La saison footballistique 2015- 2016 a démarré avec les mêmes ingrédients qui avaient marqué la fin de l'exercice d'avant. Bide technique, contestations, arbitrage soporifique, une organisation défaillante et un stade à feu et à flamme. Le derby MCA-CRB, sommet qui a accouché d'une souris, fut une nouvelle preuve de l'amateurisme, de l'incompétence, de ceux en charge de la gestion et de développement du football en Algérie. Mohamed Bouchama - Alger- (Le Soir) - Nos stades de football font de plus en plus peur. Homologués à la tête du client, certaines enceintes du sport-roi n'assurent pas le minimum garanti pour la pratique du jeu à onze. Le stade Omar-Hamadi, où s'est tenue la rencontre MCACRB, comptant pour la première journée de la Ligue 1 Mobilis a été le théâtre de la première démonstration des forces du mal qui rodent autour du football. Comme si quelqu'un tenait à ce que l'ouverture de la saison footballistique 2015-2016 soit un (autre) jour de deuil, où le sang des Algériens coule abondamment. Jeudi, quelques heures avant le match, le pire a été évité. Les organisateurs qui avaient vendu les quelques milliers de billets imprimés pour les besoins de ce premier derby de la capitale de l'an 6 du professionnalisme à l'algérienne, l'espace d'une petite heure, ont réussi dans leur entreprise de mettre les nerfs des fans des deux équipes à fleur de peau. Confinés à l'extérieur du vieux temple de l'ex-Saint-Eugène, les supporters des deux équipes n'ont eu accès aux tribunes qu'à une heure et demie du sifflet initial de la rencontre. Certains groupes d'ultras ont réagi violemment en tentant d'en découdre avec les services de l'ordre. Les joueurs et officiels des deux équipes ont été fouillés minutieusement à leur entrée dans le stade. Pourtant, dans les travées du stade Omar- Hamadi, l'arsenal de guerre était omniprésent. A vingt minutes du terme de ce bide footballistique, les supporters du Chabab allumaient des dizaines de fumigènes provoquant la réaction presqu'imminente de leurs voisins du Mouloudia. Par quels moyens, cet «armement» banni des stades avait réussi à être infiltré à l'intérieur de l'enceinte de Bologhine ? Sur les réseaux sociaux, le nom du fils du président de la LFP est cité comme étant derrière cette intrusion d'engins de la mort. Vrai ou faux ? Le problème n'est peut-être pas de savoir qui a réussi l'exploit de faire entrer ces dizaines de fumigènes. Une telle prouesse a bien été réalisée quand des milliers de fans des Verts avaient voyagé, par avion, avec armes et bagages au Burkina Faso, en Afrique du Sud et au Brésil. La question qui revient dans toutes les discussions est de savoir pourquoi la LFP a accepté de programmer ledit derby, et d'autres matchs à hauts risques à venir, dans un stade si exigu et peu commode à accueillir de la vraie compétition sportive ? L'affront à Kerbadj Dans l'absolu, les doigts accusateurs se dirigent en direction du premier responsable de la LFP. Mahfoud Kerbadj, faux démissionnaire du poste de président de la Ligue de football professionnel, en mars dernier, est revenu cette saison avec de nouvelles ambitions, de nouvelles tentations aussi. Lui qui déclarait, mercredi dernier sur les colonnes de nos confrères d'El-Khabar et sur le plateau de l'ENTV, la guerre aux... Algériens. Et pour cause ! Kerbadj pense que pour bien lancer le professionnalisme en Algérie, il faudrait des moyens à l'européenne : des stades, des joueurs, des arbitres et des dirigeants de clubs à la hauteur des normes «made in». Celui qui parle s'auto-exclut de la meute des gens et de genres à envoyer à la décharge publique. Charger implicitement le wali d'Alger de ne pas avoir autorisé le déroulement du match au stade du 5-Juillet, c'est un peu fuir ses responsabilités. Celles-ci sont contenues dans des déclarations faites par ce même responsable, ancien président d'un club (le CRB en l'occurrence), dans lesquelles il s'enorgueillit du pouvoir de décider de la domiciliation des matchs, son instance décidait quand elle voulait. Kerbadj qui n'est pas à une contradiction près savait que toutes les réserves n'étaient pas encore levées pour que le stade du 5-Juillet puisse accueillir à nouveau des matchs de football après le drame du 21 septembre 2013 qui a coûté la vie à deux supporters venus voir le fameux derby MCA-USMA. L'avis des services de sécurité n'étant pas des moindres, Kerbadj aurait pu s'économiser une nouvelle guéguerre verbale avec les dirigeants des clubs, ceux du MCA en particulier, en avançant que le match retour CRB-MCA se jouera «naturellement» au stade du 20-Août. L'ex-stade municipal des Annassers a abrité hier un match (USMH-JSS) et accueillera aujourd'hui un second (NAHD-USMA) sans qu'il soit homologué, la commission chargée de son inspection et qui a le devoir de se prononcer sur son homologation, devant repasser ce dimanche pour une seconde visite. Le stade du 20-Août estil «homologable» pour les rencontres des autres clubs d'Alger et pas celles du CRB ? Cela nous rappelle le tristement épisode du stade «Smaïl-Makhlouf» de Larbaâ homologué la saison passée par à-coups avant d'être rayé, en début de cet exercice des enceintes capables de recevoir des matchs de l'élite. Une décision qui frappe aussi le stade du 1er-Novembre (Mohammadia, Alger) où l'ensemble d'El-Harrach est «naturellement» domicilié. Ce week-end, le président du RCA, Djamel Amani, a repris ses attaques personnalisées en direction de Mahfoud Kerbadj, suspecté par l'ancien défenseur du CRB de «vouloir nuire à l'équipe de Larbaâ». Amani ne s'expliquera l'homologation du stade d'Aïn Fekroun (fermé depuis trois années déjà et qui a reçu le feu vert de l'instance de Kerbadj), que par un conflit d'intérêt : l'ancien président du CRB ayant, selon Amani, donné son accord à l'homologation du stade Allag- Abderrahmane» d'Aïn Fekroune après que le Chabab eut bénéficié des services du joueur du CRBAF, Amir Belaïli. Une accusation pas du tout farfelue et qui vient conforter les soupçons qui pesaient sur le président de la LFP à propos de son implication dans la gestion des affaires courantes du club de Laâqiba. Et la saison 2015-2016 ne fait que commencer...
