Par Boualem Aïssaoui Dans un pays qui a réussi à façonner sa propre image et à en faire un formidable outil de combat durant la guerre de Libération nationale, qui comptait au lendemain de l'indépendance l'un des réseaux de salles de cinéma le plus dense au Maghreb et en Afrique, qui a conquis tôt une Palme d'or sur la plus prestigieuse des scènes où concourent les films du monde entier, construit une cinémathèque en lettres capitales, développé une chaîne de ciné-clubs, de ciné-pops et de ciné-bus qui ont donné naissance à des passions et à des talents, arraché de nombreux prix dans des festivals aux quatre coins de la planète, servi de plateau de tournage à des équipes de renommée internationale, initié sans complexe des coproductions avec des partenaires du Nord, aidé avec générosité des cinémas du Sud et des cinémas voisins à émerger, parler aujourd'hui de pénuries de salles, de déficits chroniques dans le domaine de la formation, d'absence de ressources financières diversifiées et d'investissements en mesure de hisser la production cinématographique nationale aux normes professionnelles modernes dans toutes les étapes de fabrication d'un film, de l'inexistence de studios de production et de post-production et, par voie de conséquence, de dépendance extérieure coûteuse, d'éparpillement de nos archives à travers de nombreux pays, c'est dire l'incohérence d'une politique culturelle pourtant grassement argentée ces derniers temps, qui a fini par réduire d'année en année, faute de stratégie à long terme, la place du grand écran aux seules «avant-premières» et manifestations événementielles forcément passagères. Faire sans complaisance cet état des lieux, c'est dire aussi l'urgence d'un plan de relance sur plusieurs fronts. Le cinéma est un art populaire par excellence, une industrie et un commerce. En Algérie, nous avons, certes, une connaissance de l'art, des films se font bon an, mal an, dans tous les genres et les formats, dans la majorité des cas avec l'argent public seul et dans des conditions parfois éprouvantes, mais point d'industrie ni de commerce. A l'heure où nous célébrons l'an cinquante-trois de notre indépendance nationale dans la timidité, alors que partout dans le monde, dans des pays qui sont loin de pouvoir aligner une histoire aussi ancienne et glorieuse que la nôtre, le jour de l'indépendance est une longue journée de recueillement, d'hommages, de distinctions civiles et militaires, de défilés, d'annonces solennelles, de débats, de fêtes locales et régionales, de feux d'artifice pour couronner la joie populaire ; cet amer et dur état des lieux du cinéma ne peut rester sans interrogations. Comment expliquer qu'un pays qui dispose d'au moins cinq établissements à caractère public en charge officiellement de la réglementation, du développement de la production, de la diffusion de la culture cinématographique nationale et universelle, du rayonnement du cinéma algérien à l'étranger, qui a institué de nombreux festivals régionaux et internationaux dédiés au septième art, qui a voté des lois pour promouvoir l'activité cinématographique, dont le ministère de la Culture comprend une direction centrale consacrée en grande partie au cinéma, un pays qui a dépensé des sommes colossales ces dernières années pour aider des cinéastes algériens résidents et non-résidents à faire des films, qui a signé des accords internationaux de co-production et de coopération avec des Etats connus pour leur longue et riche tradition cinématographique, peine, pour ne citer que ce cas, à offrir à ses citoyens des salles de cinéma répondant aux normes professionnelles en termes d'équipement et de confort ? Sans revenir sur les causes structurelles connues qui ont signé son déclin en termes de financement, d'infrastructures de production, de distribution et d'exploitation et sur la part de la responsabilité des pouvoirs publics en la matière qui ont vite cédé dans les années quatre-vingt-dix aux effets de la crise en optant pour des restructurations hâtives et improductives puis pour la liquidation pure et simple des organismes de production existants sans vision d'avenir et sans alternatives dignes d'un grand Etat, abandonnant des équipements stratégiques à la rouille et livrant des cinéastes et des techniciens à une retraite anticipée ou à une libre entreprise incertaine pour ceux qui en font l'option, d'autres facteurs méritent qu'on s'y attarde. On peut dire que les «changements» générationnels naturels, les comportements sociaux assumés ou contraints qui ont touché jusqu'à la composition des publics des salles de cinéma où les familles sont