En dépit d'un recul appréciable, la mortalité maternelle constitue toujours un problème de santé publique. Ce taux est passé de 230 cas pour 100 000 naissances en 1990 à 603 cas pour 100 000 en 2014. Pour l'année en cours, les prévisions se situent à environ 575 décès pour 100 000 naissances. Des statistiques qui démontrent l'écart entre les sommes colossales investies dans le secteur et les résultats obtenus. Nawal Imès - Alger (Le Soir) - De l'aveu même du premier responsable du secteur de la santé, les indicateurs sur la santé maternelle classent l'Algérie à «un niveau intermédiaire» mais reste en deçà des attentes au regard des moyens mobilisés par l'Etat. Abdelmalek Boudiaf, qui s'exprimait, jeudi, à l'ouverture d'une rencontre sur la restitution du Plan national de réduction accélérée de la mortalité maternelle pour la période 2015-2019, a fait savoir que le dossier de la santé de la femme et de l'enfant fera bientôt l'objet d'examen en Conseil du gouvernement avec pour objectif de parvenir à une réduction plus importante du nombre de femmes décédées en couches. Un plan national 2015-2019 visant à réduire la mortalité maternelle sera mis en place. Il est, aux dires de Abdelmalek Boudiaf, «l'«expression d'une volonté politique résolue et le fruit d'une analyse approfondie des goulots d'étranglement qui ont empêché, malgré d'importants investissements, de réduire de façon significative et rapide la mortalité maternelle». Il a évoqué la consécration d'une enveloppe de 32 milliards de dinars pour le financement des 32 structures de soins «Mères- Enfants», à travers le territoire national et l'instauration, en 2013, de la déclaration obligatoire de tous décès maternels suivie, en 2014, de la mise en place de l'audit de ce type de décès afin de prendre toutes les mesures permettant d'améliorer la qualité et de l'offre de soins en matière de santé maternelle. Pour le ministre de la Santé, la protection de la santé de la mère et de l'enfant a toujours constitué, une priorité de santé publique. Il en veut pour preuve le financement «conséquent» et «durable» consenti par l'Etat. Des sommes faramineuses qui n'ont pourtant pas servi à améliorer les conditions de prise en charge des femmes enceintes. Il suffit pour s'en convaincre de faire un tour dans des services d'obstétrique. Les sages-femmes y sont démobilisées, les gynécologues dépassés par le flux de femmes enceintes. Ces dernières sont réduites à faire du tourisme médical car renvoyées de l'hôpital par manque de places ou par simple mauvaise volonté. Celles qui arrivent à être admises accouchent dans des conditions d'hygiène souvent déplorables. La prise en charge post-accouchement n'est guère meilleure : très souvent, des femmes qui viennent d'accoucher sont obligées de partager le lit d'hôpital avec une inconnue. La preuve, s'il le fallait, les chiffres dans l'absolu ne sont nullement le reflet d'un vécu cauchemardesque pour un nombre important de femmes.