Suite à la grève illimitée des étudiants de l'Ecole supérieure des beaux-arts d'Alger entamée le 15 mars dernier, le directeur Kamel Chaou, premier mis en cause, aurait été démis de ses fonctions selon la délégation du ministère de la Culture dépêchée mardi à l'école. La mauvaise gestion de cette école est mise à l'index par les étudiants grévistes qui réclamaient entre autres le départ du directeur dont ils dénoncent les abus de pouvoir. Le débrayage entamé le 15 mars dernier se poursuit actuellement au sein même de l'établissement, où les étudiants brandissent de larges banderoles illustrées de dessins, d'aquarelles et de slogans originaux. Une gestion chaotique, un retard inexplicable dans la transition vers le LMD, des conditions précaires d'hébergement et de restauration, conseils de discipline arbitraires, etc., sont dénoncés par les 300 étudiants qui se plaignent notamment des promesses non tenues du ministère de la Culture auquel ils ont soumis leurs revendications en 2012 et qui, pour éviter le débrayage, s'était engagé à résoudre ces différents problèmes dont souffre l'école. Les grévistes évoquent, par ailleurs, que l'école d'Alger ainsi que plusieurs autres écoles régionales sont régulièrement en grève depuis 2006 sans que leurs mouvements soient médiatisés. Durant toutes ces années, «des renvois abusifs» de plusieurs étudiants engagés dans la protestation se sont poursuivis sans que le ministère de tutelle, maintes fois interpellé, réagisse. Mardi, un émissaire du ministère de la Culture avait annoncé aux étudiants le départ de M. Kamel Chaou, directeur depuis trois ans, apprend-on auprès d'une étudiante gréviste qui souligne néanmoins que «pour l'instant, nous n'avons aucune preuve écrite du départ du directeur.» De plus, personne ne semble savoir s'il s'agit d'une démission ou d'un limogeage. Elle nous informe, par ailleurs, que malgré le début des vacances du printemps jeudi, les étudiants continueront à occuper l'enceinte de l'école jusqu'à obtenir un entretien avec la ministre de la Culture, Mme Nadia Labidi, pour discuter des autres revendications. Notre interlocutrice estime que le mouvement évolue de jour en jour malgré les difficultés logistiques liées à l'hébergement et la restauration : «Pour l'instant, l'ensemble des étudiants cotise pour se prendre en charge (couvertures, restauration, etc.) mais nous arrivons à la limite de nos ressources et espérons trouver un sponsor à qui l'on pourrait vendre nos travaux artistiques en vue de subvenir aux besoins des grévistes.» S'agissant de l'implication des professeurs, l'étudiante évoque «un soutien indirect de certains professeurs, notamment ceux de la nouvelle génération». Elle souligne que les enseignants «sont actuellement en phase de concertation afin de décider d'un soutien direct au mouvement».