absentes comparativement aux temps prospères des premières années de l'indépendance vécues dans la convivialité et la tolérance malgré les restrictions faites aux libertés individuelles et la modestie des moyens ; que les bouleversements socio-politiques qui ont violenté dans ses assises physiques et morales la société algérienne «invitée» à souscrire par la peur rampante et parfois par la menace à un nouveau «mode de vie» qui laisse peu de place au divertissement par l'image lorsqu'il ne condamne pas celle-ci à l'obscurité totale, ajoutés à la «préférence nationale» accordée massivement par les foyers à la télévision d'où qu'elle vienne, tous ces facteurs ont fini par assécher le cours du cinéma algérien qui ne peut vivre et se développer comme partout dans le monde, sans un environnement social favorable. On le sait, parce qu'il rassemble en un même lieu et dans les mêmes conditions un public qui a choisi librement de partager le même spectacle, le cinéma est de toute évidence un facteur de cohésion sociale et une expression heureuse du «sentiment du vivre ensemble». Bien évidemment, les sociologues et les laboratoires de recherche sont mieux outillés pour fournir des éclairages plus compétents, nous aider à mieux comprendre la désaffection du public traditionnel à l'égard du cinéma, imaginer des solutions d'urgence et préparer le public de demain. Mais aujourd'hui, que faire ? Se suffire du constat et lever la séance? Continuer à faire le procès des uns et des autres ? «Charger» l'Etat qui croule sous les doléances? Se contenter d'actes solitaires ? Se réfugier dans son confort individuel en attendant que le «nerf de la guerre» se remette en service et venir aussitôt tendre sa main au guichet ? Que le train tout entier soit mis sur rails avant de sauter en nœud papillon dans le wagon première classe ? Homme de culture, proche de l'activité cinématographique par ses écrits littéraires et sa connaissance pratique de ses étapes au moins pour ce qui relève du texte fondateur d'un film, le scénario, homme d'extraction populaire dont l'humilité intellectuelle, la sagesse et la capacité d'écoute sont reconnues, l'actuel ministre de la Culture, M. Azzedine Mihoubi, sera-t-il l'homme de la décision qui remettra les choses en ordre de marche ? S'il n'y aucun doute sur la bonne volonté affichée, d'aucuns, édifiés par les promesses du passé restées en l'état, s'interrogent s'il aura la durée, les moyens et les soutiens pour conduire, par les actes, le vaste chantier qu'il vient d'inaugurer par des paroles franches et généreuses. Loin des rassemblements populistes où on préfère élever des potences pour amuser la foule et tenter de cacher une incompétence manifeste dans la gestion des affaires de l'Etat qui sera tôt ou tard démasquée et sanctionnée comme un exemple récent vient d'en fournir la preuve, loin de tout amalgame, rendant au département de la Culture la morale, le respect de la chose publique dans tous ses compartiments, l'organisation rationnelle de ses structures et la sérénité à ses cadres, dans la concertation professionnelle sérieuse et productive, quelles mesures d'urgence, quelles actions à moyen et long termes compte prendre ou initier l'homme qui préside depuis peu aux destinées du département de la culture que des mains au vernis trompeur, expertes en nuisance et un esprit davantage porté sur la jouissance et le maquillage multiple, ont failli achever durant une parenthèse malheureuse de quelques mois heureusement vite refermée ? En se référant à ses premiers contacts avec des gens de la profession qu'il entend élargir et ouvrir à d'autres disciplines culturelles, aux éléments proposés au débat préliminaire qui témoignent d'une approche documentée du dossier et d'une ambition largement et vivement partagée de donner au cinéma algérien les moyens de sa renaissance et de sa promotion en tant qu'art, industrie et secteur économique attractif pour les investissements et créateur d'emplois ; dans une démarche de solidarité intellectuelle et de disponibilité professionnelle qui nous a conduit à produire ces dernières années de nombreuses contributions sur les questions de l'audiovisuel et du cinéma dans notre pays, qu'il nous soit permis ici d'inscrire au registre des échanges à venir les réflexions et propositions suivantes : 1. En finir avec la question des salles de cinéma. Des textes de loi existent depuis 2011, des actions de récupération et de restauration de salles (affectées précédemment aux collectivités locales) généralement versées après leur réhabilitation au réseau de la cinémathèque ont été engagées ; poursuivre la restauration