Les personnes interpellées à Ghardaïa ont été déférées, hier mardi, devant le procureur général près le tribunal de la capitale de la vallée du M'Zab. M. Kebci - Alger (Le Soir) Ce dernier les a placés sous mandat de dépôt pour attroupement, détention d'armes blanches, association de malfaiteurs, détention illégale et vente d'armes à feu et munitions, saisie d'armes à feu, munitions, armes blanches et une quantité d'essence, dans l'attente de leur procès qui interviendra la semaine prochaine. Le temps que les casiers judiciaires soient versés dans les dossiers des 35 prévenus dont 20 de Guerrara, 5 de Melika, 2 de Béni Izguène et un autre de Bounoura. De cette trentaine de personnes présentées donc devant la justice, quinze ont été arrêtées par les gendarmes à Guerrara, plus précisément à la cité Belhadj. Ils étaient en possession d'un fusil de chasse, d'armes blanches : 4 couteaux, 1 sabre, 5 burins, une paire de cisaille, une hache, des barres de fer, une scie électrique, une meule électrique, 9 gilets de protection artisanaux, 11 casques de motocyclistes et de chantier, 4 gourdins ainsi que 200 litres d'essence, des médicaments, 10 téléphones mobiles, 3 caméras et appareils-photos, 2 fusils à pompe avec 10 cartouches. Selon le procureur général près le tribunal de Ghardaïa qui s'exprimait la veille dans un point de presse, ces personnes présumées impliquées dans les derniers évènements douloureux qu'a connus la wilaya de Ghardaïa ont été interpellées «conformément aux lois de la République» et font suite à une enquête judiciaire. Des interpellations effectuées, explique-t-il, «dans le respect de la procédure judiciaire». Menguelati Hussein a, par ailleurs, précisé que «l'ensemble des personnes interpellées sont traitées dans le respect de la dignité humaine et de la loi en vigueur», assurant que les droits fondamentaux accordés aux personnes interpellées sont «préservés et qu'elles n'ont pas fait l'objet d'injustice ou de négligence ou de traitement en dehors de la loi». Pour ce qui est du cas Kamel-Eddine Fekhar, le procureur de la République a démenti tout ce qui a été dit à propos de son interpellation. Selon lui, ce dernier a été traité de la même manière que ses codétenus, soutenant que son arrestation a été effectuée dans «la légalité et il est traité conformément à la loi en vigueur», assurant que l'intéressé a «reçu la visite des membres de sa famille et s'est entretenu au téléphone avec son épouse, sa fille et sa mère». Ce que confirme, par ailleurs, Me Salah Dabouz, qui soutient que le frère de l'ex-président du bureau de Ghardaïa de la LADDH (ligue algérienne de défense des droits de l'Homme) a rendu visite à ce dernier dans un commissariat autre que celui dans lequel il a été transféré à son arrestation jeudi dernier en soirée, qui lui a assuré avoir subi «plusieurs interrogatoires filmés de 3 à 4 heures chacun». Ceci dit, deux autres personnes dont l'un faisait l'objet d'un mandat d'arrêt, ont été interpellées. A. A. âgé de 29 ans a été arrêté pour son implication dans des affaires liées à l'association de malfaiteurs, tentative de meurtre et rassemblement armé alors que A. M. âgé de 50 ans, chez qui deux fusils de chasse et des munitions ont été saisis, est impliqué dans une affaire de meurtre commis durant les derniers événements. Le communiqué de la DGSN qui fait part de ces deux arrestations, ajoute qu'«une arme automatique et des munitions ont été retrouvées lors du ratissage effectué par les forces de police de la wilaya. Sur un autre plan, le bilan des morts des affrontements sanglants de la semaine dernière vient de s'alourdir. Un quinquagénaire, 53 ans, atteint par un projectile dans les échauffourées qu'a connues Guerrara a succombé, lundi soir, à ses blessures à l'hôpital Tirichine-Brahim de Ghardaïa. Ce qui porte à 20 le nombre de victimes enregistrées depuis la reprise, début de juillet, des affrontements dans cette ville et à 23 personnes sur l'ensemble de la wilaya de Ghardaïa en sus de nombreux blessés. Délégation du FFS à Ghardaïa Le FFS, relativement bien implanté dans la région, a décidé d'envoyer à Ghardaïa une délégation de sa Direction nationale. C'est là la résolution phare de la réunion nocturne, avant-hier, de son secrétariat national consacrée à l'évolution de la situation dans la wilaya de Ghardaïa, après les événements dramatiques qui ont secoué cette région, la semaine écoulée. La participation à cette réunion de responsables des fédérations du FFS de Ghardaïa, de Ouargla, des militants de Guerrara, ainsi que des membres du Comité de coordination et de suivi (CCS) et des représentants de la société civile de Ghardaïa a «permis un débat large et une meilleure compréhension de la situation qui prévaut dans cette wilaya», selon le communiqué sanctionnant cette réunion. Et pas plus loin qu'avant-hier, le PT a diligenté une mission parlementaire dans la région qui a eu à s'entretenir avec les représentants des deux communautés. Ceci dans l'attente que l'instance de concertation et de suivi de l'opposition ne fasse de même, elle qui a décidé, lors de son sommet de jeudi dernier, d'envoyer une délégation à Ghardaïa pour signifier la solidarité de l'opposition avec le populations de la wilaya de Ghardaïa. Sur un autre plan, le wali de Ghardaïa a décidé, dimanche dernier, d'interdire les manifestations et les rassemblements dans cinq communes de la wilaya. Une interdiction s'étalant sur six mois, qui concerne les spectacles, les cortèges, les attroupements et les sit-in au niveau des communes de Ghardaïa, Guerrara, Berriane, Bounoura et Dhaya Ben Dhahwa.