La 12e édition du festival Racont'arts se déroulera du 24 au 31 juillet au village Iguersafène, dans la région des Ath Yedjer, situé sur un flanc de montagne à 25 km de Azazga. Cet événement indépendant se déroule chaque année dans un village de Kabylie et brasse de multiples disciplines artistiques et littéraires. S'appuyant essentiellement sur une collaboration originale entre les organisateurs, les habitants du village hôte et le mouvement associatif de la région, le Festival Racont'arts se distingue par un mode de fonctionnement inédit en Algérie : les invités, algériens comme étrangers, sont hébergés chez l'habitant, la plupart des activités ont lieu en plein air et les artistes se produisent à titre gracieux. La manifestation a également cette spécificité d'encourager le street-art et de laisser dans chaque village des traces artistiques allant du graffiti à la peinture murale. Pour cette édition 2015 placée sous le signe «L'esprit de tajmaât réinventé», Racont'arts sera accueilli par le célèbre village d'Iguersafène, élu récemment le plus propre de Kabylie et dont l'expérience en autogestion est en passe de devenir un cas d'école. Ce hameau paisible connu pour son mouvement associatif hyperactif, son ouverture d'esprit et son hospitalité s'apprête à vibrer tout au long d'une semaine au rythme des soirées musicales dont les têtes d'affiche ne manqueront pas à l'instar de Cheikh Sidi Bémol et Akli D. Le programme de la journée sera consacré aux conférences, aux différents ateliers (contes, calligraphie, chant, dessin, BD, etc.), aux performances d'arts de la rue et aux expositions artisanales et artistiques. Après le succès retentissant de l'an dernier qui a permis aux participants, nationaux et étrangers, de découvrir l'esprit de la Kabylie à travers un séjour d'une semaine au village d'Agoussim dans la région d'Illoulen Oumalou, c'est autour d'Iguersafène (signifiant littéralement «champ entre deux rivières») de présenter son expérience exemplaire qui a déjà fait le tour des médias : des routes bien tracées et signalisées, une récupération écologique des déchets, un autofinancement absolu sauf en ce qui concerne le goudronnage des routes. En somme, un symbole de l'auto-gouvernance qui s'inspire du mode de gestion ancestral (tajmaât) tout en l'enrichissant avec des notions et des outils modernes. Cela tombe à point puisque le festival se nourrit, depuis sa naissance, de la philosophie d'une organisation participative dont le pilier central est le bénévolat. Chaque année, les invités sont nourris et hébergés par les habitants qui, par ailleurs, s'impliquent massivement dans les différentes activités. Le déroulement du festival n'est donc pas régi par un planning figé mais il fluctue au gré des rencontres, des affinités artistiques et des improvisations. Musiques, arts plastiques, danse, littérature, théâtre, cinéma et réflexion cohabitent au sein d'un espace dédié au multiculturalisme et à la créativité. Pendant la journée, la place centrale, les espaces verts et les ruelles du village d'accueil ne désemplissent pas, entre jeunes plasticiens qui insufflent une vie nouvelle aux murs et aux façades des maisons, les musiciens qui voguent avec leurs instruments, les conteurs entourés d'une cohue d'enfants, et bien sûr l'artiste Denis Martinez, parrain et cofondateur de Racont'arts, qui embellit les lieux avec ses fresques célébrant les signes berbères. Du côté de la scène musicale, Akli D., habitué de l'événement, sera fidèle au rendez-vous cette année ; à ses côtés, Cheikh Sidi Bémol, le trio Ammour, Myriam Hammani, les Pigeons voyageurs d'Afrique (PVA), la parade du carnaval Ayred, le groupe Debza, Rabah Inaslyen, Karim Djerroud, etc. Plusieurs conférences se tiendront également au niveau de l'école primaire du village et on retiendra celle de Saïd Saâdi sur le Printemps berbère d'avril 1980 ainsi que les différentes interventions sur le thème central «Tadjmaât» dans le cadre de trois forums coordonnés par le chercheur et écrivain Rachid Oulebsir. Dans le volet cinéma, la programmation arbore une palette riche et variée : Fadhma n'Soumer de Belkacem Hadjadj, Arezki l'indigène de Djamel Bendeddouche, Slimane Azem, une légende de l'exil de Rachid Merabet, Hnifa, une vie brûlée de Ramdane Iftini, tandis que le 4e art sera représenté par la pièce Zehrat eddar de la troupe tunisienne Jeunes artistes. Enfin, le festival sera inauguré entre autres par le vernissage de l'exposition de photographies de Sid Ahmed Semiane et le premier coup de pinceau de l'intervention in-situ de Denis Martinez.