De très lourdes peines ont été requises hier en fin d'après-midi par le procureur du tribunal criminel près la cour d'Alger à l'encontre des dix mis en cause dans l'affaire de l'ex-émir terroriste Abou Zeïd. Le verdict devrait intervenir tard dans la soirée de ce mardi. Abder Bettache Alger – (Le Soir) Plusieurs fois reporté, le procès des dix membres de la famille Abou Zeïd, dont un ex-émir, a eu lieu hier au niveau du tribunal criminel près la cour d'Alger. Les mis en cause, au nombre de douze, sont poursuivis pour les chefs d'inculpation de «financement et appartenance à un groupe terroriste international spécialisé dans l'enlèvement de touristes étrangers dans le Sud algérien». C'est dans une salle qui s'est avérée très exiguë que le procès s'est ouvert sous une haute surveillance policière. Cela dit, après une bataille de procédures à travers laquelle, la défense a tenté «d'évacuer certains chefs d'inculpation», le procès a débuté avec l'audition des mis en cause, qui dans leur majorité ont nié les accusations retenues contre eux. Des propos que l'accusation a rejetés en bloc, considérant que «les actes commis par les inculpés sont très graves et doivent être sévèrement punis par la loi». Un réquisitoire que la défense avait d'ailleurs qualifié de « très sévère». «Les actes commis par les accusés sont très graves car ils étaient les principaux financiers et fournisseurs en nourriture et en carburant des dangereux groupes terroristes qui sévissaient dans le Sud algérien», a martelé le représentant du ministère public. Ainsi, selon la même source citant l'arrêt de renvoi, les mis en cause sont poursuivis pour formation «d'un réseau de soutien» à un groupe terroriste international qui activait dans le désert algérien et les pays du Sahel, et avait pour objectif d'enlever des touristes étrangers, en vue de demander des rançons. Le dénommé Abou Zeïd, soit le chef de famille qui était l'émir de la région avait adopté, selon la même source, «une nouvelle stratégie consistant à recruter des contrebandiers (drogue, carburant et armes) activant dans cette région, du Sahara dans le but de les utiliser dans l'exécution de plans criminels». Outre le recrutement de nouveaux éléments pour renforcer le groupe, les prévenus fournissaient aux terroristes des denrées alimentaires, du carburant et des devises et utilisaient le trafic de drogue pour financer l'achat d'armes. On indique aussi que les mis en cause dans cette affaire avaient organisé un faux barrage dans le Sud pour voler des voitures de type 4x4 aux citoyens, en vue de les utiliser dans des attentats terroristes, dont l'attaque armée ayant visé des éléments de la Gendarmerie nationale à El Goléa en 2006. Les griefs avancés par le procureur général étaient selon lui suffisamment graves pour demander la peine maximale conformément au code pénal, soit des peines allant de dix à vingt années de prison ferme. Selon l'arrêt de renvoi, l'affaire remonte à 2010 lorsque les forces de sécurité avaient arrêté des membres d'une grande famille dans le sud-est du pays, recrutés par l'un de ses membres qui n'est autre que le terroriste Mohamed Ghadir alias Abdelhamid Abou Zeïd. Selon la même source, le terroriste Abou Zeïd avait pris pour base la ville de Khalil au Mali ainsi qu'une ville libyenne (près de la frontière algérienne) alors que les éléments de soutien logistique (les accusés) étaient basés dans les régions de Mahnoussa (El-Oued), Debdeb, Adrar, Touggourt, Hassi Messaoud, Illizi, Ouargla, In Aménas et Goléa. Après l'arrestation des éléments du groupe issu de la région de Mahnoussa, Abou Zeïd avait constitué un autre groupe dirigé par le dénommé Ghadir Omar Abderrahmane. Le groupe est également impliqué dans le trafic de drogue à travers les frontières est et ouest du pays au sein d'un groupe terroriste transfrontalier ayant pour mission de financer le terrorisme dans le Sud algérien. Concernant le deuxième frère d'Abou Zeïd, le dénommé Ghadir Omar Abdelkader (arrêté), il a reconnu durant l'enquête avoir approvisionné en 2001 les groupes d'Abou Zeïd, de Abderrezak El-Para et de Mokhtar Belmokhtar, en carburant et en vivres contre d'importantes sommes d'argent. Il a reconnu avoir rencontré son frère Abou Zeïd en 2003 en compagnie de Abderrezak El-Para et d'une trentaine de terroristes dans la région de Lafaâ à Ouargla pour lui remettre des quantités importantes de carburant et de vivres. Le fils de Abdelhamid Abou Zeïd, Ghadir Lakhdar, a reconnu, selon les procès-verbaux, être impliqué dans le trafic de drogue et avoir remis à maintes reprises d'importantes quantités à un individu de nationalité libyenne contre de l'argent, utilisé pour financer les opérations terroristes. Pour rappel, Abdelhamid Abou Zeïd a été abattu par les forces françaises et tchadiennes le 25 février 2013 au nord du Mali et sa mort a été officiellement confirmée en mars 2013.