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C'est ma vie
Le spectre d'un enfant en quête de ses origines (3e partie et fin)
Publié dans Le Soir d'Algérie le 18 - 04 - 2015

Devenu président du Secours national algérien, M. Raouf Gadjef consacra toute sa vie à la noble mission qu'il s'était tracée juste après l'indépendance de l'Algérie et c'est grâce à cet homme noble et valeureux que beaucoup d'enfants orphelins sont devenus aujourd'hui des docteurs, des ingénieurs et des cadres dirigeants parmi les plus fervents défenseurs de l'identité nationale, et de la culture de l'Algérie indépendante.
Moi, aujourd'hui docteur, je suis le produit du Secours national algérien et je suis fier d'être passé par cette école de la vie, et à titre de reconnaissance éternelle, je dirais vive l'Algérie indépendante, hommage au Secours national algérien et révérence à Raouf Gadjef que Dieu le bénisse et garde son âme au paradis des grands et valeureux guerriers.
Après avoir été Installé dans le centre du Secours national algérien pour être transféré plus tard vers la mosquée d'Ibn Badis à Constantine, j'ai attendu plus de deux mois. L'assistante sociale n'est pas venue me chercher. Car j'ai appris par la suite qu'elle était morte dans un accident de la route et mon avenir a sombré de nouveau dans l'oubli.
Le directeur du centre du Secours national algérien m'appela pour me dire que le délai de mon séjour a expiré et que je devais quitter les lieux, je lui avais alors répondu que je n'avais pas où aller et que je souhaitais faire des études comme tous les enfants du centre. Ayant eu pitié de moi, il m'avait donc autorisé à rester au centre à condition que j'aille travailler avec le cordonnier qui réparait les chaussures des enfants du centre moyennant l'hébergement et la nourriture, quant aux études, le directeur m'avait simplement dit que c'était impossible parce que je n'avais pas fait l'école primaire et que je ne pourrais pas suivre les cours avec les autres élèves. N'ayant pas le choix, j'ai accepté la généreuse offre du directeur en attendant des jours meilleurs.
Au centre d'El-Kettani, les enfants de différents âges étaient déjà bien installés dans cette vie de pupille de la nation. Ils allaient à l'école et étaient à un stade assez avancé alors que je savais à peine écrire mon nom et additionner quelques chiffres. Je fus donc obligé de ruser et de faire des efforts surhumains pour apprendre par le biais des enfants scolarisés, et ce, pour pouvoir atteindre leur niveau scolaire, et j'avoue que j'ai réussi mon défi puisque, en à peine quelques mois, j'ai intégré la classe des enfants de mon âge alors que je n'avais même pas le niveau primaire.
La volonté d'apprendre et de vouloir me faire une place dans la société qui, le plus souvent, me rejetait, me poussait en avant vers l'accomplissement des défis pour percer et avoir une place au sein de l'école. Donc, j'ai utilisé de multiples subterfuges avec les enfants pour les inciter à m'apprendre ce qu'ils avaient appris en classe parce que j'étais plus âgé qu'eux et sans s'en rendre compte ils m'enseignaient tout ce qu'ils avaient appris en classe, jour après jour, et ainsi après la nature, l'enfant était devenu mon deuxième enseignant. Et ce n'est qu'après tant d'efforts et de sacrifices que je réussis à intégrer les cours des élèves de classes supérieures. Cette opportunité m'a été donnée à titre exceptionnel pour me permettre d'intégrer le niveau de scolarité le plus élevé à l'époque. Même si on me faisait asseoir au fond de la classe, j'enregistrais tout ce que les enseignants disaient et expliquaient, et quand ils posaient des questions aux élèves lors des devoirs périodiques ou des examens trimestriels, je levais la main pour répondre. Au début, les enseignants m'ignoraient et par mépris ne regardaient même pas de mon côté. Mais, petit à petit, ils commençaient à me donner la possibilité de répondre par curiosité sans accorder de l'intérêt à mes réponses. Cependant, avec le temps, ils découvraient que le plus souvent mes réponses étaient exactes, ce qui les intriguait et les poussait à me demander de quelle manière je les trouvais, j'ai répondu qu'elles venaient automatiquement sans que je sache moi-même d'où ça provenait.
C'est à ce moment précis que les enseignants se sont intéressés à mon cas et ont décidé de me donner des leçons en dehors des classes et en me prêtant des ouvrages à lire et à résumer, et en me faisant faire des exercices de calcul, de maths et de physique, etc.
Pour pouvoir accomplir ce travail colossal, je m'enfermais toutes les nuits durant dans les sanitaires pour lire les livres des différentes matières enseignées à l'époque alors que les autres enfants dormaient tranquillement sans se soucier de leur avenir incertain. Et c'est ce qui m'a permis de rattraper le temps perdu, d'atteindre le niveau scolaire de mes semblables et de m'intégrer dans les groupes pour suivre une scolarité normale. Je me rappelle qu'en troisième année, j'ai été classé premier de ma classe. Car il fallait s'imposer, j'ai réussi à le faire grâce à la ténacité et à la force de caractère dont le Bon Dieu m'avait gratifié.
