Affairisme, passe-droits, rapine et tromperie à tout-va émaillent l'intendance d'une métropole qui vient tout juste de rater un rendez-vous avec l'histoire. Constantine, capitale de la culture arabe en cet an de grâce différant l'apocalypse et rattrapé par le cataclysme fait homme, s'enlise. Alors que son adjoint croupit en prison depuis déjà deux ans pour une histoire scabreuse de pots-de- vin, le premier magistrat de la troisième ville du pays est mis sous mandat de dépôt en raison de son implication directe dans la fameuse et non moins scandaleuse affaire, dite des 32 villas. Le magistrat instructeur près le tribunal de Chelghoum-Laïd dans la wilaya de Mila qui avait entamé les auditions des témoins concernés par ce dossier, il y a une semaine, a ordonné la mise sous mandat de dépôt du maire de Constantine suite à son audition mercredi dernier. Un autre élu de la même assemblée avait été mis sous contrôle judiciaire deux jours auparavant dans le cadre de cette instruction qui n'a toujours pas livré tous ses secrets d'autant plus que l'ex-mouhafedh FLN de Constantine que d'aucuns considèrent comme étant le précepteur de toute cette histoire et/ou cabale, ne s'était pas présenté au tribunal pour son audition, prévue jeudi passé. Un manquement dicté vraisemblablement par des velléités dilatoires après le coup de sommation de la soirée de mercredi, marquée par cette scène inattendue d'un Seif Eddine Rihani, le P/APC de Constantine, éconduit, menotté et sous escorte de la salle d'audition. C'est que Driss Maghraoui, ex-mouhafedh du FLN et entrepreneur de son état, risquait le même sort réservé à son dauphin qu'il a, lui-même, intronisé au forceps à la tête de la municipalité de Constantine au lendemain des dernières élections locales, faisant fi du tollé général que la démarche avait généré à l'époque. Dans ce qui s'apparente à un retour d'ascenseur concomitant, le jeune maire s'empressera de signer un permis de construire au profit de son mentor qui est également son ex-employeur, pour la réalisation de 32 villas dans la périphérie immédiate du centre-ville de Constantine, la cité du 5-Juillet en l'occurrence, sur un terrain classifié zone rouge et donc non-urbanisable pour les risques qu'il présente, notamment en raison du phénomène de glissement de terrain. Ceci, au moment où les assiettes foncières font cruellement défaut dans cette ville, y compris pour les équipements d'utilité publique. En sus de l'abus d'autorité de par l'usage de son statut de premier magistrat de la collectivité, Seif Eddine Rihani s'était également rendu coupable, pour ce faire, de déperdition préméditée de documents officiels et de faux et usage de faux. Griefs pour lesquels il est poursuivi après une enquête de plusieurs mois des services de sécurité suite à une plainte de ses pairs élus de l'assemblée et une commission rogatoire du procureur de la République près le tribunal de Ziadia. Aussi, l'instruction du dossier confié au tribunal de Chelghoum-Laïd de par la qualité d'officier de la police judiciaire dont jouit le maire n'a pas fini de révéler avec exactitude les culpabilités des différents concernés puisque les auditions se poursuivront dès lundi avec, probablement l'omnipotent promoteur Driss Maghraoui qui n'a pas daigné répondre à sa convocation de jeudi passé et qui risque de faire l'objet d'un mandat d'amener. Bénéficiant du soutien de l'ex-secrétaire général du FLN, Abdelaziz Belkhadem, Driss Maghraoui était monté au créneau à la veille des élections locales de novembre 2012 en imposant, dans un premier temps, ses hommes de main dans les listes de candidatures qu'il a lui-même conçues non sans avoir provoqué moult remous au sein de la maison constantinoise du vieux parti. Une mainmise qu'il fera valoir davantage pour impatroniser son associé en affaires à la présidence de l'APW de Constantine et un ex-employé de son entreprise à la tête de l'APC du chef-lieu de la capitale de l'Est. Des anonymes dans le paysage politique local, inexpérimentés et, pis encore, qui n'étaient pas des têtes de listes dans le casting électoral. Passé maître dans l'art de la complotite, il n'hésitera pas à annoncer sa candidature au poste de secrétaire général du FLN au lendemain de la destitution de son protecteur, Abdelaziz Belkhadem. Arrogant et pagayeur, des traits de caractère qu'il inculquera au jeunot maire, il dût évacuer les locaux de la mouhafadha de Constantine par la force publique à la faveur des changements intervenus au sommet du FLN. Il n'est pas dit non plus qu'il est lavé de tous soupçons s'agissant de la gestion catastrophique des affaires de la troisième ville du pays, tant il vrai que ses accointances avec Seïf Eddine Rihani et la fidélité que lui voue ce dernier font les choux gras de la vox populi. Une gestion décriée, dans un passé récent, y compris par le wali de Constantine qui s'était montré attentiste aux réactions épidermiques par presse interposée du jeune édile aux ambitions démesurées. Avidité qu'il n'hésite plus depuis quelque temps de claironner à qui veut l'entendre, s'agissant de mandats électoraux plus valorisants aux prochaines étapes car, estime-t-il : «l'escale de la mairie n'est qu'un début de carrière». Est-ce aussi la fin ?