et la mise en conformité en matière d'équipement, de confort et de sécurité des salles «récupérées» ; promouvoir par des mécanismes d'appel en direction du secteur privé national la création de salles multiplex dans les grands centres urbains, les villes nouvelles, les grands pôles immobiliers ; encourager et intéresser les capitaux nationaux et étrangers à s'investir, la formule du partenariat devant être privilégiée, dans la création de complexes socio-culturels de taille humaine offrant des commodités et un environnement favorable aux jeunes et aux familles et au sein desquels seraient implantées des salles de prestige. Toutes ces actions d'urgence et à court terme, qui devraient donner naissance à des salles de cinéma de standard international, ajoutées aux salles des maisons de la culture de l'ensemble des wilayas dont une grande partie peut se prêter à des projections cinématographiques dans le cadre de programmes d'animation thématiques, au réseau de la cinémathèque en croissance qui mérite plus de moyens et un encadrement de qualité pour répondre à l'ampleur de sa tâche artistique et pédagogique et à sa mission de protection du patrimoine filmique, au parc des ciné-bus qu'il importe de mobiliser davantage en milieu rural, aux ciné-clubs qui doivent renaître dans les grandes écoles, les universités, les résidences universitaires, les espaces urbains, les bases vie des entreprises majors, vont dessiner peu à peu la nouvelle carte du réseau des salles de cinéma et des foyers de diffusion de la culture cinématographique en Algérie, ouvrir un marché prometteur devant les producteurs, les distributeurs, les exploitants, les investisseurs nationaux et étrangers, et réinsérer à nouveau, c'est le but, le septième art dans la société. 2. Pour une «cité du cinéma et de l'audiovisuel» : sans des studios de tournage adaptés à tous les genres de production, avec leurs espaces traditionnels et modernes, leurs décors naturels et artificiels, leurs ressources en effets spéciaux, leurs magasins d'accessoires toutes époques confondues, leurs ateliers, des personnels dont la qualification ne se prête à aucune approximation et dont la disponibilité ne relève pas de la surenchère, une organisation qui libère aux tâches essentielles et protège des surcoûts, un laboratoire réhabilité et modernisé adossé à un centre de post-production en charge des travaux de numérisation et de kinéscopage pour le support film ; les productions algériennes, qu'elles émargent prioritairement au secteur cinématographique ou à l'activité audiovisuelle, continueront à se perdre en repérages éprouvants, en reconstitutions laborieuses, en combinaisons qui entretiennent la tension et l'hypertension pour parvenir à monter une équipe pluridisciplinaire «normale» et réunir les moyens techniques incontournables en amont et en aval du premier tour de manivelle, l'objectif annoncé étant de livrer au stade final, au grand ou au petit écran, une œuvre de qualité répondant aux normes universelles. Aujourd'hui, les conditions semblent réunies pour associer les efforts et les projets du ministère de la Communication, qui entend refonder et moderniser le secteur public de la télévision, déficitaire en moyens de production en mesure de soutenir une production quantitative et qualitative des programmes, aux actions d'urgence que le ministère de la Culture se prépare à mettre en place dans la consultation avec ses partenaires professionnels. Deux ministres de la République qui ont en partage la jeunesse et l'ambition de servir, que rapproche l'exercice dans une précédente carrière du métier de journaliste dans des rubriques similaires, qui comptent à leur actif une production culturelle et romanesque, qui gèrent des secteurs qui participent à l'éducation citoyenne par l'image, qui ont vécu unis dans un passé récent, qui aiment certainement comme de nombreux Algériens le cinéma et la télévision, quels arguments pourraient donc les opposer lorsque l'enjeu impose de rassembler les efforts et les moyens pour construire une cité du cinéma et de l'audiovisuel à la mesure d'un pays aussi vaste que l'Algérie ? Au site identifié il y a plus de trente ans dans une région présaharienne du pays pour construire des studios de tournage, d'autres lieux proches des grands axes de communication et de transport peuvent être soumis à la réflexion et à l'évaluation aujourd'hui. Au-delà des avantages multiples qu'elle procure aux productions algériennes quelles qu'elles soient, ouverte aux prestations extérieures, «la Cité du cinéma et de l'audiovisuel» est une plate-forme économique créatrice d'emplois et