61 ans après le déclenchement de la glorieuse guerre de Libération nationale dont on célèbre, aujourd'hui, l'anniversaire, l'on est encore et encore à s'interroger sur le message de novembre 1954 qui, pour beaucoup, reste encore un simple vœu pieux de cette poignée d'hommes hors pair qui avaient «forcé le destin» et obligé la France, alors 4e puissance mondiale, à plier l'échine, certes après un lourd sacrifice humain, sept ans plus tard. M. Kebci - Alger (Le Soir) - A plus forte raison que l'anniversaire, cette année de cette mémorable épopée, intervient dans un contexte politico-économique des plus tendus marqué par une crise financière dont les prémices et les indicateurs sont tout simplement inquiétants, doublé d'une crise politique tout aussi aiguë en sus d'un contexte géopolitique régional empreint de vives tensions et de dangers à nos longues frontières. Et si le pouvoir en place fait du bout des lèvres l'aveu de la première, il récuse totalement la seconde, reprochant à l'opposition de trop noircir le tableau et de ne courir qu'après le fameux koursi. Et beaucoup parmi les acteurs de cette révolution, qui continue encore de nos jours à inspirer beaucoup de peuples colonisés ou opprimés et les générations de l'indépendance qui n'ont donc pas connu les longues nuits coloniales, s'interrogent sur les bienfaits de cette liberté recouvrée à coups de lourds sacrifices. Et tout ce beau monde n'hésite pas à affirmer qu'elle n'a finalement profité qu'à une poignée de personnes, laissant en rade le gros du peuple et le message de novembre au stade de «simple littérature» tant le «fleuve a été détourné» pour reprendre l'œuvre éponyme du défunt illustre écrivain Rachid Mimouni. Surtout que ces derniers temps, les langues se délient de plus en plus, avec, notamment, certains acteurs ou témoins de cette épopée qui «livrent», chacun ses «vérités» non sans accusation à l'encontre de camarades de combat d'hier. Ce qui n'est pas fait pour encourager les générations postindépendance à se tourner vers ce pan de l'histoire toute récente de notre pays. Et de tous ces constats, celui fait par la secrétaire générale du Parti des travailleurs est des plus sévère, elle qui accuse certains cercles au sein du pouvoir de permettre au colon d'hier, sorti par la porte, de revenir par la fenêtre. «Il y a une recolonisation sans frais, à travers des facilités, des prêts, des contrats. De plus en plus, l'Algérie ressemble à un protectorat, comme le Sénégal», affirmait, en effet, avant-hier vendredi, Louisa Hanoune qui accuse certains responsables de tout faire pour «sauver des sociétés françaises à travers certaines lois adoptées récemment qui leur profitent». Et de poursuivre son estocade à l'encontre de ces mêmes responsables qui cultivent encore le «complexe du colonisé» vis-à-vis du colon d'hier, mettant cela sur le compte d'«orientations et de choix politiques». Quant au reste de la classe politique de l'opposition, elle estime que le message de Novembre a été dévoyé et que pour s'y ressourcer de nouveau, chacun y va de son initiative. Qui une transition démocratique, qui un consensus national rompu au lendemain du recouvrement de l'indépendance qu'il s'agit donc de reconstruire,... Le pouvoir, quant à lui, persiste à penser tout le contraire, continuant à puiser dans la même mémoire de Novembre, sa légitimité que lui conteste justement cette opposition pour laquelle seul le retour à la souveraineté populaire est à même de remettre le «fleuve de Novembre sur sa trajectoire».