Quoi de mieux indiqué pour défendre un projet que de puiser l'argumentaire dans le terroir même de ceux qui le pourfendent ? M. Kebci - Alger (Le Soir) C'est ce à quoi le ministre de la Justice et garde des Sceaux s'est attelé hier mercredi, en clouant au pilori les députés de l'Alliance de l'Algérie verte sur leur terrain de prédilection, l'islam. Ces derniers qui, estimant la veille que le projet de loi amendant et complétant le code pénal était une sorte de «stimulant» pour les femmes pour jeter en prison leurs époux et qu'il était contraire aux préceptes de l'slam, ont tout simplement revendiqué son «retrait». Une accusation de vouloir, à travers ce projet de loi, encourager «l'effritement et la dislocation de la famille» que Tayeb Louh qualifiera d'emblée de «très grave». «C'est quand même un ministre élu par le peuple trois mandats de suite et qui connaît la réalité qui est derrière ce projet», tonnera-t-il, avant d'asséner, tapant sur le pupitre à trois reprises : «A moins de vouloir triturer les blessures des Algériens qui ont payé fortement le prix durant les années 1990.» En quoi pénaliser le délit d'abandon de famille, ou la jouissance des biens de son épouse sans l'accord de cette dernière sont-ils étrangers à notre société ? Ne sont-ils pas des principes de l'islam, Monsieur Ghouini ?s'adressant au chef du groupe parlementaire de l'AAV. Le contraire constitue une valeur «occidentale», ajoutera Louh pour qui le pardon de l'épouse consacré dans certains articles de ce projet de loi, synonyme d'extinction de toute poursuite judiciaire sauf dans certains cas, est à même d'assurer un certain «équilibre» dans ledit projet de loi. Un aspect décrié par certains députés, ceux du PT notamment, qui y voient un «encouragement à l'impunité». «Nous avons beaucoup discuté à ce sujet et des conseillers du ministère ont recommandé sa suppression, mais j'ai insisté pour qu'il soit consacré en droite ligne d'un autre principe de l'islam pour sauvegarder la famille.» C'est aussi, enchaînera-t-il, un principe puisé dans la philosophie de la politique de la réconciliation nationale. Abordant le volet prévention que certains députés ont évoqué, le ministre de la Justice et garde des Sceaux répliquera qu'il s'agissait du code pénal qui ne pouvait, donc, agir qu'en aval de la prévention, prise en charge par d'autres secteurs. Ce projet de loi qui sera soumis au vote aujourd'hui apporte des nouveautés. Dont un article qui protège l'épouse des coups et des blessures volontaires, provoquant un état d'invalidité ou causant l'amputation, la perte d'un membre, une invalidité permanente ou la mort de la victime. Ou encore un autre qui criminalise toute forme d'agression, de violence verbale, psychologique ou maltraitance, notamment en cas de récidive et celui qui protège l'épouse de la violence économique consistant à la priver de ses biens et ressources financières.