S'il est empreint de sincérité, le discours de Nadia Labidi pèche inéluctablement par un accès de candeur occultant du désastre infligé à une cité murée pour la cause, pendant près de deux années, pour ses propres autochtones. La belle mariée habillée de haillons, pour reprendre l'expression d'un ex-wali, se parera de ses plus beaux atours alors que la métropole glanera des titres de noblesse à vau-l'eau par l'éclosion de plusieurs dizaines d'édifices voués à la culture, aux arts, à la mémoire et à l'âme de la ville. Que nenni ! A moins de deux mois de la date promise du 16 avril, les échafaudages barricadant la moitié des immeubles de la ville sont aussi figés que désertés par «les mains expertes» du sablage grotesque apparu çà et là. Les amas de gravats, décombres et ordures s'entassent chaque jour davantage le long des trottoirs et chaussées disputés indifféremment entre piétons et automobilistes. Une ville otage des apprentis entrepreneurs défiant toutes les règles de sécurité et d'entretien des espaces d'intervention et en l'absence quasi totale de suivi de la part des autorités compétentes. Par leur silence, ces dernières ne font qu'accréditer les ouï-dire de la vox-populi qui y décèle des procédés malsains dans l'octroi des marchés à des entreprises sans la moindre référence et une voracité avérée chez les uns et les autres. Un méli-mélo qui ne s'est pas astreint au rafistolage des façades de plus de 400 immeubles mais également à la réfection des trottoirs, à l'aménagement de quelques places publiques, à la réfection d'escaliers centenaires de pierres bleues sacrifiées pour du composite et au pavage de l'ex-rue de France qui risque de découler sur une véritable catastrophe de l'avis des spécialistes eu égard à la qualité des travaux qui ont présidé à cette opération. Autant de chantiers en cours, que l'on escamotera au fur et mesure que l'échéance approche après que l'on ait fait le deuil sur la livraison présumée de pas moins de 80 projets. Depuis plus de deux années, l'on aura ressassé et rassuré que la majorité de ces projets sera réceptionnée à temps prenant à partie le «défaitisme» de ceux qui doutent. Mensonge ! Des conseils interministériels ont été consacrés à l'évènement et aux préparatifs y afférents, des «descentes» ministérielles massives s'y ont penché, des rencontres publiques et intra-muros se sont organisées pour un seul mot d'ordre : préparer la mariée pour sa nuit de noce. Le modus operandi n'étant certainement pas même entre Khalida Toumi et Nadia Labidi, le legs au 15 avril prochain portera lui une paternité commune. La ministre de la Culture qui était à Constantine jeudi a étonnamment fait part de son immense satisfaction quant à l'avancée enregistrée dans les préparatifs au moment où des retards considérables affectent tous les projets dont certains à l'arrêt et que le commissariat de la manifestation est frappé de déballages aux allures de scandale. Objet du satisfecit de Mme la ministre et du wali de Constantine résolu, lui, à revoir considérablement à la baisse les ambitions affichées sans cesse depuis plus de 24 mois, une prouesse chinoise qui n'est en fait qu'un respect des clauses contractuelles en termes de délai de livraison de la grande salle de spectacle de type Zénith et qui sera vraisemblablement prête le jour J. Aucune allusion n'a été accordée, a contrario, au chantier mitoyen, désertique qu'il était et qui devait abriter un pavillon des expositions dans le prolongement du «Zénith» et constituer avec celui-ci un ensemble architectural harmonieux. L'on priera par contre pour que les réhabilitations du palais de la culture Malek-Haddad et de la maison de la culture Mohamed-El-Aïd-El Khalifa... soient achevées avant la fin du mois prochain. Les salles de cinéma, musées, bibliothèques et autres requalification d'hôtels, chemin des touristes et jardins botaniques attendront. L'échec patent sur le plan infrastructurel consommé, en dépit des 6 000 milliards de centimes alloués aux différents projets, ce qui suggère une faillibilité de gestion et une incompétence avérée des responsables en charge des différents dossiers, l'on s'est hâté de se retourner vers le volet évènementiel de la manifestation qui a fait l'objet sous les auspices de Mme Nadia Labidi d'ateliers de travail qui ont rendu des recommandations sur les différentes thématiques concernées par la manifestation. Une initiative d'appoint au commissariat de la manifestation qui aura besoin des efforts conjugués de tous, a estimé la ministre de la Culture. Un soutien qui intervient à un moment où des déballages aux relents scandaleux sont ressentis par les principaux animateurs du commissariat suite à la démission et/ou limogeage de la chef de département communication qui avait ouvertement dénoncé «un clan de prédateurs, qui ont voulu confiner ma mission de chef de département, et porte-parole officiel de l'événement à un rôle de faire-valoir»... «Cette méthode de travail m'a valu une campagne orchestrée dont l'objectif est de me pousser à partir car j'ai touché aux intérêts directs de ce groupe qui a pris en otage le commissariat avec au départ un silence inexpliqué puis complice... puis un franc appui du commissaire de l'événement. Ce groupe formé à cette occasion est recruté sous forme.... de conseillers particuliers... dépêché d'Alger, (fils d'un haut cadre du ministère des Affaires étrangères) ou, recrutés directement à Constantine parmi ceux connus pour avoir trempé dans des affaires scabreuses dans le monde du spectacle, ou encore ceux qui à l'heure actuelle se trouvent sous enquête judiciaire pour escroquerie, qui pullulent les couloirs du siège et tournent autour du commissaire de l'événement ; ce dernier s'avère être totalement acquis à leur cause. Les relations se sont nettement dégradées depuis mon opposition à la dernière visite de «madame Dalila» (oui madame, encore une !), une ancienne militaire de l'armée royale marocaine, amie intime de l'épouse de Lakhdar Bentourki venue sur invitation du commissaire pour trois jours aux frais du commissariat (prise en charge à l'hôtel El Hocine), bien entendu en rabatteur, pour la célébration du 8 Mars, à la recherche d'un autre contrat à 5 millions de dinars (le premier contrat étant la fameuse duperie du village des enfants tenue la première semaine du mois de novembre). N'ayant trouvé aucune faille à mon programme, le commissaire, pour plaire à Bentourki via l'amie intime de son épouse, décide de fêter la femme durant... 3 jours. Que dire alors du milliard 400 millions de centimes de la «sulfureuse Safinez», à qui on a accordé le ok, ou du passage de la boîte privée badidou, à 1 milliard de centimes, ou des frasques et dérives morales au Novotel et dont toute la ville en parle». Des assertions rapidement démenties par le commissariat de la manifestation qui a qualifié d'étranges et dénuées de fondement ses accusations jugées de «basse vengeance du fait qu'elle a été plusieurs fois remise à l'ordre pour son manque de professionnalisme et sa défaillance totale en matière de communication».