Le général à la retraite, Khaled Nezzar, ancien ministre de la Défense, a tenté, par une déclaration à notre confrère en ligne Algérie Patriotique de mardi, d'éclairer, dit-il, sur les tenants et les aboutissants des changements opérés au sein du Département du renseignement et de la sécurité, le DRS. C'est parce que le communiqué de la présidence justifiant ces changements «ajoute à la confusion générale» plutôt qu'il ne donne à comprendre pourquoi ces changements que le général réagit. Lever les confusions et équivoques entretenues sur ce service, c'est à quoi s'est attelé le général à la retraite qui considère que pour ce faire, il est plus nécessaire que jamais de situer les attachements hiérarchiques et fonctionnels et même infrastructurels et décliner l'historique de ce service, questions sur lesquelles le silence a toujours été de mise. Une information de taille, perdue jusque-là dans les méandres de la vie politique. Le DRS n'a jamais été «sous le commandement de l'autorité militaire». Nezzar l'affirme plutôt deux fois qu'une et affirme que le «DRS relève de la présidence de la République même si ses locaux se trouvent aux Tagarins» et ce, depuis l'indépendance, ajoute-t-il. Ce serait en partie cette domiciliation au sein des locaux de la Défense qui aurait fait croire à la dépendance de ce service de la grande muette. Nezzar s'interroge justement sur l'absence, dans le communiqué de la présidence, de référence à l'entité de laquelle dépendent les services touchés par les changements que le Président a opérés. Sans cette précision, il ne s'agirait alors que de changement de retrait d'une personne et de son remplacement par une autre et non de réorganisation profonde pour plus d'efficacité comme suggéré dans le communiqué de la présidence. Nezzar convoque alors, très brièvement, les différentes étapes par lesquelles est passé le DRS pour relever les points saillants suivants : le DRS est issu de la restructuration de l'administration centrale de la défense «imposée par l'avènement de la voie démocratique dans le paysage politique...» Les quatre directions qui le composent, issues de l'ancienne SM, se sont vu pour deux d'entre elles (Sécurité nationale et Sûreté de l'Etat) relevées de la présidence et les deux autres (Sécurité de l'armée et Relations extérieures et de la coopération) dépendaient pour ce qui les concerne du ministère de la Défense. Octobre 1988 d'une part, le multipartisme instauré en 1989 ont conduit à la désignation d'un ministre de la Défense, fonction dévolue jusqu'alors au président de la République. La lutte antiterroriste a, alors, amené le DRS à s'engager auprès de l'armée et d'autres partenaires, patriotes... De plus, un rôle de coordination dans la lutte anti-terroriste a été imposé au DRS qui a eu par ce fait à être parfois placé sous la tutelle du gouvernement dans ces opérations. Toutes ces informations, tous ces rappels historiques son fournis par Nezzar, espérant, il ne s'en cache pas, espérant lever les ambiguïtés. Elles se veulent aussi une réponse du militaire retraité à ceux qui l'accusent d'avoir voulu casser les services à qui il répond que la restructuration des services opérée sous Chadli sur sa proposition «devait être une sorte de corollaire au multipartisme et à la liberté de la presse». Or, conclut-il, «l'essentiel du Département du renseignement et de la sécurité a été sauvegardé». Et, assène-t-il au final, dans un ton ironique, nous dit Algérie patriotique, en direction de ceux qui appellent de leurs vœux l'instauration d'une société civile : «Tant que le président de la République sera en même temps ministre de la Défense nationale, l'Etat civil tant souhaité par M. Saâdani ne verra pas le jour.»