L'accord pour la paix et la réconciliation au Mali signé, avant-hier samedi, à Bamako par la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA) met en avant la médiation algérienne dans ce processus à même de conférer à l'Algérie davantage de rôles, notamment dans le dossier libyen. M. Kebci - Alger (Le Soir) C'est ce que relève plus d'un initié à la chose diplomatique. «Pour notre pays, un Mali stable et en paix encouragera la coopération non seulement bilatérale mais dans l'ensemble de la région», estime, en effet, Abdelaziz Djerrad. Une vision que partage Mustapha Saidj pour qui, en plus de la sécurité dans la région qui se répercutera sur le budget de la défense, cet accord conférera au pays «plus de réputation et d'aura» à même de lui permettre de jouer «un rôle similaire dans le conflit libyen». Au-delà de cet aspect, nos deux interlocuteurs insistent sur la nécessité d'aller au-delà de la signature de l'accord. «Maintenant, il faudra se consacrer à l'application de ce plan de paix et les frères maliens doivent mettre en avant l'intérêt en tenant compte des équilibres entre les différentes populations du pays et se consacrer au développement et préserver l‘unité nationale», soutient Djerrad. Car, explique l'ancien secrétaire général du ministère des Affaires étrangères, «ce paraphe est une chose et sa traduction sur le terrain en est toute une autre. Je pense que c'est un point très important pour le Mali pour la sécurité dans la région. L'Algérie a joué un rôle très important dans ce long et laborieux processus». Pour Mustapha Saidj, professeur en relations internationales, il y a beaucoup de défis d'ordre institutionnel, sécuritaire et de développement. Ce qui ne sera pas de tout repos pour notre pays qui préside le Comité de suivi de l'application de l'accord d'Alger tant il est «truffé de détails». Il y a en tout premier lieu la démilitarisation des milices et l'intégration de leurs éléments dans l'armée régulière. Ce qui prendra du temps. Encore qu'il faudra faire avec la condition de la coordination des mouvements de l'Azawad qui exige pas moins de 80% de ces effectifs composés de Touareg. Ceci même si les mouvements politico-militaires du nord du Mali ont décidé jeudi dernier de se retirer de la localité de Ménaka, dans la région de Gao, conformément à l'arrangement sécuritaire pour une cessation des hostilités, paraphé à Alger. Ce qui constitue une des conditions du groupe de Bamako qui a également obtenu le statut d'entité géographique pour l'Azawadh alors que la CMA la voulait comme entité ethnique distincte du reste du Mali. Mais de tous ces défis, relève encore Saidj, il y a celui lié au développement avec la «problématique de répartition des richesses nationales». Surtout que les mouvements de l'Azawadh revendiquent 20 à 40% du budget du Mali à partir de 2017. Un développement qui fait face, par ailleurs, à la contrainte de financement qui nécessite une implication à l'international.