Plus de joueurs étrangers à recruter par les clubs de ligue 1 en Algérie à partir du prochain mercato hivernal. C'est la décision prise, dimanche, par les membres du bureau fédéral de la FAF lors de leur réunion tenue au CTN/FAF de Sidi Moussa. Mohamed Bouchama - Alger (Le Soir) - Mohamed Raouraoua et les membres de son bureau fédéral passent aux actes. Plus question de recruter de footballeurs venant de l'étranger pour les clubs de la ligue 1, les seuls autorisés depuis voilà vingt ans (saison 1995-1996) avec le trio burkinabé recruté par l'USM Aïn Beida présidée par feu Ammar Benboudriou, Moussa Traoré-Moussa Dagno- Youcef Touré, à engager des footballeurs venant de l'étranger. Le communiqué de la FAF, rendu public hier, s'emmêle pourtant les pinceaux pour justifier la décision prononcée dimanche. «Concernant les joueurs étrangers et compte tenu des difficultés financières, de l'impossibilité d'obtenir des devises légalement pour payer les salaires, indemnités de formation et de solidarité des joueurs étrangers ainsi que devant les agissements de certains agents de joueurs et autres acteurs du football peu scrupuleux, le bureau fédéral décide d'arrêter le recrutement des effectifs étrangers dans les clubs professionnels. Aucun recrutement de joueurs étrangers ne sera autorisé à partir de la prochaine date de signature. Les joueurs disposant d'un contrat pourront jouer jusqu'à la fin de leur engagement avec le club. Aussi, les clubs professionnels doivent revoir leur effectif de manière à faire des économies surtout que le nombre de joueurs non utilisés ne cesse d'augmenter et que la masse salariale devient exorbitante», lit-on dans le compte-rendu de la réunion du BF de la Fédération algérienne de football. Une formulation qui laisse planer des doutes, beaucoup de doutes même sur les raisons ayant présidé à la prise de cette décision qui ne va certainement pas plaire à beaucoup de monde. Parmi les clubs mais aussi les agents ou intermédiaires de footballeurs. Car renvoyer la fin de «l'importation» des footballeurs étrangers, exclusivement des pays d'Afrique, à des difficultés financières, vraisemblablement celles du pays, n'obéit à aucune recommandation de la part des services du gouvernement. Le football est, il est vrai, financé par les deniers publics, aucun texte (arrêté, décret et autres lois) n'explique la mesure de la FAF sinon une réponse de l'instance à tous les scandales provoqués ces deux dernières décennies à cause de la gestion du dossier en question. La mort de l'attaquant camerounais de la JSK, Albert Ebossé n'étant que la face émergée de l'iceberg. Les requêtes d'impayés, de contrats non respectés ou de fraude sur le statut, la nationalité et l'âge étaient légion depuis l'apparition des footballeurs subsahariens sur les pelouses d'Algérie. Rappelons-nous les scandales du gardien burkinabo-malien de l'USMA, Coulibaly «déserteur», ou encore les nombreuses affaires traitées au niveau des commissions spécialisées de la Fifa et dont les verdicts et autres sanctions financières ont été pris en charge par la Fédération algérienne de football. Prétexter, par ailleurs, «l'impossibilité d'obtenir des devises légalement pour payer les salaires et indemnités de formation et de solidarité des joueurs étrangers» c'est surtout que, par le passé, nos clubs, avec la complicité des instances du football, agissaient dans une absurde légalité en la matière. Ce qui est, pénalement parlant, punissable. Aujourd'hui, mais aussi depuis que les clubs et sélections font appel à l'assistance technique des coopérants étrangers, la problématique du paiement en monnaie étrangère ne se pose pas tant les textes régissant ce type de contrat donnent le droit à l'employeur (public et privé) de régler les prestations en monnaie étrangère. Dans ce cas, même les staffs des sélections nationales A (Gourcuff) et des U23 (Schürmann) et les joueurs d'origine algérienne venant de l'étranger poseraient problème. Ebossé et les autres C'est dire que si la FAF a le droit de réglementer la pratique du football, elle doit respecter ses propres RG mais aussi les lois de la République, celles portant sur la monnaie en particulier. Dans le premier cas de figure, on pourrait spéculer à volonté s'agissant de la lecture faite aux articles 54 et 55 régissant les transferts de joueurs dans le championnat algérien. Le premier oblige, à titre d'illustration, «un joueur algérien venant de l'étranger» à satisfaire à certaines exigences contractuelles à l'exemple de l'obligation de disposer d'un certificat de résidence. Or, la centaine de footballeurs d'origine algérienne venant principalement de France ne sont pas des résidents en Algérie parce qu'ils sont signataires dans des clubs algériens. Dans l'article suivant (55, ndlr), la FAF se «dénude» lorsqu'elle précise les conditions à réunir par les joueurs étrangers venant de l'étranger, les Subsahariens et autres, doivent justifier du rang d'international (junior et senior), d'avoir moins de 27 ans au moment de la signature du contrat et, enfin, de disposer d'un permis de séjour et de travail. Le club contractant doit, pour sa part, déposer, auprès de la LFP, une garantie financière égale à six(06) mois de salaire fixée en fonction du contrat déposé. Des critères rarement satisfaits sans que la ligue ou la fédération ne s'offusquent. Il est en de même des joueurs d'origine algérienne nés à l'étranger qui bénéficient d'un traitement spécial en Algérie. Cette catégorie de footballeurs, qui a également ses petits privilèges dans le pays de naissance, peut-elle bénéficier d'un double traitement fiscal, social, professionnel et de la sécurité ? La FAF qui a tenté, sans grand succès, ces dernières années de réglementer le marché des transferts sait bien que sa décision n'est pas la bienvenue. Des clubs, certainement «conditionnés» par leurs agents attitrés, vont certainement tout entreprendre pour prolonger leurs étrangers recrutés précédemment tout en offrant des contrats «longue durée» aux nouvelles recrues. Une «issue» que les membres du BF de la FAF auraient pu éviter si la mesure d'interdiction contenait des détails techniques à l'exemple de la date de validité des nouveaux contrats et l'interdiction immédiate de prolonger les contrats en cours de validité.