Le directeur de cabinet de la présidence de la République, Ahmed Ouyahia, a profité de l'occasion que lui a offerte «la Conférence nationale pour la jeunesse», organisée par son parti, le RND, hier à Alger, pour s'exprimer sur certaines questions brûlantes de l'actualité nationale. Quasiment toutes, à commencer par l'étrange communiqué de la présidence de la semaine dernière. Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - «Le communiqué de la présidence parlait des réformes politiques en général. Un passage seulement y a été consacré aux changements au sein du DRS. Or les gens n'ont retenu que cela. Je suivais, ce jour-là, au journal télévisé du 20h à la télévision nationale et j'ai été étonné que l'on ne cite que ce passage. Non ! Ce communiqué n'était pas du genre, comme qui dirait : excusez-moi de demander pardon.» Ahmed Ouyahia répondait, là, à une question à propos de ce communiqué, en marge de la conférence. «Non, il n'était pas destiné à justifier une décision de l'Etat.» Ces changements au niveau du DRS, qui dominent l'actualité nationale depuis le 19 septembre dernier, Ouyahia en a parlé longuement hier. «Ceux qui nous accusent de vouloir militariser le régime sont ceux qui, hier encore, se prélassaient sous la protection des chars ! L'Armée nationale populaire a sauvé l'Algérie (...) Voici qu'aujourd'hui, certains, qui traitaient il n'y a pas si longtemps le DRS de bouchers et je ne sais quoi encore, se découvrent les plus grands défenseurs du DRS». Après avoir rendu hommage au général Toufik et à l'institution, Ouyahia assénera : «Ce sont ces gens-là, qui critiquent aujourd'hui les changements qui, en réalité, veulent casser l'ANP. Y compris d'anciens officiers.» Une allusion à peine voilée au général Benhadid qu'Ouyahia, par ailleurs, dit ne pas vouloir «commenter une affaire qui est entre les mains de la justice». Pour le patron du RND, «les décisions de l'Etat doivent être protégées». Il ne manquera pas de mettre en garde : «Il y a des limites à tout. Que chacun reste à sa place !» Il accablera ensuite l'opposition. «Il y a ceux qui veulent parvenir au pouvoir par l'anarchie. Il y a certains hommes politique qui se frottent les mains avec la crise économique espérant ainsi l'avènement d'une explosion sociale. Est-ce l'avis des familles algériennes ? Non ! Car le peuple en a grandement souffert durant les années 90 (...)». S'adressant toujours à l'opposition, Ouyahia poursuit : «Que l'on se rappelle cette histoire de Mesmar Jeha, au début des années 1990 lorsque le parti dissous parlait du Président Chadli. Eh bien, ce n'était pas le Président, mais le pays tout entier qui avait failli sombrer !» Se voulant plus précis, il ajoutera : «Ces gens-là oublient que le 17 avril 2014, le peuple, en voyant le Président Bouteflika, a eu de la sympathie pour lui.» Le propos, ici, cible les partisans de l'application de l'article 88. «Nous disons à ces gens-là que la démocratie des périodes des transitions, nous n'en voulons plus ! De la démocratie de l'anarchie non plus, d'ailleurs.» La patronne du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune, aura droit à un «traitement spécial» dans le discours d'Ouyahia qui l'épinglera à deux reprises. «Dans tous les pays du monde, y compris la Chine communiste, avec à sa tête un parti unique, l'on bâtit son économie sur l'entreprise et l'investissement privé. Dans tous les pays du monde, l'extrême gauche a échoué et je ne vois vraiment pas par quel miracle elle réussirait chez nous.» Et d'une. Et de deux, le patron du RND achèvera Louisa Hanoune en la citant nommément lors de son point de presse. «Je n'arrive plus à suivre son raisonnement ! Prenons l'affaire El-Hadjar. Elle nous accusait d'avoir vendu El-Hadjar, et maintenant que nous avons récupéré le complexe, elle critique également cette décision.» Sur sa lancée, Ouyahia n'épargnera pas non plus le secrétaire général du FLN en réitérant le rejet, de manière sèche, de l'initiative de Ammar Saâdani. Après le communiqué cinglant du RND d'il y a une semaine, à travers lequel Ouyahia disait, en quatre points, pourquoi ce «front de soutien» n'intéresse pas son parti, il est revenu à la charge, hier, en tranchant définitivement : «Le mode proposé (par le FLN , ndlr) ne nous convient pas.» Une certitude, dans tout cela : cette réponse du berger à la bergère enterre définitivement l'initiative de Ammar Saâdani qui, rappelons-le, était le premier à s'opposer et à combattre l'initiative d'une alliance lancée par Ouyahia en juin dernier. Défendant, par ailleurs, les choix économiques du gouvernement, formalisés lors du dernier Conseil des ministres, Ouyahia assumera toutes les décisions prises récemment par l'Etat, y compris la fermeture de la chaîne El Watan TV : «Il y a des limites à tout, même pour la liberté d'expression. L'Etat doit protéger ses intérêts.»