L'Algérie veut relancer le secteur du tourisme, mais elle ne dispose pas d'une stratégie claire. C'est le constat qui s'est dégagé hier, lors de l'intervention du premier responsable de tutelle lors d'une cérémonie organisée à l'occasion de la Journée mondiale du tourisme. Signe de ce manque de vision : Amar Ghoul a reproché aux étudiants de l'Ecole supérieure de tourisme de s'être exprimés en langue française, lors de leur présentation d'un exposé portant sur le futur touristique en Algérie. Abder Bettache - Alger (Le Soir) - La volonté affichée par les pouvoirs publics pour la relance du secteur du tourisme en Algérie semble accuser un déficit en matière de stratégie. Hier, le premier responsable du secteur a développé un discours généraliste, très souvent proche d'un discours politique. Il n'a point dressé un constat de la situation actuelle ou encore rendu publique sa feuille de route. La seule préoccupation d'Amar Ghoul réside dans la multiplication du nombre de lits et, par voie de conséquence la construction de maximum d'hôtels, «pour attirer le maximum de touristes étrangers». Le ministre du Tourisme et de l'Aménagement du territoire n'a à aucun moment invité les autres partenaires à s'y impliquer pour la relance du tourisme en Algérie ou encore inculquer aux citoyens, à l'instar des pays voisins, la culture du tourisme. Amar Ghoul qui a rappelé aux présents «la beauté de nos montagnes et les paysages magnifiques de notre Grand Sud», a indiqué que «notre pays a besoin d'une cinquantaine d'hôtels 5 étoiles et d'un millier d'unités hôtelières variant d'une à trois étoiles. Il a plaidé aussi pour la construction d'un grand nombre de centres de thalassothérapie et de villages touristiques. A ce sujet, il a lancé un nouveau concept qui est celui «d'encourager le tourisme local à travers la découverte de son pays». Or, l'été dernier, ce même responsable avait lancé un appel aux Algériens pour aller passer leurs vacances en Tunisie. Cela dit et en s'appuyant sur les axes retenus dans le schéma directeur d'aménagement touristique «SDAT 2025», il dira que ce dernier «est un instrument qui traduit la volonté de l'Etat de valoriser le potentiel naturel, culturel et historique du pays et de le mettre au service de la mise en tourisme de l'Algérie afin de la hisser au rang de destination d'excellence dans la région euro-méditerranéenne». «Il donne de ce fait, poursuit-il, pour l'ensemble du pays ainsi que pour chacune des parties du territoire national, les orientations stratégiques d'aménagement touristique dans le cadre d'un développement durable». Or pour les professionnels du secteur, «le tourisme ne se fait pas en ordre dispersé, il repose sur une stratégie qui définit un nouveau concept pour le tourisme algérien en tirant profit de ces atouts, de la demande et des attentes des clientèles nationale et internationale». «Aujourd'hui, il n'y a ni stratégie, ni vision. Il faut une réelle politique touristique en Algérie et cette politique ne peut être mise en place ou menée que par des spécialistes et des connaisseurs du secteur. Or, ce n'est pas le cas aujourd'hui», nous ont indiqué des professionnels du secteur rencontrés en marge de cette rencontre. Pour ces derniers, «la nouvelle stratégie du tourisme traduite dans le SDAT 2025 s'inscrit dans le long terme en fixant des priorités claires et précises adossées à une programmation dans le temps».