Le serment d'allégeance de Boko Haram à l'Etat Islamique est un signe de faiblesse du groupe islamiste nigérian, qui «est en train d'être éliminé» par l'armée nigériane et les troupes des pays voisins, a affirmé Abuja, hier. Pour le porte-parole du gouvernement sur les questions de sécurité, Mike Omeri, il s'agit «d'un acte de désespoir, qui survient au moment où Boko Haram enregistre de lourdes pertes». Le chef de Boko Haram, Abubakar Shekau, a fait cette annonce samedi soir sur une bande son de huit minutes postée sur le compte Twitter du groupe. L'armée nigériane, aidée par le Cameroun, le Tchad et le Niger voisins, a réussi à reprendre un certain nombre de localités des mains des islamistes dans le nord-est du Nigeria à la fin du mois dernier. L'opération militaire régionale a pour but de stabiliser cette zone en vue des élections présidentielle et législatives nigérianes prévues le 28 mars, et déjà repoussées de six semaines à cause des violences islamistes. Selon M. Omeri, la campagne en cours a permis de «déloger Boko Haram de ses fiefs et d'endommager sa force de combat». «Boko Haram est en train d'être éliminé» a-t-il estimé dans un communiqu é: «aucun extrémiste étranger ne peut changer ce fait tant que l'armée nigériane continuera à recevoir la coopération et l'engagement de ses citoyens et de ses alliés». Le groupe islamiste s'était emparé de pans entiers de territoires dans le nord-est ces six derniers mois, et y avait proclamé la création de son «califat», menaçant l'intégrité territoriale du Nigeria et la sécurité des pays voisins. Pour les experts, ce serment d'allégeance est d'abord une opération de propagande qui pourrait évoluer plus tard vers une véritable coopération. «Il n'y aura pas d'Etat Islamique au Nigeria. Le seul Etat qui continuera à exister est la République fédérale du Nigeria», a affirmé M. Omeri. Les troupes tchadiennes et nigériennes ont annoncé lundi avoir repris la ville de Damasak, dans l'Etat de Borno (nord-est), qui était aux mains des islamistes depuis le mois de novembre. Selon une source sécuritaire tchadienne, quelque 200 combattants de Boko Haram ont été tués dans cette opération, qui avait commencée dimanche. Mais cette information n'a pas pu être vérifiée de source indépendante. Le colonel Sani Usman, porte-parole de l'armée nigériane, a affirmé de son côté que les islamistes avaient «vécu leur Waterloo» quand ils ont essayé d'attaquer la ville de Gombi, dans l'Etat d'Adamawa, lundi soir. «Un certain nombre» d'insurgés ont été tués dans des combats avec l'armée nigériane, a-t-il ajouté dans un communiqué paru hier, sans donner de bilan plus précis. Un soldat a été blessé, a-t-il ajouté. Des armes ont été interceptées, dont des missiles sol-air et des milliers de munitions, précise le communiqué. Les violences islamistes n'ont pas cessé pour autant : chassé de ses fiefs, Boko Haram a multiplié les attentats dans les grandes villes et les massacres dans les régions plus reculées ces dernières semaines. Au moins 58 personnes ont péri samedi dans trois attentats à la bombe à Maiduguri, la capitale de l'Etat de Borno.