Le projet de loi amendant et complétant le code pénal adopté avant-hier jeudi à l'APN aura eu le mérite d'engager un vrai débat de fond comme on en a rarement vu sur une question qui ne permettait aucunement de concession, synonyme de remise en cause de son obédience idéologique. M. Kebci - Alger (Le Soir) En effet, les quelques articles dudit projet de loi dédiés aux violences conjugales ont suffi aux parlementaires de sortir, enfin, de leurs tanières partisanes pour défendre, les uns, et pourfendre le texte, les autres. Le dilemme est que les deux camps, les islamistes et leurs adversaires, notamment du RND et du PT et à un degré moindre ceux du FLN et le ministre de la Justice et garde des Sceaux, ont eu à «butiner» sur le même «pâturage» pour appuyer leurs démarches diamétralement opposées. C'est que le sujet est sensible puisque lié au traitement des violences faites au femmes en général et aux épouses plus particulièrement. Ce qui a poussé les députés de l'Alliance de l'Algérie verte d'exiger le retrait dudit projet au motif qu'il va à «l'encontre des principes et de la culture de notre société» et qu'il participe beaucoup plus à la «dislocation de la cellule familiale». D'où leur boycott de cette séance d'approbation. Quant à leurs collègues du FJD que préside Abdallah Djaballah, ils ont été loin dans leur rejet du texte, mettant en cause tout simplement les femmes non voilées d'être à l'origine des violences et des harcèlements dont elles sont victimes que ce soit dans les lieux publics ou dans leurs lieux de travail, délits que ledit projet de loi prend en charge. Pour le parti de Abdallah Djaballah, criminaliser le harcèlement des femmes dans les lieux publics ne saurait suffire puisque, selon lui, «le non-port du voile et la nudité des femmes dans les lieux publics» devraient être prohibés. Comme la veille, le ministre de la Justice et garde des Sceaux ne s'est pas empêché de répliquer à ces «accusations», relevant, notamment, la détermination de l'Etat algérien à poursuivre les réformes engagées dans le secteur de la justice, et la nécessité de promulguer une loi pour protéger la femme, conformément à la stratégie adoptée par le gouvernement». Et à Tayeb Louh d'estimer que ledit projet de loi tant décrié tient compte des «volets culturel et cultuel propres à la société algérienne» pour «combler le vide juridique et mieux prendre en charge certains fléaux sociaux passés sous silence». Dont les harcèlements contre les femmes, dans le lieux publics notamment, qui «se soldent souvent par des meurtres», ajoutera-t-il. Pour lui, l'adoption de ce projet de loi n'obéit à aucun agenda étranger, l'Algérie étant «souveraine dans cette décision qui n'est pas dictée par des pressions internes ou externes». Autre pomme de discorde, celle-ci avec le Parti des travailleurs dont les députés, quoique présents à cette séance de vote, mais qui se sont abstenus. La pardon que ledit projet consacre dans certaines situations, synonyme de «voie grandement ouverte à l'impunité et à la culpabilisation de la femme qui refuse d'en faire usage», comme martèlera plus d'un député lors des débats. Ceci quoique ceux-ci estiment que ledit projet de loi constitue «un pas positif et progressiste».