En juin 1969, j'ai passé les examens de deux diplômes en même temps. C'étaient les certificats de fin d'études, l'un en arabe et l'autre en français que j'ai réussi à décrocher dans la même année et à la même période. Ayant appris la volonté qui m'animait et me poussait inéluctablement vers la recherche du savoir et les diplômes que j'avais décrochés, le directeur du centre d'El-Kettani m'a offert une montre de marque Haidra et les neuf tomes du grand écrivain et dramaturge anglais W. Shakespeare, ensuite il m'a donné les clefs d'une petite bibliothèque fermée laissée par les colons français et que personne n'utilisait en me disant : «ici, tu trouveras la tranquillité et la possibilité de lire les œuvres de grands écrivains et philosophes du monde qui t'apprendront comment réussir dans ta vie et t'ouvriront les portes de la réussite et de la gloire afin de suivre le même chemin que tes aînés. Prends-en soin et bon courage.»
En conclusion à ce récit inachevé, je dirais que tous les malheurs qui ce sont acharnés contre moi depuis ma naissance à ce jour ont forgé ma personnalité et ont servi de déclic pour réveiller le volcan qui sommeillait en moi et qui n'attendait que le moment propice pour déverser ses laves sur la terre tout entière afin de provoquer le changement du monde cruel et injuste par un autre plus humain et plus juste. Car les pénibles circonstances ont fait de moi un enfant révolté qui n'acceptait pas de vivre sous la domination de qui que ce soit et qui voulait changer sa vie en la construisant selon une vision qui lui a été inspirée et inscrite dans ses gènes par le Créateur de la nature et de l'univers. Ceci s'était confirmé, pour moi, un jour d'hiver rude et très froid où j'ai passé une nuit à la belle étoile blotti contre un arbre sur une petite colline avec des pentes douces et arrondies qui me servait de refuge temporaire parmi les habitants de la nature qui m'ont adopté dès la première rencontre. Un jour, à la tombée de la nuit, une tristesse profonde m'envahit et un lourd sommeil m'emporta et me plongea dans un univers de rêve infini dans lequel j'ai rencontré un homme et une femme avec lesquelles je me suis senti pour la première fois en sécurité absolue. Le lendemain matin, après le lever du soleil, j'ai senti de l'eau qui coulait sur mon front en me caressant comme une sorte de douce mélodie — une berceuse qui m'envoûtait dans le merveilleux rêve que je venais de vivre et qui ne voulait certainement pas que je retourne à la réalité amère de tous les jours. En me réveillant, j'ai compris que la neige était tombée durant mon profond sommeil et m'avait enveloppé d'une couche très épaisse pour me protéger du froid glacial de la nuit, et ce, par la bénédiction de Dieu suite aux prières répétées, certainement, de mes parents que je n'ai jamais connus dans la réalité vécue et que je rencontrais pour la première et la dernière fois dans ce rêve merveilleux. N'ayant pas la force de me lever avant que la neige ne dégèle et me sentant très faible face à la force destructrice et bienfaiteuse de la nature, j'ai levé les yeux au ciel et je me suis adressé au Maître de l'univers en lui disant avec l'innocence d'un enfant perdu dans un monde insensible et un espace d'insécurité totale : «Ya Rabi, j'ai cru en Toi et j'ai lu dans le Coran que les innocents sont protégés par Votre Miséricorde.
Or, je constate que tous les malheurs vécus sur terre font partie de mon quotidien, la disparition précoce de mes parents et avec eux la tendresse et la protection que doit avoir un bébé dès sa naissance et auxquels j'ajouterai toutes les misères de la vie et les affres de la guerre qui m'a pris une partie de mon corps chétif et frêle en m'affaiblissant davantage. Avec mon profond amour et l'innocence d'un enfant perdu qui cherche ses racines et son identité pour s'imposer dans ce monde cruel et sans âmes, ô dieu tout-puissant, je m'adresse à Toi pour la dernière fois et je Te demande de m'aider à trouver le chemin du bonheur ou de me prendre à jamais dans un monde où je ne vivrai plus les malheurs et les péripéties déjà vécues.» J'avoue que depuis ce jour, dès que je ferme les yeux pour dormir, quel que soit l'endroit dans la nature, une lumière blanche resplendissante apparaît dans mon sommeil pour me guider vers la sortie d'une grotte sombre et profonde qui me sert de refuge dans un monde de rêve infini. Mais chaque fois que je me rapproche de cette lumière, elle s'éloigne en me laissant seul dans les ténèbres de la nuit pour revenir me retrouver la nuit suivante. Et c'est à ce moment précis que j'ai compris que cette lumière était une vision et un symbole qui avaient pour mission de m'aider à surmonter les difficultés auxquelles j'étais confronté tout en m'indiquant le chemin à suivre pour changer ma triste vie.


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