Par Hassane Zerrouky Syrie. Ce n'est pas encore l'Abistan, ce vaste pays divisé en soixante provinces imaginé par Boualem Sansal dans son dernier roman 2084, mais ça y ressemble. Voici ce que rapporte Rami Abdel Rahmane, directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), ONG basée à Londres et parrainée par les Frères musulmans, qu'on ne peut donc soupçonner de parti-pris pro-Assad : Jaïch al-Islam (Armée de l'islam), groupe islamiste basé dans l'arrière-pays de Damas, «a placé des soldats du régime faits prisonniers et des civils alaouites dans des cages et les a dispersés sur des places de la Ghouta orientale, surtout dans la ville de Douma» afin «d'empêcher les bombardements des forces du régime sur la région». Et selon l'OSDH, «des dizaines de cages ont été utilisées». Jaïch al-Islam, soutenu essentiellement par l'Arabie Saoudite, fait partie, avec le Front Al-Nosra (branche syrienne d'Al Qaïda) et Ahrar Cham, de l'Armée de la conquête (Fatah al-Islam) que Washington et surtout Paris qualifient d'«opposition modérée» ! Modérée par rapport à qui et à quoi quand on sait le sort qu'ils réservent aux femmes et aux minorités ? Mais bon, observons qu'à la rencontre de Vienne (Autriche) à laquelle a pris part pour la première fois l'Iran en dépit de l'opposition de la France et de l'Arabie Saoudite, il a été davantage question du sort de Bachar Al-Assad qui, de notre point de vue, devrait quitter le pouvoir (et le plus vite sera le mieux) que de la Syrie. Dans cette affaire, Washington et ses alliés feignent d'oublier que le désastre frappant cette partie du monde a commencé lorsque George Bush avait décidé de détruire l'Irak (Saddam n'a été qu'un faire-valoir servant des desseins dépassant sa petite figure de dictateur) avant de se prolonger en Libye, puis en Syrie... au nom de la démocratie ! Turquie. La victoire du Parti de la justice et du développement (AKP, issu de la mouvance islamiste) aux élections législatives de dimanche va donner des ailes à Tayyip Erdogan. L'orchestration de la peur par l'AKP, peur des attaques terroristes — on a parlé de risque de guerre civile après l'attentat d'Ankara du 10 octobre – s'est avérée payante. Quoi de mieux que jouer la carte de la stabilité pour contenir l'incertitude et les frayeurs. Erdogan, qu'on donnait fini, est de nouveau en position de force. Sans attendre, l'armée turque a repris ses bombardements contre le PKK (kurde), et les pratiques autoritaires ont repris : après la fermeture de deux chaînes de télé, des journalistes, inculpés de «tentative de coup d'Etat», ont été arrêtés mardi. Mais obsédé qu'il est par les Kurdes du PKK et par Bachar Al-Assad, le chef de l'Etat turc est loin d'être tiré d'affaire : son pays reste plus que jamais exposé face à une crise syrienne en train de déborder sur le territoire turc et face à la question kurde qui ne cessera de le hanter. Et l'Algérie dans tout ça ? Il y a eu le message du chef de l'Etat dans lequel il est question de la révision constitutionnelle. Que va-t-elle apporter de neuf ? Attendons de voir. A part cela, rien de nouveau, sinon les pointes lancées par Ammar Saâdani contre ses alliés et ses adversaires et sa sortie inattendue contre les crimes du colonialisme, les mises en garde d'Ahmed Ouyahia contre de supposés «ennemis», les assurances de Sellal et de ses ministres face aux difficultés à venir. Or, au regard des incertitudes planant sur les finances et l'économie du pays – le baril est toujours à moins de 50 dollars – nos politiques adoptent la posture de quelqu'un qui ne voit pas le sol se dérober sous ses pieds, espérant au fond d'eux-mêmes une remontée, même moyenne, du prix du baril. Le problème est que l'arrivée de l'Iran sur le marché, d'abord avec une production de 2,8 millions de barils par jour qui sera portée à 4 millions en 2016, pourrait faire chuter le baril en dessous de la barre des 40 dollars. Ce qui fait que l'Algérie n'est pas à l'abri d'une nouvelle dégradation financière.