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C'est ma vie
Le spectre d'un enfant à la quête de ses origines (2e partie)
Publié dans Le Soir d'Algérie le 11 - 04 - 2015


Par Katya Kaci
«En arrivant à l'hôpital de Douéra, j'ai vécu, pour la première fois, une scène de frisson et d'horreur en voyant des dizaines de moudjahidine amputés des deux jambes jusqu'aux cuisses et des deux bras jusqu'aux épaules. Des ambulances entraient et sortaient sans arrêt pour déposer les blessés venus de tous les coins du pays pour se faire soigner et bénéficier de prothèses jambières».
«J'ai été pétrifié par la vue de ces images horribles et insupportables qui défilaient devant moi comme un cauchemar qui n'en finissait pas. Les gens marchaient et couraient dans tous les sens avec des béquilles, d'autres sur des chaises roulantes et même ceux qui rampaient parce qu'ils ne pouvaient pas faire autrement. Ces images apocalyptiques d'après-guerre défilaient devant moi comme un film d'horreur et à la vue duquel je restais immobile et incapable de quitter l'endroit où on m'avait déposé — une salle avec de grandes fenêtres vitrées qui donnaient sur une immense cour extérieure — et ce jusqu'à ce que des hommes et des femmes portant des blouses blanches (j'ai appris ensuite que c'était des médecins et des infirmiers parmi lesquels il y avaient des étrangers) sont venus me prendre pour m'emmener dans un bureau où on m'a posé plusieurs questions auxquelles j'ai répondu avant qu'ils ne remplissent les formulaires de mon admission à l'hôpital. Ils m'ont ensuite orienté vers une petite chambre avec deux lits dans laquelle j'ai trouvé ammi Sassi — un ancien moudjahid qui a perdu ses deux jambes dans une bataille meurtrière contre l'armée française pour l'indépendance de l'Algérie. Ammi Sassi m'a accueilli les larmes aux yeux et des étreintes qui n‘en finissaient pas. Il me parlait comme si j'étais l'un de ses fils qu'il venait de retrouver après une très longue séparation en me disant ;
«Ne sois pas triste mon fils et ne pleure pas car l'avenir de l'Algérie indépendante appartient à ceux qui comme toi ont vécu les affres de la guerre de Libération nationale. Les chouhada se sont sacrifiés pour que vous puissiez vivre dans un pays libre et indépendant, aller à l'école pour apprendre les sciences et recevoir le flambeau de la liberté afin de relever les défis, de défendre la religion et les traditions ancestrales qui nous ont été léguées par nos aïeux. Alors ne pleure plus et ne pose plus de questions sur ce qui nous arrive, c'est le destin et ce n'est pas fini car il nous réserve encore des surprises. Avance vers l'avenir avec abnégation et persévérance et je suis certain que tu gagneras ta place parmi les grands de ce monde. C'est une promesse que je te demande de concrétiser pour que nos chouhada reposent en paix en sachant que l'Algérie est entre de bonnes mains.» Les paroles de Ammi Sassi avaient alors éveillé en moi une fierté inégalée, une volonté à toute épreuve et une force colossale qui me poussaient vers la découverte de l'inconnu et la concrétisation des défis les plus insensés et les plus fous. Un peu plus tard, une infirmière m'accompagna dans une salle de soins et de prise des mesures nécessaires à la préparation et à la fabrication de la prothèse jambière qui me conviendrait. J'ai passé environ trois mois dans cet hôpital à attendre la fabrication de ma jambe artificielle. Durant ce laps de temps, je n'avais d'autre occupation que des exercices quotidiens de rééducation et des discussions chaleureuses et fraternelles avec les moudjahidine admis à l'hôpital afin de se soigner et repartir dans leurs foyers respectifs pour ceux qui en avaient un et une destination incertaine pour ceux qui avaient tout perdu.
Les discussions s'articulaient, souvent, autour des actions accomplies et vécues sur le champ de bataille en se rappelant les proches et les amis morts ou disparus durant la guerre de Libération nationale. Evidemment, le contenu émotionnel des discussions était accompagné des larmes de regret et de joie indescriptible enveloppées par des lueurs d'espoir et un avenir brillant pour le pays et surtout pour les enfants, qui comme moi, se préparaient à prendre la relève de nos aînés et prendre en main notre destin et celui de l'Algérie.
