L'histoire de la vie de Souidani Boudjemaâ, mais surtout celle de ses origines, appartient parfois au domaine extraordinaire, et on ne saurait démêler l'inouï du possible. L'histoire raconte que, né le 10 février 1922 à Guelma, dans un quartier populaire, à tort frappé de déficit d'intégration sociale, il se serait distingué par son intelligence, et aurait vite accédé à un privilège rare pour un «indigène», lui permettant alors de bénéficier d'une certaine ascension sociale telle qu'il a fréquenté l'école jusqu'au secondaire. Souidani Boudjemaâ était un homme extrêmement brillant. Il a réussi tout ce qu'il a entrepris dans sa vie. Il est considéré comme l'un des meneurs du mouvement nationaliste dans la région de Guelma, où il a su combattre pour son idéal de liberté pour faire de Calama, cette cité antique, un centre de résistance inébranlable jusqu'à l'indépendance. Mission accomplie pour Boudjemaâ, puisqu'il quitte sa ville natale en 1949 pour s'installer dans la Mitidja. Commence alors un long périple semé d'actes de bravoure et d'héroïsme, entre autres le lancement dans cette région des premières opérations armées, le 1er novembre 1954. Lui-même il dirige l'attaque de la caserne de Boufarik. Il est d'ailleurs tombé au champ d'honneur les armes à la main, le 17 avril 1956 à Magtaâ Keïra entre Blida et Koléa. Souidani Boudjemaâ qui était du groupe historique des «22» est donc l'un des artisans du déclenchement de la Révolution de novembre. Jusqu'il y a quelques années, il était insuffisamment connu, estiment les historiens, au regard du rôle qu'il a joué dans la libération de l'Algérie du joug colonial. Il mérite, sans conteste, sa place aux côtés des piliers de la Révolution algérienne. Mais au-delà de son parcours de militant nationaliste, il était également réputé pour être un talentueux footballeur, une qualité qui lui permet de décrocher, dès son jeune âge, un poste de titulaire à part entière au sein du club historique de la ville, l'Espérance sportive de Guelma. Appelée communément l'Escadron noir, cette équipe a payé un lourd tribut lors des massacres du 8 Mai 1945. Un hommage solennel intervient la veille des cinquante-neuf ans de la mort de Souidani Boudjemaâ. C'est l'un des moments forts des commémorations historiques de cette ville. Le wali de Guelma, accompagné des autorités locales, des élus et de la société civile, s'est rendu jeudi sur la stèle érigée à l'effigie de cet héros hors pair de la Révolution algérienne, au boulevard principal du centre-ville, baptisé en son nom. Sous une chaleur inhabituelle en ce mois d'avril, M. Laârbi Merzoug, chef de l'exécutif, a déposé une gerbe de fleurs. Les officiels ont ensuite écouté avec recueillement l'hymne national, avant d'observer un moment de silence. Un geste qui intervient un jour avant la date anniversaire de la mort de Si Djilali, nom de guerre que Boudjemaâ a pris dans la région de Blida. Cette visite dans ce lieu hautement symbolique revêt aussi une signification historique : elle devrait confirmer l'indéfectible attachement des Guelmis envers ce grand martyr qui a tout donné non seulement pour sa ville natale, mais pour son pays tout entier.