La réplique de Hanoune à la ministre de la Culture ne s'est pas fait attendre. La secrétaire générale du Parti des travailleurs considère que Nadia Labidi s'est comportée en «délinquante» et en «chef de bande» en la menaçant et en envoyant des «barbouzes» chez elle. Nawal Imès - Alger (Le Soir) Comme il fallait s'y attendre, Louisa Hanoune fait appel à ses talents d'oratrice redoutable pour répondre à la ministre de la Culture. Droit au but, la secrétaire générale du PT a torpillé la ministre de la Culture la qualifiant de «délinquante» agissant en véritable «chef de bande». Hanoune estime, en effet, que Labidi avait violé tous les us de la République en menaçant ouvertement un responsable politique sans même informer le Premier ministre de cette démarche. Hanoune a tenu à préciser que l'échange d'amabilités entre elle et la ministre de la Culture n'avait rien d'une histoire personnelle mais qu'il s'agit bien d'un conflit qui devrait trouver règlement dans la sphère du politique. Le numéro un du PT regrette que la ministre de la Culture ait choisi une tout autre méthode en réaction aux propos la mettant en cause. Scandalisée, Hanoune affirme que des individus s'étaient présentés chez elle. Ne les ayant pas reconnus, elle a, dit-elle, fait appel au responsable de la sécurité du parti. Ces individus ont, dit-elle, trompé les voisins qui leur ont ouvert la porte de l'immeuble. N'ayant pas pu remettre la fameuse lettre rendue publique par Labidi à Hanoune, ces mêmes individus se sont dirigés vers le siège du parti, usant d'un ton menaçant. Des méthodes de «barbouzes», dit-elle, puisque même lorsque la présidence de la République envoie des missives à Hanoune, elle le fait faire par le biais de la directrice du protocole. Ceci pour la forme. Dans le fond, Hanoune maintient, sans surprise aucune, ses propos considérant que depuis son arrivée à la tête du département de la culture, Labidi a usé des deniers publics selon son bon vouloir. La secrétaire générale du PT estime qu'il lui faudrait beaucoup de temps pour énumérer les pratiques douteuses de la ministre de la Culture, se limitant, dit-elle, à la gabegie et à la dilapidation de l'argent car, dit-elle, «il y a des choses encore plus grave», notamment au plan de la diplomatie et de son adhésion à une ONG aux orientations contraires à la politique de l'Algérie. Hanoune avoue avoir patienté une année avant de rendre publiques le informations qu'elles détenaient sur la gestion du ministère de la Culture. «J'étais gênée. Pendant une année, je me suis retenue mais je l'ai avertie à l'occasion de la cérémonie du 1er Novembre que si elle continuait elle irait en prison», dit-elle mais constatant que la ministre «exagérait», Hanoune a décidé de parler pour ne pas «être complice». Le feuilleton Labidi-Hanoune n'est visiblement qu'à son début puisque la première responsable du PT affirme que ce que les députés de son parti avaient dit à l'APN ne représentait qu'une infime partie et que si elle avait «du temps à perdre», c'est elle qui prendrait l'initiative de la poursuivre. Au passage, Hanoune n'a pas épargné le ministre de la Communication et le DG de l'ENTV qui se rendent complices dans ce conflit d'intérêts en diffusant une émission produite par la société de la ministre. Boudiaf dans le collimateur Louisa Hanoune n'a pas non plus épargné le ministre de la Santé, évoquant l'existence d'une véritable «délinquance ministérielle». Hanoune faisait allusion aux récentes attaques du ministre de la Santé qui s'en était pris, depuis Annaba, à la première responsable du PT. Elle dira que «le peuple sait qui est au service de l'oligarchie et qui a donné des contrats d'exclusivité à des entreprises étrangères et à un individu intervenant dans les travaux publics et n'ayant aucun lien avec la santé». Et d'ajouter que «le félon, c'est celui qui veut trahir un des principes de la Révolution en remettant en cause la gratuité des soins, c'est celui qui décide de faire appel à des étrangers pour la gestion des hôpitaux». Hanoune exige qu'une commission d'enquête soit mise en place pour mettre un terme à «la rapine et à la gabegie» et aux «comportements maffieux» qui seraient à l'origine de la démission du secrétaire général du ministère de la Santé. La justice, dit-elle, devrait se saisir du dossier. Idem pour l'affaire du cahier des charges concernant les concessionnaires et où des soupçons de délit d'initié planent. Son parti, dit-elle, ne s'adaptera jamais à cette «dérive oligarchique» et appelle à mettre à la porte les ministres qui sont derrière car, conclut-elle, il y a urgence à mettre un terme aux scandales en cascade».