Calama a subi de 1938 à l'indépendance, de nombreux événements qui ont causé des pertes humaines très douloureuses. Elle a vu une bonne partie de ses habitants tomber sous les balles de l'occupant. Un patriotisme exemplaire au milieu de la répression et du danger de toutes sortes, prouvant ainsi l'indomptable bravoure de cette population et sa croyance en une Algérie libre. Cela explique comment cette métropole, incarnation de la révolution, a pu devenir une scène de la lutte de libération nationale. Une région, tout le monde en convient, bastion du nationalisme». Cette réputation date depuis les massacres du 8 mai 1945. Mais Guelma est demeurée à la pointe de tous les combats jusqu'à l'indépendance. Digne de son glorieux passé, cette cité a donné pendant toutes les étapes de la révolution, l'exemple d'un courage magnifique. Ce point de vue est celui de feu ammi Saci Benhamla, un militant modèle avant tout, qui avait chanté «Sidi Bendjelloul raïs el kaoumia, sidi namdeh bik sabha oua aâchia», les louanges des nationalistes, et qui s'est chargé de divulguer les exploits des héros de Guelma, qui incarnent la résistance aux entreprises de l'occupant. Les historiens s'intéressent aussi à la manière dont la ville et ses habitants ont évolué depuis la visite effectuée en 1922 par l'émir Khaled. Ils ont montré comment les idées politiques des riverains ont germé dans tous les milieux et à quel point Calama a été une actrice à part entière de sa propre histoire, une histoire locale qui a fait d'elle la cible privilégiée de l'armée française. Aujourd'hui, les Guelmis évoquent les hommes de cette région, qui ont marqué son histoire et ses différentes étapes qui donnent à chaque date une puissante signification. Ils décortiquent les faits marquants sur le vif, grâce aux différents témoignages. En 1938, le premier noyau de nationalistes émerge, c'était lors d'une grande manifestation un peu confuse au lieudit El Karmet, devenu un endroit emblématique. Puisque c'est là où furent fusillées en 1922 sept personnes condamnées pour rébellion, dont une femme, issues des Keblouti, tribu de Kateb Yacine. Ahmed Djelloul, Abdelkader Herga, Amar Boudjerida, Amar Oucif, Amar Aïssani, Ahcène Demnati, dit Ahcène Guenaoua et Mohamed M'Rad dit Tiou-Tiou ont saisi cette occasion pour orienter la foule en brandissant pour la première fois le drapeau algérien. El Karmet, c'était là aussi où se rassembleront les manifestants du 8 Mai 1945, pour effectuer la marche historique qui se terminera dans un bain de sang. En 1943, l'influence des nationalistes guelmis grandit : la question de l'indépendance domine les débats au sein de la population, que l'administration française ne parvient pas à contenir. Les effets néfastes de la colonisation ont donc contribué à élargir la conscience politique des citadins et ont favorisé l'essor de nouvelles générations engagées pour un combat idéologique social et politique. Chaibi Hamid, fusillé lors des massacres du 8 Mai 1945, dirigeait le groupe de Saci Benhamla, Tahar Seridi, Abderrahmane Limane, Djaâfar Sansri, Kaddour Laloui..., mais il y avait également Brahim Bahloul, Abdallah Yalles, Souidani Boudjemaâ, Abdelkader Boutesfira, Mohamed Nasri, les Regui, les frères Abda, les Meddour... C'est l'histoire revisitée d'une région traumatisée par les massacres du 8 mai 1945, grand tournant du déclenchement de la révolution de novembre. Les premiers héros, c'était donc les victimes de cette tragédie.