Les m�nages auront-ils suffisamment de moyens pour passer les f�tes de l'A�d dans la joie, tant les sacrifices � consentir deviennent �normes avec le prix exorbitant du mouton impos� par les maquignons. Le mouton, produit de haute facture, � l'occasion de cette f�te, est c�d�e dans plusieurs cas (march�, particuliers ou �leveurs) � 25 000 DA, en moyenne. Alors qu'il ne reste que quelques jours pour c�l�brer ce rituel, qui, dans bien des cas, les contraintes �conomiques imposeraient leur loi � des m�nages qui s'y en passeraient, les march�s p�riodiques rappellent bien des images d'une place o� l'�conomie et florissante. La t�te du mouton se mesure � une grande filiale, � un produit, lors des transactions boursi�res. Au grand bonheur des sp�culateurs et des �leveurs d'occasion, le prix du mouton conna�t une ascension, qui donnerait bien des vertiges � celui qui s'ent�terait � l'associer au rituel. On propose, on n�gocie. Les premiers prix vont de 18 000 ou 25 000 � 35 000 DA. Qui dit mieux ! Le cheptel vient de Hauts- Plateaux. L'immatriculation des camionnettes et camions font deviner que les maquignons viennent de S�tif, Bordj-Bordj- Arr�ridj ou Djelfa. Pour eux, le mouton s'�coule facilement dans les cit�s de montagnes. Ils savent que la nouvelle g�n�ration des montagnards ne travaille plus la terre, ne font plus dans l'�levage. L'argent de l'�migration y est pour beaucoup dans le semblant de d�veloppement local que connaissent les villages. A pareille p�riode de l'ann�e, la r�gion conna�t aussi l'arriv�e des �migr�s, ceux qui ont laiss� leurs familles, ici ou bled. Ils viennent passer l'A�d en famille. Le sacrifice du mouton devient alors indispensable. Voici alors l'une des r�flexions �tal�es par l'un des maquignons ma�trisant le kabyle pour avoir sillonn� les villages les plus recul�s. Le bonhomme, accompagn� d'un jeune d�passant � peine l'adolescence, plaide en sa faveur, �videmment quant on �voque les prix inabordables, devant des passants chancelants et se contentant pour l'instant d'observer. Les revendeurs sont � l'origine de cette situation, nous fait-il admettre. Comprendre qu'il doit, lui aussi, prendre sa "bonne" marge b�n�ficiaire, surtout lorsque la population composant son cheptel conna�t aussi sa petite d�mographie. Au grand malheur du simple consommateur, visiblement pas tr�s emball� par cette fr�n�sie, mais sid�r� par la mercuriale impos�e ; � moins qu'� la derni�re minute, voire � deux ou trois jours de l'A�d, le cheptel connaisse aussi sa p�riode de solde. D'autres maquignons avancent aussi la chert� du prix du foin, de la paille, du fourrage et d'autres aliments de b�tail. Des �lecteurs "d'occasion" affirment par exemple que la botte de foin est c�d�e � 1 000 DA, le quintal d'orge � 1500 DA. Ils ne ratent aucune occasion devant un client potentiel de vanter la qualit� de son b�tail. Un bel argument pour justifier le prix propos� et mettant devant le fait accompli le consommateur. J-L-Hassan