de richesses et un facteur actif pour le rayonnement artistique, culturel et touristique de notre pays. Une formidable mobilisation doit être engagée pour intéresser, dans le cadre de la création d'une société par actions, les capitaux algériens et étrangers, les grandes compagnies privées et publiques proches de l'activité cinématographique et audiovisuelle nationale, les producteurs, les distributeurs, les exploitants, les citoyens qui le désirent à l'investissement culturel, à l'érection, dans les meilleurs délais de ce projet d'envergure internationale, de la Cité du cinéma et de l'audiovisuel. Un pays, qui construit l'un des plus longs réseaux d'autoroutes d'Afrique, des universités dans chaque wilaya, des écoles en tous coins, qui dispose d'une large couverture de téléphonie mobile, qui s'attend à voir s'élever le minaret de la plus grande mosquée du monde, pour ne citer que ces repères, serait-il soudain atteint de paresse ou démuni dès qu'il s'agit de bâtir un projet culturel de cette dimension ? 3. Un film est un produit coûteux. De plus en plus coûteux. Mais un film s'autofinance en grande partie grâce aux prélèvements fiscaux opérés sur le ticket d'entrée dans une salle de cinéma et reversés à un fonds public d'aide spécialisé, qui les redistribue sous forme d'avances sur recettes, de participation, de soutien ou de subventions, en fonction de paramètres transparents qui tiennent compte sans égalitarisme, sans élitisme et sans favoritisme, de la qualité du scénario, de la crédibilité de la société porteuse du projet, du professionnalisme des auteurs et de l'évaluation argumentée du budget. Pour faire dans le raccourci, c'est un peu la règle des vases communicants. En fait, pour rester dans l'univers de l'image, c'est le spectateur qui participe au financement de son propre spectacle. Sauf que dans notre pays, l'un des vases est depuis fort longtemps tombé à terre, et sans salles de cinéma en nombre suffisant et en confort digne du respect dû au spectateur, avec une production épisodique, si on comptabilise toutes les entrées d'un film pris au hasard à titre d'exemple, il est fort probable qu'on réunira à peine de quoi régler les factures des affiches et des dépliants pour reprendre une expression devenue banale dans le milieu professionnel. La question du financement durable du cinéma se pose donc en termes de contraintes pour nombre d'années à venir. Si le regroupement annoncé des différents fonds d'aide du ministère de la Culture ne doit pas s'opérer au détriment de l'activité cinématographique déjà inscrite au pavillon des urgences, il devrait revenir tôt ou tard à la Culture dont c'est le métier, la gestion des fonds affectés actuellement au ministère des Moudjahidine pour la production de films de fiction sur l'histoire. Ce département ministériel, dont l'avis sera toujours obligatoirement sollicité pour ce qui relève des projets de films en rapport avec l'histoire de la lutte de Libération nationale, et ce, conformément à un article de la loi sur le cinéma, controversé mais voté, gagnerait à s'investir principalement dans la réalisation de programmes documentaires et la récolte de témoignages, si utiles aux historiens et à l'éducation patriotique de la jeunesse. Le FDATIC (Fonds de développement des arts, de la technique et de l'industrie cinématographique), composé de gens de profession au mandat renouvelable, dont la gestion devrait souscrire sans tarder aux règles de la transparence par l'ouverture d'un site web dans lequel seront consignées et actualisées toutes les données relatives à l'examen des textes de scénarios et au traitement des dossiers de production qui les accompagnent, a fourni le plus gros effort financier pour aider les films algériens à se faire. Il devrait introduire plus de rationalité dans son fonctionnement et se doter d'objectifs, établir un barème de référence revu et corrigé en fonction de la réalité des coûts pour s'assurer de l'évaluation la plus objective des budgets proposés (petit budget, moyen budget, grande production), les projets de films reconnus d'intérêt national touchant aux grandes périodes et aux grandes figures de notre histoire, pouvant disposer sans controverse, à titre exceptionnel, de mesures spéciales, pour peu qu'ils empruntent, en ce qui concerne la procédure du dépôt et du traitement, la même voie. Le FDATIC, dont les ressources financières devraient se diversifier et bénéficier de nouveaux apports qu'il y a lieu d'imaginer dès maintenant (perception d'un pourcentage sur les droits d'auteur et les amendes pour piraterie massive de produits cinématographiques, versement