Six cents projets d'aquaculture sont lancés ou envisagés à l'horizon 2019, pour un montant d'investissement estimé à 80 milliards de dinars (plus de 800 millions de dollars) et une production de 100 000 tonnes, pouvant ainsi contribuer à résorber le déficit en offre de poissons. Cherif Bennaceur - Alger (Le Soir) L'investissement dans l'aquaculture marine et d'eau douce est davantage boosté, ouvert, accompagné, facilité et consolidé. C'est ce que le ministre de la Pêche et des Ressources halieutiques, Sid-Ahmed Ferroukhi, a assuré hier à l'hôtel El Aurassi, à l'adresse d'opérateurs économiques déjà ou potentiellement impliqués dans ce domaine. Intervenant à l'occasion d'une journée d'information, le ministre de la Pêche a estimé que toutes les conditions sont réunies pour assurer le développement de l'aquaculture sur la période 2015-2019, de manière davantage efficiente que lors des quinze dernières années. Ainsi, les filières de l'aquaculture marine (cages flottantes, élevages de moules et huîtres, crevetticulture) et de l'aquaculture d'eau douce (cages flottantes au niveau des plans d'eau, pêche continentale et pisciculture intégrée à l'agriculture) ainsi que les zones d'activités aquacoles prioritaires (au nombre de 29) ont été identifiées. En matière d'accompagnement technique et pratique, un réseau de fermes aquacoles (pilotes), relevant du Centre national de recherche pour le développement de la pêche et de l'aquaculture (CNRDPA), a été déjà mis en place, outre le renforcement de la formation qualifiante, à la carte, et le transfert de savoir-faire et de connaissances opérationnelles. Mais ce sont surtout des facilitations administratives, techniques et économiques ainsi que des mesures incitatives qui sont mises en œuvre en vue d'accompagner le promoteur, même si ce dernier devra engager son projet marin sans attendre que tout le processus administratif et d'acquisition du foncier soit achevé. En ce sens, Sid-Ahmed Ferroukhi relèvera «l'accompagnement de bout en bout des opérateurs», l'implication des autorités locales et l'allègement et la décentralisation des procédures administratives en faveur des promoteurs, cinq circulaires ayant été élaborées en ce sens. En outre, les promoteurs disposeront d'une assurance économique multirisque couvrant la production aquacole, une convention ayant été signée hier entre la Société algérienne des assurances (SAA) et la Chambre algérienne de la pêche et de l'aquaculture (Capa). Outre des incitations fiscales et parafiscales et l'éligibilité aux dispositifs de soutien à l'emploi et la création d'entreprises (Ansej, Cnac et Anjem), les investisseurs bénéficieront de la bonification des taux d'intérêts pour les crédits d'exploitation et de la garantie des crédits d'investissements accordés, des conventions ayant été signées entre la Banque algérienne de développement rural (Badr) et le ministère de la Pêche et entre le Fonds de garantie des risques de crédits (Fgar) et la Capa. Dans ce contexte, une centaine de projets ont déjà démarré et 500 projets doivent être «constitués progressivement» sur la période 2015-2019 dans l'aquaculture marine et d'eau douce, indiquera Sid-Ahmed Ferroukhi qui précise que «74 concessions ont été délivrées en moins d'une année alors qu'il a fallu une longue période pour octroyer seulement 20 autorisations à des opérateurs privés». Impulsés essentiellement par des opérateurs de droit algérien, sur une superficie de 3 000 hectares, et estimés à hauteur de 80 milliards de dinars (plus de 800 millions de dollars), ces 600 projets (190 dans l'aquaculture marine et 410 dans l'aquaculture d'eau douce) devraient permettre de générer, outre la création de 30 000 postes d'emploi, la production de 100 000 tonnes (80 000 tonnes d'élevage marin et 20 000 tonnes d'aquaculture continentale). Une production aquacole qui devrait contribuer à résorber le déficit en offre de poissons, escomptera Sid-Ahmed Ferroukhi, relevant à ce propos que la consommation nationale de poissons avoisine les 200 000 tonnes pour une offre locale et importée de l'ordre de 150 000 tonnes. Et par conséquent contribuer à la régulation du marché, la baisse du prix du poisson, notamment la sardine. A charge cependant, comme le relèvera le ministre du secteur, d'encourager, sensibiliser les Algériens à consommer les produits d'eau douce. Ce qui reste encore peu évident et nécessite un «travail à faire pour faire évoluer les mentalités». Mais aussi que le système de distribution et de commercialisation et traçabilité soit développé, que les produits aquacoles soient valorisés notera Sid-Ahmed Ferroukhi.