Douze ann�es se sont �coul�es depuis le retour du pr�sident du Haut-Commissariat d'Etat (HCE), feu Mohamed Boudiaf. La derni�re chance de l'Alg�rie s'�tait envol�e avec son assassinat, 6 mois plus tard, le 29 juin 1992, alors qu'il se trouvait � Annaba en visite de travail. Il a su, en cette courte p�riode, gagner la confiance des Alg�riens qui, dans leur majorit� des jeunes, le d�couvraient pour la premi�re fois. Beaucoup d'entre eux ne connaissaient pas l'un des h�ros du d�clenchement de la guerre de Lib�ration nationale. N� le 23 juin 1919 � Ouled Madi (M'Sila), Mohamed Boudiaf s'engage tr�s t�t dans la r�sistance. Il adh�re au PPA, puis devient membre important de l'Organisation secr�te (OS). En 1950, il est jug� et condamn� par contumace, il r�ussit � s'�vader et entre dans la clandestinit�. Il devient ensuite l'un des principaux organisateurs du Comit� r�volutionnaire pour l'unit� et l'action (CRUA), membre du groupe des 22 ayant d�clench� la guerre de Lib�ration nationale. Le 20 septembre 1962 il fonde le Parti de la r�volution socialiste (PRS). En juin 1963, il est arr�t� par le pr�sident Ben Bella, et mis sous r�sidence surveill�e � B�char. Il y s�journera 3 mois, puis sera lib�r�. Mohamed Boudiaf choisira l'exil d�s 1979, il voyagera entre l'Europe et le Maroc o� il activera pour son parti le PRS, et animera la revue El Djazira. En 1979, apr�s la mort du pr�sident Houari Boumediene, il dissout sa formation politique et se consacrera � ses activit�s professionnelles. Il dirigera alors une briqueterie � Kenitra, au Maroc. Pendant 28 ans, il ne verra plus l'Alg�rie. Apr�s ce long exil, il prend la t�te du Haut Commissariat d'Etat, suite � la d�mission du pr�sident Chadli Bendjedid. Il �tait charg� de "remettre le pays sur les rails aussi bien au plan �conomique que politique". Il d�cide de mener une lutte implacable contre la corruption, il en fera d'ailleurs sa priorit�, et s'engage � remettre sur pied le processus d�mocratique, ce qui donnera un vif espoir � la population qui lui t�moignera toute sa confiance. Il est admir�, aim� par toute cette jeunesse qu'il a su �couter et qui voyait en lui le retour de l'homme prodigue, qui sauvera l'Alg�rie, un pays tomb� dans le d�nuement �conomique. "Captivant, l'esprit vif, il �manait de Boudiaf, qui avait tendu la main � tous les Alg�riens, espoir de libert� et perspective d'un renouveau", �crivait � juste titre dans son livre le professeur Ridouh. "Si Tayeb El Watani", son nom de guerre, d�clarait : "l'Alg�rie a besoin d'un projet de soci�t� que n'a ni le parti du FLN ni le courant islamiste". Le 16 janvier 2005, cela fera douze ann�es que Mohamed Boudiaf n'est plus. Au fil des ans, la braise qui br�lait le cœur des milliers d'Alg�riens, des jeunes surtout qui l'avaient accompagn� le 29 juin 1992 � sa derni�re demeure au cimeti�re d'El-Alia, s'est �teinte depuis. Les gouvernants, quant � eux, ont oubli� depuis longtemps l'homme qui allait sauver l'Alg�rie. Les Alg�riens qui avaient retrouv� en moins de six mois l'espoir de vivre et l'amour du pays ont sombr� dans une violence in�dite. Demain, ses proches, son fils, son �pouse seront les rares personnes qui iront se recueillir sur sa tombe, comme ils l'ont toujours fait. Notre confr�re du Quotidien d'Oran, qui, il y a deux ann�es, assurait la couverture du 10e anniversaire de la comm�moration de son retour, �crivait : "Seules quelques personnes se trouvaient sur les lieux, ses compagnons qui l'avaient accueilli dix ann�es auparavant � l'a�roport Houari- Boumediene ont brill� par leur absence. La c�r�monie de recueillement n'a pas dur� plus de dix minutes. Les absents �taient visibles. Seuls son fils Nacer et son �pouse y �taient. Nacer Boudiaf continue pour sa part de militer pour qu'�clate la v�rit� sur son assassinat." Son �pouse refuse la version officielle. Pour elle, "la mafia politico-financi�re est derri�re son assassinat. R. S.