C'est dans cette ambiance de recueillement et de méditation intense qu'on est venu me dire que ma prothèse jambière était prête et me demander l'adresse de mes parents pour les contacter afin qu'ils viennent me reprendre à la maison. J'ai répondu que je n'avais ni parents ni maison excepté un demi-frère plus âgé qui habitait dans un village pas loin de la frontière tunisienne où la pauvreté, la misère et l'ignorance règnaient en monarque incontesté. Evidemment, j'ai donné innocemment le nom du lieu et de la commune où habitait mon grand demi-frère afin de le contacter, mais sans trop d'espoir, et ce, bien que, pendant un moment de faiblesse, j'avais presque cru que j'allais revoir la seule famille que j'avais et qu'une vie nouvelle se présenterait devant moi. Mais hélas, dans sa réponse aux responsables de l'hôpital, mon frère fut catégorique en disant qu'il n'avait pas les moyens de prendre soin de moi et qu'il léguait son droit de garde à l'Etat algérien. Par cette sentence cruelle et inattendue, j'étais de nouveau abandonné et livré à une solitude devenue pour moi le seul refuge et la seule famille. Malgré cette situation anachronique et les souffrances que j'endurais avec courage et combativité, la direction de l'hôpital menaçait de me jeter à la rue et comme on ne pouvait décemment pas le faire en raison de mon jeune âge, on s'est résolu à me caser provisoirement dans les blocs de l'hospice qui jouxtait l'hôpital pour me garantir, au moins, un lit et un repas en attendant une solution définitive. Un jour, j'étais en train de jouer avec la chaise roulante de Ammi Sassi sur une pente qui séparait l'hôpital de l'hospice lorsque un malade mental a essayé de m'étrangler. Je me suis débattu et lorsqu'il m'a relâché, la chaise roulante s'est renversée sur le bas de la pente. Je me suis blessé au visage, à la tête et aux mains. On m'emmena à l'infirmerie pour me soigner et c'est là qu'apparut dans ma vie cette femme providentielle qui portait le nom de Georgina Steinmetz, une assistante sociale d'origine allemande, alertée par la présence d'un jeune enfant sain d'esprit au niveau des blocs de l'hospice.
Cette femme de cœur et de noblesse a non seulement pris ma défense, mais m'a recueilli chez elle dans son appartement de fonction pour s'occuper de moi en m'apprenant à lire et à écrire tout en cherchant à trouver des solutions de sortie de la situation dans laquelle je me trouvais. De démarches en démarches et de contacts en contacts auprès des différents départements ministériels dont celui des anciens Moudjahidine, cette femme envers laquelle je garderai une reconnaissance éternelle réussit donc à me constituer un dossier pour bénéficier d'un travail dans un atelier de fabrication de chaussures à Douéra avec les djounoud handicapés qui n'avaient jamais fréquenté l'école. J'ai refusé d'aller dans cet atelier en expliquant à ma bienfaitrice que je voulais étudier, mais sans savoir ce que je voulais vraiment. Et lorsqu'elle a appris que j'ai fréquenté la zaouia, elle a demandé aux responsables du département des anciens Moudjahidine de m'envoyer faire des études dans une école coranique et la mosquée d'Ibn Badis à Constantine était la plus indiquée.
Le dossier finalisé, on décida de m'envoyer à Constantine avec une autre assistante sociale. Mais pour une période transitoire d'environ un mois, on me transféra au centre du Secours national algérien (SNA) à El Kettani, dans la commune de Bab El-Oued, à Alger. C'était un centre d'accueil pour les enfants de chouhada, les cireurs, les vagabonds et les sans-abri considérés à l'époque comme victimes de la guerre de Libération nationale et pupilles de la nation. A l'origine de la création du Secours national algérien (SNA), un ancien et valeureux moudjahid et un grand homme de cœur qui aimait l'Algérie et son peuple, Raouf Gadjef. Ce dernier a refusé sa désignation à plusieurs postes ministériels dans le gouvernement de l'époque pour consacrer sa vie à l'éducation et à la formation des orphelins de la guerre dont les parents étaient morts ou portés disparus pour que l'Algérie soit libre et indépendante.


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