De notre envoyé spécial à Blida, Mehdi Mehenni La dix-neuvième journée du procès Khalifa a porté, hier, à nouveau, sur l'argent perdu des entreprises publiques après son placement à Khalifa Bank. Le tribunal criminel près la cour de Blida a auditionné hier, d'anciens responsables d'entreprises publiques et de mutualités qui avaient procédé à des dépôts d'argent à Khalifa Bank. Le directeur de la Mutualité des travailleurs des industries de l'électricité et du gaz, Abderrahmane Benssaâdoune, était parmi les premiers à passer à la barre, pour s'expliquer sur le placement de 10 milliards de centimes à Khalifa Bank. Une somme que la mutualité qu'il dirigeait a fini par perdre. Il commence par préciser que sa motivation était de voir ce montant, placé en deux temps, générer des bénéfices pour les travailleurs, vu les taux intéressants qu'offrait Khalifa Bank. Le juge Antar Menouar lui demande s'il n'avait pas justement douté de ces taux d'intérêts particulièrement élevés. Le témoin dit ne pas avoir douté, même s'il a reconnu que par rapport à la BEA et la CPA qui appliquaient des taux de moins de 5%, celui de Khalifa Bank, qui avait atteint les 12%, était largement au-dessus de la barre. L'ex-DG de l'Entreprise nationale des systèmes d'information (ENSI), Fadila Berkane, s'est aussi expliquée devant le juge Antar Menouar sur les 10 milliards de centimes placés à Khalifa Bank. Elle affirme d'emblée que le dépôt a été effectué avant son arrivée à la tête de l'entreprise, mais que la décision a été tout de même prise après réunion du conseil d'administration. Là encore, l'argent n'a jamais été récupéré. Idem pour les 5 milliards de centimes déposés par la Mutualité des travailleurs de Sonelgaz, et dont l'ex-DG, Mourad Cherabi, a attesté de leur perte. Ce dernier a, lui aussi, expliqué que le placement a été effectué après réunion et approbation du conseil d'administration. La défense tente de faire le parallèle avec Mohamed Djellab L'ex-DG de l'Entreprise nationale de la navigation aérienne, Mustapha Hamed Abdelouahab, est passé à son tour à la barre pour un montant de 5 milliards de centimes placé chez Khalifa Bank. Il affirme que l'argent a été déposé du temps de son prédécesseur et que, néanmoins, il a tenté de le récupérer par tous les moyens. Une vaine tentative, puisque l'argent a également été perdu dans ce cas. La défense de Moumène Khalifa, qui a pris la parole lors de l'audition de chaque témoin, les a interrogés sur la période après laquelle leurs entreprises commençaient à avoir des difficultés pour le retrait d'argent chez Khalifa Bank. Presque tous ont affirmé avoir constaté des anomalies à partir de fin 2002. Les avocats de Moumène Khalifa ont ainsi tenté de faire le parallèle avec la nomination de l'ex-ministre des Finances Mohamed Djellab comme administrateur provisoire de Khalifa Bank, en novembre 2002. Une date à laquelle avait suivi le gel du commerce extérieur de la banque, avant son retrait d'agrément en 2003.