La rencontre instituée hier à l'Université Alger 2 de Bouzaréah a eu pour thématique l'accueil des réfugiés syriens et subsahariens en Algérie. Une problématique d'enjeux majeurs et un chantier ouvert où tout est à refaire et à repenser. Naouel Boukir - Alger (Le Soir) - La rencontre a rassemblé professeurs, représentants d'institutions (ministères des Affaires étrangères et UNHCR, l'Agence des Nations-Unies pour les réfugiés) et d'ONG (Caritas, entre autres) s'impliquant dans la question des réfugiés. Par ailleurs, elle n'a pas semblé susciter tellement d'intérêt vu le nombre de personnes présentes. Est-ce un problème de communication ? Pour revenir sur l'ampleur que prend la problématique des réfugiés, tant sur le plan international que national : l'heure est grave ! Concrètement, les mouvements migratoires massifs actuels sont semblables à ceux qu'a connus le monde durant la Seconde Guerre mondiale. Les experts parlent de «crise des réfugiés» ! Le passage d'un statut de pays de transition à un pays d'accueil , où en sommes-nous concernant la prise en charge des réfugiés ? Préférant parler «d'invités», les autorités ne sont pas tellement d'agréables hôtes, ni la société civile d'ailleurs : tel a été le constat global des intervenants durant la réunion. En effet, si la législation algérienne reconnaît aujourd'hui les réfugiés en tant que tels, elle ne leur procure néanmoins aucun droit, même les plus fondamentaux (la scolarisation, l'habitat ou encore le travail). Cependant, le représentant de l'association Caritas, Riad Kenzi, qualifie d'«avancée énorme» le fait que les réfugiés puissent enfin inscrire leurs enfants dans des établissements scolaires sur tout le territoire national, chose qui n'était guère possible avant l'année scolaire 2015-2016 malgré maintes plaidoyers et interventions. Pourtant, ce n'est pas le cas encore s'agissant des inscriptions à l'université, c'est justement dans ce contexte que l'UNHCR reproche au gouvernement algérien cette absence de loi nationale sur l'asile. De même l'absence d'un organe national opérationnel chargé de statuer sur les demandes d'asile que reproche l'UNHCR au gouvernement. Un rejet de la société ? A ce sujet, le modérateur de la rencontre, le professeur et chercheur à l'Université Alger 2 Hocine Abdelaoui, refuse catégoriquement de parler de «racisme» : le phénomène des mirgrants et réfugiés est étranger à la société algérienne qui a toujours été renfermée sur elle-même, ce qui peut justement justifier cette difficulté à accepter l'autre et avoir à vivre avec lui. C'est à ce titre qu'intervient le président de l'association Adwaa Rignts pour la démocratie et les droits de l'homme, Nouredine Benbraham, en rappelant l'importance et la nécessité de développer la culture «d'aller vers l'autre» et de faire prévaloir «ses valeurs humanitaires» dans ce genre de situation. En effet, hormis l'aspect économique et social du réfugié, il y a lieu de considérer la dimension psychologique de ce dernier, de l'assister et de l'aider à dépasser «le fait de n'être personne» et d'être rejeté par son propre pays. Une loi sur l'asile à l'horizon ? Pour rapporter un peu d'optimisme et de lumière à ce cadre décidément sombre, le représentant du ministère des Affaires étrangères a annoncé lors du débat la préparation d'une loi sur l'information.