Les personnes �g�es du foyer d'accueil de Yakouren g�r� par des b�n�voles du CRA ont �t� transf�r�es peu avant l'A�d au centre de Boukhalfa, mieux �quip� et pourvu de toutes les commodit�s. Les derni�res personnes grabataires � faire l'objet d'un recasement � Boukhalfa l'ont �t� mardi dernier ; le directeur du centre ayant jug� que les conditions climatiques r�gnant actuellement dans la r�gion ne plaidaient pas pour leur maintien dans ce centre mal chauff� et con�u initialement centre de vacances, cela en d�pit de leur volont� de continuer � y s�journer malgr� tout. Le ministre de la Solidarit�, qui a effectu� l'�t� dernier une visite de travail dans ce centre o� il a constat� de visu les conditions de s�jour des pensionnaires, a jug� bon de les transf�rer � la structure �tatique tout en laissant libre l'initiative � ceux qui veulent rester � Yakouren. Cela �tant, la d�cision du directeur, un m�decin � la retraite, est salutaire pour ces personnes fragiles qui ne pourraient pas supporter ces conditions alarmantes puisque les box du centre n'arrivaient que passablement � �tre chauff�s par le feu de bois provenant de g�n�reux donateurs. Pour se chauffer convenablement, les pensionnaires font cercle autour des po�les en tendant les mains grelottantes de froid au foyer. Des personnes en d�tresse Bien que vid�, des personnes �g�es, le centre continue � fonctionner actuellement avec 14 pensionnaires. Des personnes en d�tresse des deux sexes victimes de la vie et de la soci�t�, dont trois handicap�s mentaux et un handicap� moteur. Les conditions psychologiques des autres pensionnaires (notamment deux femmes avec deux et un enfant, une femme de 41 ans sans famille) sont in�narrables. Parmi les pensionnaires figure �galement un ex-correspondant de presse, mal-voyant b�n�ficiaire du filet social. Assia, l'innocent espoir Assia, un ange de 9 ans, figure parmi les pensionnaires. Scolaris�e � l'�cole primaire, elle exhibe fi�rement ses cahiers d'�coli�re dou�e et d�clame pour l'assistance des po�mes, illustr�s de l'embl�me national, sur la libert�. La justice planche encore sur son cas et son innocence est loin de lui faire prendre conscience du drame. Mais jusqu'� quand ? Sa m�re qui attend �galement l'affectation d'un logement social dans sa localit� d'origine se sacrifie pour elle. Un statut pour le centre M. Kessal, un m�decin de l'arm�e � la retraite qui a remplac� au pied lev� l'ancien directeur du centre relev� dans des conditions opaques, estime que la structure qui a �t� dot�e l'�t� dernier d'un mat�riel offert par une association des Rh�nes-Alpes est loin de perdre sa vocation sociale et qu'elle a plus que jamais besoin d'un statut pour pouvoir jouer pleinement son r�le. Pourvu d'une assistante sociale, d'une psy et d'un m�decin, le centre qui continue � jouir de l'attention des bienfaiteurs peut profiter encore aux gens qui, pour une raison ou une autre, se retrouvent � la rue. L'id�e d'en faire un centre pour SDF ou un centre de transit est partag�e par la DAS qui aurait saisi � cet effet la commune de Yakouren, propri�taire du centre qu'elle a mis � la disposition du CRA en 1994 sur arr�t� municipal dont les dispositions des articles pr�voyaient la r�cup�ration du site au cas o� il perdrait sa vocation initiale. Sur cette question, la vice-pr�sidente de l'APC de Yakouren, Mlle Harbi, soutient que la commune n'est pour l'heure destinataire d'aucune demande dans ce sens. Une demande que l'assembl�e �tudiera au moment opportun, conclut l'oratrice qui ne para�t pas hostile � cette proposition. "Le ministre nous a pourtant promis un recrutement !" Le centre d'accueil de Yakouren a su tenir le cap aussi et surtout gr�ce aux b�n�voles, une vingtaine de jeunes filles, dont des �tudiantes, qui ont fini par b�n�ficier du filet social (moins de 2 500 DA/mois). Leurs sacrifice et leur d�vouement pour les personnes �g�es se passent de tout commentaire quand on sait qu'elles faisaient jusqu'� la toilette intime des grabataires ! Lors de sa visite, Ould Abbes ainsi que l'ex-DAS leur ont promis, selon elles, devant les cam�ras de l'ENTV de prioriser leur recrutement au centre de Boukhalfa en r�compense de leur d�vouement. Mais aucune de leurs demandes n'a �t� prise en consid�ration � ce jour. "On nous a pourtant qualifi�es d'anges ce jour-l�", larmoie une b�n�vole qui nous fait remarquer que certaines d'entre elles n'ont pas touch� leurs maigres indemnit�s (2 275 mensuels) depuis 7 mois avant de conclure : "On a fait toutes les besognes, on ramenait m�me du bois mais en dernier ressort on nous a menti. Nous avons saisi le ministre de la Solidarit�." Deux moutons offerts le jour de l'A�d Le centre qui attend encore la subvention de 2005 fonctionne aussi gr�ce aux �mes charitables. Deux moutons ont �t� gracieusement offerts aux pensionnaires le jour de l'A�d. Le magasin ne d�semplit pas de denr�es provenant de g�n�reux donateurs qui s'�clipsent discr�tement apr�s avoir remis leurs dons. En nature ou en esp�ces, ils sont scrupuleusement enregistr�s par la gestionnaire. Les traditions s�culaires de solidarit� des Alg�riens font ici leurs plus grandes preuves. Mais en attendant les subventions, suspendues � la pr�sentation d'un bilan, les fournisseurs ne sont pas pay�s depuis six mois. "Je n'irais jamais � D�ly-Ibrahim !" Parmi les pensionnaires, Louiza, 41 ans, orpheline des deux parents, est l� depuis 2 ans. B�n�ficiaire de l'ESIL (2 275 DA mensuels), elle s'est familiaris�e avec cet environnement qu'elle consid�re comme sa cellule familiale. Elle redoute un transfert vers une autre structure. "Je ne retournerais jamais dans ma r�gion o� des proches m'utilisent comme esclave. Je veux rester ici, c'est ma seule famille. Je n'irais jamais � D�ly-Ibrahim."