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Ve COLLOQUE NATIONAL A L'OCCASION DE LA COMMEMORATION DU 111e ANNIVERSAIRE DE LA MORT DE l'ECRIVAINE A AIN SEFRA «Isabelle Eberhardt, patrimoine civilisationnel de l'Algérie»
A l'occasion de la commémoration du 111e anniversaire de la disparition tragique de l'écrivaine et journaliste Isabelle Eberhardt, l'association culturelle «Safia Ketou» de Aïn-Séfra a organisé samedi 17 octobre 2015, le colloque national dans sa cinquième édition sous le thème : «Isabelle Eberhardt, patrimoine civilisationnel de l'Algérie». Plusieurs chercheurs et écrivains ont contribué à ce colloque, à l'exemple du chercheur et écrivain le Dr Mohamed Rochd, de souche française (Jules Kimpf), connu pour avoir réalisé plusieurs ouvrages sur Isabelle Eberhardt, notamment des travaux de recherche auprès des archives d'Aix-en-Provence et à Genève ; son dernier livre est intitulé : Une version inédite de Sud-Oranais : Notes de route, signé J. M. Kempf-Rochd, édité auprès de l'ENAG-Alger. Le Dr Rochd a présenté sa conférence sous le thème : «Points biographiques non éclaircis et études de texte» par laquelle l'auteur de Isabelle, une Maghrébine d'adoption, a donné des dates précises et des noms qui ont été mal repris au moment de la reproduction des écrits d'Isabelle. Quant à l'écrivain et poète Bachir Khlef de Oued-Souf, ce dernier a fait un exposé sous le thème : «L'amoureuse du Souf», en développant l'attentat d'assassinat du 29 janvier 1901 à El-Béhima, ainsi que les moments appréciés passés à Oued-Souf par Isabelle. Pour les autres intervenants, l'ecrivain et romancier Mohamed-Mostéfa Benchérif a fait son intervention sur : «Isabelle, écriture et contemplation»; le Pr Mohamed Bourezg : «La compréhension religieuse de la foi, dans les écrits d'Isabelle»; le dernier intervenant, le Dr Hacène Mérine (C. Universitaire de Naâma) : «Recension sur les écrits d'Isabelle». Plusieurs autres invités d'honneur ont participé à ce colloque, notamment de Oued-Souf, les poètes et écrivains Mostéfa Soualah Mohamed, Bachir Gharbi et Hadi Ménani, qui ont également présenté des poésies. Dans le même sillage, le poète et écrivain M. Derdour Ahmed, de Aïn-Séfra, a fait deux poésies intitulées : Après la crue, l'oued s'apaise laissant sous le choc sa victime. La seconde : II pleut sur l'âme, il a plu toute la journée. Alors que le traducteur Amier Boudaoud a présenté Yasmina, et d'autres nouvelles, d'Isabelle en langue arabe, édité à Doha (Qatar) et distribué à travers le monde sous un magazine. D'autres invités d'Alger, de Béchar et de Mécheria ont aussi honoré le colloque de leur présence. Isabelle Wilhelmine Marie Eberhardt a vu le jour à Genève le 17 février 1877. D'origine russe, elle est un des personnages universels et uniques. Elle perdit sa mère Nathalie de Moeder (Fatima Ménoubia après sa conversion à l'islam) à Annaba où elle fut enterrée au cimetière musulman de la même ville. En aventurière, elle a passé de brefs séjours à Tunis, Annaba, El-Oued, Batna, Alger, Ténès, Bou-Saâda, pour atterir enfin à Aïn-Séfra. Appelée communément Mahmoud Saâdi ou Mahmouda, pour son uniforme masculin en cavalier arabe ; des habits masculins qui avaient auparavant étonné plus d'un sur les rives du Léman, étonnant bien davantage les Français d'Algérie, qui l'observèrent avec méfiance. Par sa plume précise et acerbe, elle s'est insurgée contre les comportements inhumains des troupes coloniales et dénoncé leurs agissements en sa qualité de romancière et de reporter aux journaux Al-Akhbar et La Dépêche algérienne. Isabelle ne racontait de l'Algérie «rien de ce qui aurait pu plaire au colonialisme». Son regard n'allait se poser, ni sur l'Orient des richesses ni sur celui des mirages, il n'allait qu'à l'Orient des réalités quotidiennes à «... ceux qui n'ont rien et à qui ont refusé jusqu'à la tranquillité de ce rien...» Elle voulait seulement la liberté d'aimer un peuple et un pays – l'Algérie – un pays qui n'était pas le sien, d'y vivre fièrement en déracinée, tout en cherchant à prendre ses distances vis-à-vis de la société coloniale. C'était braver l'opinion et en subir les conséquences ; c'était aller jusqu'au bout de soi-même en provoquant haines et suspicions ; c'était aimer le désert et en mourir, comme elle le décrit dans un extrait du désir d'Orient : «... je travaille à noter mes impressions du Sud, mes égarements et mes inventaires, sans savoir si des pages écrites si loin du monde intéresseront jamais personne. N'est-ce pas la terre qui fait les peuples ? Que sera l'empire européen en Afrique dans quelques siècles... Ce sont là des questions qui me préoccupent souvent...» Notons que plusieurs œuvres (traduction dans plusieurs langues), films et chansons continuent à être réalisés sur Isabelle Eberhardt, à travers le monde entier, alors qu'en Algérie, le doute demeure sur son islamité malgré la fetwa de Cheikh Bouamrane, président du HCI (Haut-Conseil islamique) et son enterrement au cimetière musulman à Aïn-Séfra et celui de sa mère à Annaba, et son attachement vis-à-vis du peuple algérien, malgré ses écrits. Elle meurt à l'âge de 27 ans, le 21 octobre 1904, lors de la crue subite et catastrophique de oued Séfra, le 21 octobre 1904. Elle repose au cimetière musulman Sidi-Boudjemaâ à Aïn-Séfra sur cette terre d'Algérie qu'elle a tant chérie. B. Henine P. S. : On ne pourra pas connaître Isabelle Eberhardt si on ne lit pas ses écrits ou les écrits de ses auteurs, tels Mohamed Rochd (J.-M. Kempf), Edmonde-Charleroux, Benamara Khélifa, Denis Brahimi, Marie Odile Delacour, René Louis Doyon, Françoise d'Eaubonne, Brigitte Riera, Cécily Mackworth, Jean Noël, Catherine Sauvat, Mohamed Maalej, et bien d'autres, pour ne citer que ceux-là.