion d'aborder la situation et les perspectives de l'économie nationale, le rôle du secteur public et du secteur privé et la complémentarité existante entre eux ainsi que les problématiques de la jeunesse, Abdelkader Khomri considèrera, réitératif, que l'après-pétrole est «dans le tourisme, les services et l'agriculture» et dans le développement de l'entrepreneuriat juvénile et la création de richesses et d'emplois. En ce sens, le ministre prônera la «coopération» notamment avec le FCE, en termes de «transfert d'expertise», d'«accompagnement» des jeunes entrepreneurs. Evoquant une réflexion en ce sens, Abdelkader Khomri n'écarte pas la possibilité de revoir, redimensionner les dispositifs de soutien à l'emploi des jeunes et de création d'entreprises en vue de booster l'activité industrielle et agricole. A ce sujet, le ministre de la Jeunesse sollicite l'expertise des opérateurs du FCE pour la création d'«agropoles», des «espaces intégrés» où se regrouperaient les divers acteurs et intervenants de la chaîne agricole (production, conditionnement...). Notons que lors de la rencontre avec le FCE, Abdelkader Khomri annoncera l'installation, aujourd'hui, du comité de suivi de recommandations de la conférence nationale sur la jeunesse, tenue en novembre dernier. C. B. Le projet du complexe des loisirs est seulement reporté Le projet de création d'un grand complexe de divertissements et de loisirs pour les jeunes n'est pas remis en cause. Inscrit dans le cadre du plan d'action du gouvernement, ce projet est seulement reporté en raison de la situation économique actuelle. C'est ce que laissait entendre hier le ministre de la Jeunesse lors de sa rencontre avec le FCE, en assurant que l'option n'est pas totalement abandonnée.