Un non franc et massif pour la création d'un FIS bis, dit Sellal en réponse à Madani Mezrag, mais une cacophonie au sommet de l'Etat persiste toujours dans le traitement des anciens terroristes dits «repentis». Madani Mezrag a enfin eu une réponse à son programme de retour en fanfare pour la création d'un parti FIS bis, lui qui a tenté de présenter sa décision, annoncée de son fief de Djidjel le 27 août dernier, comme ayant eu l'aval de ses interlocuteurs, de décideurs qu'il n'a, bien sûr, pas nommés. «L'Etat ne laissera pas les personnes impliquées dans la tragédie nationale créer un parti politique». Le propos est venu du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, qui présidait hier matin (mercredi) la cérémonie d'ouverture de la session parlementaire d'automne. Une réponse cinglante, sans équivoque puisque Sellal rappelle le texte de loi, en l'occurrence la charte pour la réconciliation nationale, votée, faut-il le rappeler, par référendum. Pour lever toute équivoque, signifier qu'il ne s'agit pas d'une position personnelle, et comme pour répondre à tous les citoyens qui s'interrogent sur l'absence d'Etat face aux piétinements de la loi par certains anciens terroristes et notamment par le sanguinaire des maquis de Djidjel, le Premier ministre précise que l'Etat est là et veille à faire respecter les lois de la République. Si dans sa déclaration d'hier, Sellal a été on ne peut plus clair, l'absence de clarté réside toutefois ailleurs. Elle est dans le fait que, d'un côté, cet état s'exprime enfin fermement face aux velléités de l'ancien chef de l'AIS, le bras armé du FIS, pour lui dire très fermement niet et que de l'autre, il y a seulement quelques mois, celui qui est considéré par le chef du gouvernement et par déduction aujourd'hui, comme enfin «impliqué dans la tragédie nationale», avait été reçu par Ahmed Ouyahia au «titre de personnalité nationale» dont on sollicitait l'expérience éclairée pour la future Constitution. Une invitation au siège de la Présidence qui avait soulevé un tollé général et un silence assourdissant de ce même Etat lorsque l'opinion générale demandait des explications. C'est pour le moins un paradoxe qu'il faudra bien expliquer un jour, les citoyens n'étant pas sans interrogations face à cette cacophonie. Comment expliquer le revirement de cette situation ? A ces questionnements, une réponse s'impose aujourd'hui : la lutte contre le terrorisme, le traitement de la situation sécuritaire et la gestion de toutes les incidences collatérales n'ont pas, au niveau de l'Etat, une approche commune, partagée et c'est le moins qu'on puisse dire.