Le chanteur Idir était, dans la nuit du dimanche à lundi dernier l'invité de Radio Tizi-Ouzou. Une émission-événement de trois heures durant laquelle l'auteur du mythique tube planétaire Vava Inouva reviendra avec Arezki Azouz, l'animateur et producteur de la chaîne locale, sur les principales haltes de sa carrière artistique, remontant jusqu'à ses débuts de chanteur. Son irruption dans le monde de la chanson fut le fruit d'un hasard. Idir remplacera, au pied levé, la chanteuse Nouara empêchée par la maladie de se produire dans l'émission Radio-crochet de l'animateur Abdelmadjid Bali sur la Radio nationale Chaîne II pour interpréter une chanson composée par lui-même. Le passage fut une réussite. Et ce fut le début d'une carrière fulgurante et réussie qui dure depuis 40 ans. Durant l'émission, Idir reviendra sur les péripéties qui le conduiront en France où il entamera une carrière professionnelle, tout en poursuivant ses études de géologie à l'école des Mines «au cas où...», autrement dit pour prendre ses précautions dans un univers du showbiz difficile et plein d'imprévus confiera l'artiste à l'animateur Arezki Azouz. La suite, on la connaît. Idir enchaîne les succès et les tournées sur les scènes internationales et les présences sur les plateaux de télévisions et de radios hexagonales. Couru par les principales radios parisiennes, notamment France Inter et RMC qui découvrent cette voix venue d'ailleurs, Idir en profite pour monter en audience et donner une autre image des siens et de l'Algérie et, surtout, de la visibilité à la chanson kabyle, à la culture amazighe qu'il dit porter comme un sacerdoce. C'est pour lui une manière de poursuivre un engagement et la défense de la cause identitaire qu'il a découverte et portée depuis sa jeunesse, à l'université, notamment. Pour Idir, la reconnaissance de l'identité amazighe pleine et entière est une quête obsessionnelle pour celui qui ne s'est pas produit sur la scène algérienne depuis plus d'une trentaine d'années, depuis 1979. Pourquoi cette absence et cette obstination à ne pas venir pour une tournée nationale, malgré une demande pressante de son large public ? «Je dois venir chanter en toute liberté, sinon ce n'est pas la peine», tranchera Idir, refusant toute forme d'embrigadement , chanter sous le patronage ou l'égide de quiconque. «Je suis un homme blessé, je n'ai pas d'autres moyens de riposter que de dire ça ne passera pas par moi», dira-t-il signifiant par là son mal et sa blessure de voir l'identité amazighe tronquée et aliénée. Autrement dit, Idir refuse de servir d'alibi, d'accepter le fait accompli d'un déni identitaire. Il conçoit mal de venir chanter en Algérie «si on ne me respecte pas en tant qu'Algérien à part entière et, à travers moi, tous les gens qui me ressemblent et qui portent à bout de bras cette culture. Pourquoi on persiste à refuser l'officialisation de tamazight», interroge l'artiste qui, faute d'une tournée nationale dans un cadre professionnel et organisé, préfère se produire dans une ambiance quasi-confidentielle et intimiste. Il chantera à Ath Yenni, le 5 novembre prochain à l'occasion de l'hommage qui lui sera rendu par la population d'Ath Yenni. Sa venue coïncide avec le parrainage du festival «Lumière sur le patrimoine historique et culturel de la Kabylie» qui sera organisé respectivement, à Ath Yenni, l'Akfadou, Ighil Ali et Leqlaa N'Ath Abbas dans la wilaya de Béjaïa.