de droits par les télévisions diffusant des films cinéma, introduction de taxes sur la vente des grands équipementiers et des compagnies de téléphonie mobile dont les applications diffusent maintenant de l'image animée, contribution de l'Anep ?), des banques commerciales qui jouent le jeu du «risque culturel», les collectivités locales avec leur soutien croissant en termes de logistique aux productions et coproductions algériennes qui se réalisent en partie sur leur territoire, l'administration fiscale et douanière qui accompagne par des mesures d'allègement l'activité cinématographique au stade de l'investissement, de la production, de la distribution et de l'exploitation, le producteur qui s'engage réellement par des apports personnels, des films qui réconcilient le citoyen avec les salles de cinéma, tous ces chaînons sont de nature à consolider solidairement, d'année en année, le financement durable du cinéma national. 4. En matière de formation, si dans son essence, le cinéma fait travailler d'autres arts et une multitude de métiers, il souffre paradoxalement d'énormes déficits dans les professions qui le font directement. L'ouverture d'une filière «cinéma» au niveau de l'enseignement supérieur, la création, en partenariat avec le département de la Communication, d'un institut supérieur de formation aux métiers du cinéma et de l'audiovisuel, la modernisation et le renforcement qualitatif des capacités du secteur de la formation professionnelle en la matière (institut d'Ouled Fayet), l'aide aux écoles privées agréées actuelles et à venir, l'organisation périodique d'ateliers et de résidences d'écriture et de réécriture, et de séminaires techniques sur les technologies nouvelles et les nouveaux procédés et profils auxquels elles donnent lieu, l'application suivie des accords de coproduction cinématographique et de coopération culturelle signés avec des Etats étrangers, la diffusion de la culture cinéphile à l'école en accord avec l'Education nationale pour éduquer le goût artistique des enfants dès leur jeune âge, préparer le public de demain et susciter des vocations ; autant de propositions qui ressortent d'une réflexion largement partagée pour peu que sur ce front, la distance entre le verbe et l'action soit la plus courte possible. 5. Qui n'a pas entendu discourir sur l'absence de textes et de scénarios pour tenter d'expliquer le recul du cinéma algérien ? En fait, ce ne sont pas les textes qui font défaut mais leur scénarisation technique qui doit être prise en charge en tant que métier dans le «volet formation» du plan de relance envisagé par les pouvoirs publics. Les réalisateurs et les producteurs sont-ils de grands lecteurs ? La création littéraire algérienne que les librairies et les salons du livre mettent en vitrine renseigne sur la diversité des genres que des auteurs de plus en plus nombreux, de générations différentes et d'intense inspiration, offrent aux lecteurs. Par un système d'encouragement à l'adaptation d'œuvres algériennes au cinéma qui reste à imaginer, et l'écriture de scénarios qui portent en leur cœur l'âme algérienne élevée à l'universalité, par une critique délivrée des tentations du «jugement dernier» qui enlève à la parole sa sérénité, portée dans le respect de son regard, par une démarche professionnelle constructive comme elle sait souvent le faire, par la mise en place d'un forum où se rencontrent régulièrement des auteurs, des personnalités culturelles, des journalistes, des cinéastes, des techniciens, des acteurs, des producteurs, des distributeurs, dans le cadre de cycles de conférences et de rencontres conviviales, l'espoir existe de voir naître des traditions qui ajoutent à l'acte de création forcément individuel, les valeurs de partage. 6. On n'a pas tout dit. Un institut national des archives filmées pour la récupération, la conservation et l'exploitation des négatifs et des positifs des films d'hier, d'aujourd'hui et de demain, une expertise sévère des festivals trop nombreux, mal répartis, peu organisés et coûteux, devront également s'inscrire à l'ordre du jour du plan de relance. D'autres questions liées à la réglementation, à l'organisation de la profession et à la promotion de l'action associative doivent s'affirmer comme des objectifs à réaliser. Ce plaidoyer qui emprunte dans ses têtes de chapitre aux grands axes d'un plan d'urgence de relance du cinéma algérien exposés, commentés et soumis à la réflexion par le ministre de la Culture dans une rencontre préliminaire avec les professionnels, peut-il aider le débat pour la construction d'un projet stratégique depuis longtemps attendu ?