A cinq jours de la fête de l'Aïd El Adha, une simple virée dans les marchés à bestiaux permet aisément de constater que le prix du mouton pour cette année ne diffère guère de l'an dernier et n'est pas à la portée des bourses moyennes. La forte transhumance, jamais connue dans la région, des éleveurs des Hauts Plateaux arrivés avec leurs innombrables troupeaux de bétail (plus 1 400 000 têtes) en raison d'une bonne et exceptionnelle pluviométrie, n'aura finalement aucune incidence positive pour la population locale. La désillusion des acheteurs est aujourd'hui immense, après avoir appris que le mouvement migratoire de ce cheptel est majoritairement constitué de têtes femelles destinées à la reproduction et à l'engraissement. Cependant, si le marché regorge de moutons, les prix ne sont pas pour autant abordables. Un bélier cornu pesant entre 25 à 30 kg frôle les 24 000 DA, face à un agneau de 15 kg cédé entre 14 000 à 15 000 DA. Le marché est entièrement contrôlé par des maquignons et autres intermédiaires locaux qui saisissent l'opportunité de la fête de l'Aïd El Adha pour se verser dans ce commerce lucratif. Ils imposent des prix jugés exorbitants aux acheteurs simples salariés. Les ménages s'endettent Ces maquignons jurent comme à l'accoutumée que la rareté, l'indisponibilité et les prix élevés des aliments de bétail sont la principale cause de la flambée des tarifs dans les marchés à bestiaux. Des salariés à revenu modeste vont devoir, pour célébrer le rituel sacrifice, encore s'endetter pour apporter la joie à leurs enfants. Plusieurs parmi ces travailleurs n'ont d'autre alternative que l'acquisition du mouton par le biais des facilités de paiement en 2 ou 3 mensualités, accordées avec cependant un profit substantiel tiré par le maquignon ou l'intermédiaire. Selon des avis partagés, la mercuriale des prix de la viande, affichée sur les étals du boucher tout au long de l'année, est indicatrice de l'évolution des prix pratiqués dans les marchés à bestiaux.