Farida, la trentaine, est une femme ordinaire onze mois sur douze. Sans boulot depuis quelque temps, cela ne la tracasse pas pour autant. Elle s'habitue à une vie oisive et sans objectif. Le Ramadhan est là pour l'accentuer davantage. Rarement réveillée avant midi, Farida supporte l'abstinence la moitié de la durée prescrite, ce qui lui fait dire qu'elle devrait jeûner deux mois au lieu d'un à titre compensatoire ! L'air renfrogné, le regard hagard, ses yeux restent en mode «rideau à moitié baissé» des heures après le réveil. Tous ses Ramadhan se suivent et se ressemblent. Ou presque. Du mois sacré en période hivernale, lorsque la rupture du jeûne ne dépassait pas les 18 heures, elle en fait une journée d'hibernation, la préparation du f'tour est son dernier souci. Puisque la maman est encore vivante et gaillarde, pourquoi s'en soucier ? Lorsque l'adhan du maghreb est largement décalé, comme en ces temps-ci, elle fait quelques efforts pour apporter son grain de sel à l'assiette ramadhanesque. L'ennui d'être exagérément en position horizontale la détache au ralenti de sa literie, mais elle y revient dès que le besoin de sommeil se fait sentir. La torpeur dans laquelle se morfond Farida est due à sa dépendance immodérée au café. Hors période de jeûne, elle en consomme jusqu'à 3 tasses par jour. Une consommation qui frise l'overdose. «Heureusement qu'à Skikda, les femmes ne s'attablent pas beaucoup sur les terrasses des cafés, sinon j'aurais doublé la mise.» Bon ramadhan Farida.