Cacophonie à grande envergure dans la structure de gestion du sport roi en Algérie. Une semaine, jour pour jour, après la décision de la FAF, dont les membres du bureau se sont réunis samedi passé au CTN de Sidi Moussa, d'interdire le recrutement de footballeurs étrangers, un membre, et pas n'importe qui puisqu'il s'agit du président de la LFP, gestionnaire par délégation des championnats dits «professionnels », s'est exprimé sur la question en affirmant, contre toute attente, que «la décision n'est pas définitive». Mohamed Bouchama Alger - (Le Soir) - Dans une intervention faite à la RAI (Radio Algérie internationale), le patron de la Ligue de football professionnel a fait savoir que «la FAF a pris cette décision pour permettre une meilleure réorganisation du recrutement du joueur étranger. Si d'ici au mercato d'hiver, il y a une réelle volonté de la part des clubs pour améliorer les conditions d'engagement d'un étranger, la décision sera levée». Ce qui est en totale contradiction avec le contenu du communiqué de la fédération, rendu public dimanche dernier. Ce dernier expliquait que «compte tenu des difficultés financières, de l'impossibilité d'obtenir des devises légalement pour payer les salaires, indemnités de formation et de solidarité des joueurs étrangers », le Bureau fédéral a décidé de mettre fin à l'importation, par les clubs de Ligue 1 Mobilis, des footballeurs étrangers. Depuis, en dépit d'une levée de boucliers de la part des médias et des acteurs du football, aucune voix officielle n'est venue fournir les vraies raisons de cet interdit qui épargne d'autres coopérants à l'instar des entraîneurs européens et des footballeurs binationaux, également concernés par la difficulté du paiement de leurs salaires et indemnités faute d'obtenir, par les clubs, des devises légalement. Jusqu'à cette sortie inédite et controversée du président de la LFP. Kerbadj a-t-il été mandaté pour parler au nom de ses compères du Bureau fédéral de la FAF ? On sait l'homme (Kerbadj, ndlr) capable de faire le jeu d'équilibre entre les instances dirigeantes du football national et leurs partenaires directs (clubs). L'ancien boss du Chabab de Bélouizdad a souvent été un médiateur écouté par les représentants des clubs. En de nombreuses circonstances, il a apporté ses bons offices pour dénouer d'inextricables situations à l'image du bras de fer Raouraoua- Hannachi qui a vu les deux responsables se livrer une guerre sans merci par presse interposée. Annoncé à plusieurs reprises partant de la présidence de la LFP, Mahfoud Kerbadj a fini par répondre favorablement à l'appel de ses anciens compères de clubs mais également à celui de Mohamed Raouraoua. Ce dernier qui semble s'éclipser de la scène médiatique ne serait pas étranger à la nouvelle «mission» confiée à Mahfoud Kerbadj. De nouvelles dispositions à faire voter en AG Dans son intervention de ce samedi, le président de la LFP laisse la voie ouverte à une levée immédiate, dès le prochain mercato (date à laquelle le BF de la FAF avait fixé le début de la fin du recrutement des footballeurs étrangers), et pose les jalons de l'éventuelle amnistie. «Plusieurs conditions devront être réunies désormais pour le recrutement d'un joueur étranger : l'ouverture d'un compte bancaire avec l'accord de la Banque centrale pour le transfert d'une partie de son salaire à son pays d'origine, un hébergement digne, et surtout prouver que le joueur a bel et bien évolué dans l'équipe première de son pays, quitte à nous ramener les fiches techniques des matchs, car nous n'acceptons plus un joueur qui a porté les couleurs des U17 ou U20 de son pays», a-t-il souligné. Des conditions qui devraient passer par des propositions d'une nouvelle réglementation à proposer aux membres de l'AG de la FAF, sinon aux représentants des 32 clubs professionnels. Kerbadj n'en dira pas plus sur ce projet de révision des critères de recrutement des footballeurs étrangers. Encore moins sur d'éventuelles conditions devant présider au recrutement des footballeurs binationaux, pour la plupart des recalés du système de formation des footballeurs en France qui, eux aussi, doivent être réglés en monnaie étrangère sonnante et trébuchante. Si la FAF a dû régler l'ardoise de nombreux cas soumis à la Fifa, un certain nombre de ces affaires concerne des joueurs algériens nés en France dont les contrats n'ont pas été respectés. Par contre, et c'est la première réponse des instances du football à la riposte informelle des clubs de Ligue 1 à l'interdit de la FAF, Mahfoud Kerbadj a qualifié la décision des clubs recruteurs d'étrangers de prolonger leurs employés non-algériens de «grande faute» sans vraiment démontrer le pourquoi et le comment de cette erreur qui «porterait préjudice et pour l'équipe et pour la FAF» dans le cas où le joueur venait à solliciter la Fifa en cas de conflit. Pour Kerbadj «la plupart des joueurs étrangers évoluant actuellement en Ligue 1, qui sont au nombre approximatif de 70, n'apportent généralement rien à leurs clubs». Sur leur statut, le président de la LFP reconnaît que «mis à part 3 ou 4 qui sont de vrais internationaux, les autres n'ont pas le niveau d'international», proposant que «désormais, les joueurs étrangers intéressés par une carrière en Algérie doivent justifier leur statut en fournissant des copies de feuilles de matchs qu'ils avaient livrés en sélection.» Une «réflexion» aux antipodes des lois et règles qui régissent les transferts internationaux. Un «critère» qui prouve les limites de la culture footballistique de ceux censés diriger les affaires du football en Algérie. L'on saura mieux sur la question d'ici la prochaine réunion du BF de la FAF.