La majorité des institutions juridiques à travers le territoire national sont paralysées et le mouvement se poursuit depuis mercredi. Les greffiers en sont, en effet, à leur 5e jour de grève et «jusqu'à preuve du contraire», aucune de leurs revendications n'a été prise en considération. Durant la journée d'hier, les greffiers ont décidé d'aller vers une grève illimitée à cause d'une perquisition de la part des magistrats obligeant les huissiers de justice à assurer les audiences, ce qui est entaché d'irrégularités. En effet, les détenus ont comparu hier devant le tribunal de Sidi M'hamed en présence du magistrat, du parquet et de l'huissier de justice «sans robe», à la place du greffier, alors que près de 200 greffiers employés au niveau de ce tribunal se trouvaient à l'extérieur afin de poursuivre leur mouvement de protestation pour la 5e journée consécutive. Les greffiers des cours de justice ont poursuivi leur mouvement de protestation pacifique pour revendiquer «l'annulation du statut particulier des fonctionnaires du greffe.» Ils appellent les autorités compétentes à soumettre la nouvelle loi régissant leur fonction à l'enrichissement au niveau de chaque tribunal. Ils réclament aussi l'annulation de leur syndicat qui n'a «absolument» rien fait pour eux et qu'ils n'ont jamais rencontré. Les greffiers de la cour suprême débrayent Au niveau de la Cour suprême et pour la première fois, un mouvement de protestation a été également tenu à l'intérieur de la cour. Parmi les 500 greffiers au total qui travaillent au niveau de la Cour suprême, 200 d'entre eux ont suivi depuis jeudi dernier le mouvement de grève, tout en revendiquant les mêmes revendications que leurs collègues des différentes institutions juridiques. Le président de la Cour suprême, qui a demandé à rencontrer 2 ou 3 représentants des greffiers en vue de négocier, a proposé à l'ensemble des greffiers grévistes un rappel de 50% d'ici l'année 2012, mais sans toutefois préciser le taux d'augmentation. Il faut signaler que l'ensemble des cours, à savoir, celles de Tipaza, Koléa, Alger et à l'est du pays sont paralysées par le mouvement de grève. L'ensemble des greffiers grévistes à travers le pays réclament par ailleurs, et dans le cadre de la réforme de la justice, d'élever au niveau de la licence l'intégration au corps du greffe, tout en demandant 3 grades, à savoir celui d'agent de greffe à l'échelon 12, greffier à l'échelon 15 et greffier en chef à l'échelon 17. Les fonctionnaires du greffe dénoncent également le manque de considération quant à la charge importante de l'action judiciaire qui leur incombe. Ils revendiquent aussi une augmentation des salaires et une promotion professionnelle systématique en fonction de l'expérience et de l'ancienneté (5 ans pour le grade et 3 ans pour l'échelon). Vers une réunion au ministère de la Justice Les greffiers revendiquent, en outre, l'accélération dans la réactivation de la loi sur les primes et indemnités, en prenant en considération la spécificité du secteur de la justice, la réintégration des fonctionnaires suspendus arbitrairement et la promulgation d'une loi qui assure au fonctionnaire une protection contre les pratiques irresponsables de certains supérieurs, «comme ce fut le cas du greffier en chef du tribunal de Sidi M'hamed qui n'a pas été solidaire avec l'ensemble de ces éléments», indiquent les greffiers et les greffières de cette institution qui ne décolèrent pas. Il est également demandé la révision de la gestion du greffe par le parquet et le recours à une gestion indépendante de cette fonction. Les greffiers souhaitent que leurs revendications socioprofessionnelles trouvent «un écho favorable» auprès de la tutelle, tout en indiquant qu'ils ne comptent pas arrêter leur mouvement tant que leurs revendications ne sont pas satisfaites. Ils précisent, par ailleurs, que malgré la charge de travail qu'ils assument, leur salaire ne dépasse pas les 17 000 DA. Le plus ancien d'entre eux, père de famille, perçoit 35 000 DA avec les allocations familiales. Selon les grévistes, la situation se complique de plus en plus au niveau des tribunaux, voire va aller en s'aggravant, suite à la décision de les remplacer par des huissiers de justice et d'autres corps de la justice. Et ce, malgré les menaces de licenciement qui leur ont été adressées par la tutelle pour les obliger à reprendre le travail. Une paralysie totale de tous les tribunaux, cours et administrations judiciaires n'est pas à exclure dans les jours à venir, vu l'intransigeance des contestataires. Pour l'instant, une réunion a été prévue hier au niveau du ministère de la justice afin de prendre une décision à l'encontre des greffiers en grève et de pouvoir résoudre cet épineux problème.