La gr�ve illimit�e du corps de greffe que le Syndicat national des fonctionnaires de la justice avait pr�vue pour le 29 janvier prochain n'aura finalement pas lieu. Ce d�brayage, qui aurait paralys� l'ensemble des cours et des tribunaux du pays, a �t� �vit� gr�ce � l'intervention du conseiller du ministre de la Justice. Tarek Hafid - Alger (Le Soir) - L'assembl�e g�n�rale extraordinaire convoqu�e par le bureau national de ce syndicat, qui s'est d�roul�e jeudi dernier � l'Ecole nationale des greffiers de Bab- Ezzouar, m�riterait d'�tre inscrite dans les annales du syndicalisme au chapitre "B�tisier". Les repr�sentants de wilaya, qui, pour certains ont d� faire des centaines de kilom�tres pour y assister, sont sortis avec l'amer sentiment de s'�tre fait duper. Pour tenter de comprendre la situation de ce syndicat, il est cependant utile de revenir � l'assembl�e g�n�rale du 23 d�cembre dernier. Ce jour-l�, la majorit� des membres du bureau proposent aux syndicalistes de d�clencher une gr�ve illimit�e afin de faire valoir une s�rie de revendications socioprofessionnelles. Se consid�rant comme les laiss�s-pour-compte du syst�me judiciaire, ces derniers exigent avant tout une hausse de leur salaire. En effet, un greffier en fin de carri�re d�passe tr�s rarement les 11 000 dinars par mois. La proposition de d�brayage fait l'unanimit� au sein du conseil national qui d�cide, au terme de cette premi�re AG, de le d�clencher le 28 d�cembre 2004. Myst�rieusement, cette gr�ve ne d�butera pas � la date arr�t�e. Une seconde AG est donc convoqu�e jeudi dernier par les membres du bureau et � laquelle ont particip� le sous-directeur du personnel du minist�re de la Justice ainsi que l'un des conseillers du ministre. "Les membres du bureau nous ont expliqu� que ces cadres nous pr�senteraient les mesures arr�t�es par l'administration centrale", expliquera un syndicaliste en marge de cette rencontre cens�e se tenir � huis clos, comme cela est d'usage en pareilles circonstances. Mais la pr�sence des deux fonctionnaires ne d�range aucunement les syndicalistes. Au contraire. Le fait d'avoir face � eux le conseiller du ministre, Nourredine Bela�d en l'occurrence, sera une occasion pour nombre d'entre eux d'exposer leurs probl�mes personnels d�viant ainsi de l'ordre du jour de cette rencontre, � savoir s'il fallait ou non d�clencher une gr�ve illimit�e. En tentant de recentrer les d�bats, l'un d'eux osera lever le ton en exigeant que les revendications soient prises en consid�ration dans les plus brefs d�lais par la tutelle, faute de quoi le d�brayage aura lieu � la date pr�vue. Cette d�claration aura pour effet de faire sortir de ses gonds le conseiller du ministre. "Vous foncez tout droit dans un mur de b�ton si vous d�cidez de d�clencher cette gr�ve. Je ne suis pas ici pour perdre mon temps � �couter vos chantages. Je suis venu � vous pour dialoguer et vous pr�senter ce qui a �t� d�cid� en haut lieu. Alors je vous prie d'�lever le niveau", lancera-t-il, rouge de col�re. Un statut pour les greffiers Son calme retrouv�, Nourredine Bela�d annoncera des mesures arr�t�es en leur faveur : "Vous b�n�ficierez prochainement de diff�rentes primes. La question du logement de fonction a �galement �t� prise en consid�ration puisque vous y ouvrez droit au m�me titre que les magistrats et l'ensemble du p�nitencier. Mais le statut du greffier, qui est actuellement en cours d'�laboration, reste le projet le plus important pour votre corporation puisqu'il d�finira vos droits et vos devoirs et vous permettra surtout de ne plus d�pendre de la Direction g�n�rale de la Fonction publique. Il vous est donc inutile de recourir � la gr�ve puisque vos conditions socioprofessionnelles iront en s'am�liorant gr�ce � ces mesures qui entrent dans le cadre de la r�forme du syst�me judiciaire.� Mais la majorit� des syndicalistes ne l'entendent pas de cette oreille et demandent que l'on proc�de au vote pour statuer sur le d�clenchement de la gr�ve. L'op�ration se d�roule � main lev�e. Les syndicalistes votent pour le d�brayage mais ils d�couvrent avec surprise que les membres du bureau national, ceux-l� m�mes qui avaient impos� cette d�cision lors de la premi�re AG, �taient aujourd'hui contre cette gr�ve. AG ill�gale La situation devient inextricable. On reproche � certains le fait de ne pas �tre membres du Conseil national du syndicat et d'avoir vot� pour la gr�ve. Mais les pr�sents assistent d�s lors � un nouveau rebondissement . D�couvrant cette faille, Nourredine Bela�d exige que l'on proc�de une nouvelle fois � l'appel. La d�cision est sans appel : l'assembl�e g�n�rale extraordinaire est ill�gale car le quorum n'est pas atteint. Les repr�sentants du minist�re affichent leur satisfaction et les greffiers leur col�re. �Nous nous sommes fait avoir comme des bleus. Comment se fait-il que le quorum �tait largement d�pass� en d�but de s�ance ? Les membres du bureau sont responsables de cette situation; nous exigeons la dissolution de l'instance ex�cutive", dira d�pit� un syndicaliste au terme de cette AG qui s'est termin�e en queue de poisson. T. H.