Youcef Merahi [email protected] A la radio de Tizi, j'ai entendu deux sages-femmes dire leurs difficultés quotidiennes dans cette clinique d'accouchement, la seule de la région. Il est bon de prêter oreille à la radio, jugée par d'aucuns comme instrument dépassé. Voilà, j'ai prêté oreille et j'ai saisi – dans toute mon impuissance – une situation ubuesque qui attend la femme enceinte, cet «avenir de l'homme». A l'époque, les accouchements se faisaient à domicile ; l'qabla n'est jamais loin ! Elle officiait courageusement, étalant un savoir-faire empirique, mais ô combien efficace. La sélection naturelle faisait le reste. «Mes» deux sages-femmes racontent une situation peu reluisante. Tenez-vous bien : au cas où le service bouchonne, les parturientes sont mises à deux, tête et queue, dans le même lit. Oui, vous avez bien lu : deux malades dans le même lit ! Où place-t-on les nourissons ? Dans un même berceau ? Je ne sais pas. Avec ça, les accouchées se débrouillent comme elles veulent. Comme elles peuvent. Ajoutons à cela, disent-elles, l'instant angoissant des visites. Car, les visites, il y en a. Et des masses ! Comme des abeilles ouvrières autour de la reine, les visiteurs s'agglutinent autour du lit de la malade, sans se soucier le moins du monde de la plus élémentaire hygiène. J'ai personnellement vu autour d'un lit pas moins d'une douzaine de visiteurs pour un seul malade. «Mes» deux sages-femmes ont vidé leur sac, comme on dit. Elles en avaient gros sur le cœur. Alors les infections nosocomiales, n'en parlons pas, disent-elles ; c'est quelque chose d'inévitable ! Personnellement, l'hôpital me fait peur. Pas par phobie de l'acte médical en lui-même. Non ! Plutôt par ce tragique de la situation, quand le malade est «agressé», jusque dans son lit de malade, par ses proches, au moment de la visite de 13h30. Dans tout ça, notre ministre de la Santé, lui, dans sa superbe, parle d'un plan établi pour normaliser les soins, les hôpitaux publics, les cliniques privées et les personnels soignants. Comme l'autre ministre qui nous vend 6 000 kilomètres de voies ferrées électrifiées à l'horizon 2017. Je demeure sceptique. Je ne sais pas pourquoi je n'arrive à me départir de mes doutes. Et de mes interrogations. Et un plan anti-cancer, par-là. Et des CAC, par-ci. Au fait, quel est le délai pour un rendez-vous pour une radio thérapie au CPMC, Monsieur le Ministre ? L'espoir fait vivre. Oui, jusqu'au trépas ! Tant que je verrai, sur la presse, des Algériens quémander tel médicament, des couches pour adultes, des sous pour un transfert à l'étranger, ou juste pour se soigner ici, je n'accorderai aucun crédit à ces discours d'intention ministériels qui nous fourguent, la langue fourchue, l'espoir sous forme de pommade. Dites-moi comment vous soignez vos malades, je saurais à quel niveau mettre vos bavettes ! Et bla-bla, bla-bla, bla-bla ! Comprenne qui pourra ! Moi, je refuse de comprendre. Les deux dames n'ont pas fini de se crêper le chignon. Lesquelles ? La ministre de la Culture, pardi. Et la chef du PT. Ouais, il y aurait de la diffamation en l'air, je n'affirme pas, j'utilise un conditionnel, c'est du moins l'affirmation de la ministre. La chef du PT n'en démord pas : il y a crocodile sous roche, il y a confusion des genres, il y a une chekchouka dans l'utilisation des sous publics. La ministre jure, la main sur le cœur, qu'il n'en est rien. Puis, elle jure, les yeux furibonds, qu'elle portera l'affaire en justice. Wallah, feuilleton fi yemmah ! Mentouj bladi. Bientôt, on aura «Babelywood». Appellation d'origine contrôlée. Revenons à nos chamailleries ! La chef du PT, ainsi que ses députés qui enfoncent davantage le clou, assure qu'elle demandera la levée de son immunité parlementaire. Elle l'a fait à la télé, en direct. Après le feuilleton de l'autoroute Est-Ouest, mon cauchemar, le sitcom Khalifa, nos magistrats – les pauvres – vont se farcir un péplum made in bladi. Madame la ministre contre la chef du PT. Députée qui plus est ! Il y a du crêpage de chignon dans l'air. Je vois ça d'ici. Reste à savoir si l'immunité sera levée ? Auquel autre cas je comprendrais que «Babelywood» n'est pas prêt de démarrer ses productions, à même de museler les films turcs qui n'arrêtent pas «d'inflationner» mes insomnies récurrentes. La ministre de la Culture a le sens de l'honneur, contrairement à tous ces ministres cités, çà et là, dans des affaires de corruption. Et autres indélicatesses pénales. La ministre de la Culture a-t-elle obtenu une quelconque bénédiction du Premier ministre ? Même si on ressort, encore une fois, l'épouvantail de la déclaration du patrimoine ! Alors que dira la justice de ce crêpage de chignon ? Qui gardera sa tignasse sur le crâne ? La ministre ? Ou la chef du PT ? On saura le fin mot incessamment sous peu pour le bien d'un semblant de démocratie. Si c'est un pétard mouillé, il en existe malheureusement, je convoquerai mon scepticisme spécifiquement algérien et nous irons écumer, comme deux brûleurs qui s'assument, les plages oranaises à la recherche d'une issue de secours. Je suis peiné de ne pas tartiner, cette fois-ci, à propos de mon autoroute fétiche : Est-Ouest. Un peu comme la route 66 aux States. Ou l'autoroute du Soleil ghur Faffa. Mille excuses, j'arrête là en attendant la réception officielle des trois prochains kilomètres. Mais je ne peux pas occulter le crédit à la consommation qui boostera le mentouj bladi. Au fait, l'oignon – labssal, en patois – se monnaye à 130 dinars, juste au moment où j'ai eu des envies de salades variées. Voilà donc, j'attends le crédit pour consommer : je prendrai peut-être option pour un champ d'oignon. Ou une batterie de poulets de Bresse ; pardon, de Boumerdès. A moins de mettre la main sur les prochaines pêches de la «sardina». J'ai l'eau à la bouche ; sauf que pour le moment, il n'est pas simple de se rendre au marché de fruits et légumes, ni de saliver dans un show-room de «bagnoules», made in Germany. Depuis le temps que j'en rêve ! Et alors, le rêve est encore gratos dans notre pays. De ce fait, j'en profite au maximum. Comprenne qui pourra !