Le message du président de la République à l'occasion du 61e anniversaire du déclenchement de la guerre de Libération nationale est «aux antipodes de la réalité des choses», estime la patronne du PT, qui s'en prend vertement au ministre des Finances qu'elle accuse d'avoir «subtilisé» au chef de l'Etat une de ses prérogatives. M. Kebci - Alger (Le Soir) - Un «contraste» des plus frappants, relève Louisa Hanoune comparant, hier, à l'occasion d'une conférence de presse, les engagements solennels pris par Abdelaziz Bouteflika en Conseil des ministres en mai 2011 et renouvelés dans son message dimanche dernier dont, selon elle, l'analyse de la situation du pays «ne correspond pas», voire contredit la réalité du pays et cela, sur tous les plans. D'abord sur le volet économique avec le retour annoncé à l'endettement extérieur avec, «cerise sur le gâteau», la garantie du Trésor public de rembourser à la place de sociétés privées au «besoin». Une option «mortelle» pour la pays, selon l'oratrice, que, fera-t-elle remarquer, le président de la République a pourtant «totalement écartée». Ceci en sus des cadeaux et autres facilités concédés aux étrangers comme l'annulation de l'obligation pour eux d'investir dans le pays une partie de leurs bénéfices, la diminution des budgets d'équipement de l'ordre de 20%, soit un rétrécissement de même niveau que celui de 1986, des augmentations tous azimuts des tarifs de nombre de produits de large consommation, notamment pétroliers, qui subiront pour certains d'entre eux des hausses considérables. Autant de mesures d'austérité «sévères» que le projet de loi de finances pour l'année prochaine contient et qui consacre, dira encore Hanoune, le «délaissement par l'Etat des règles de souveraineté contenues dans les précédentes lois de finances». Un projet de loi de finances 2016 qui «encourage le siphonage et la prédation», dans le sillage d'une politique «plus sauvage que celle du FMI et de la Banque mondiale», selon la secrétaire générale du PT qui relèvera également la généralisation du gré à gré, la privatisation et un Trésor public qui se vide avec les réductions drastiques de l'IBS et de la TAP. Soit, une «déréglementation économique érigée en système», mettant l'Etat au «service quasi-exclusif d'une minorité». Et de lâcher, estimant que cette loi de finances consacrera inévitablement le «retour de l'indigénat», ouvrant, ainsi, les portes à une «explosion sociale généralisée». Et dans ce chapitre économique, Hanoune réservera une sévère attaque au ministre des Finances qui, via l'article 71 dudit projet de loi de finances 2016, s'autorise à la «tripatouiller» à souhait. Une «mesure anticonstitutionnelle», considérera-t-elle, accusant Abderrahmane Benkhalfa de «manquer de «culture d'Etat, ne respectant personne», en annonçant à la radio les hausses des prix de certains produits avant même le passage dudit projet de loi devant le Parlement. Et de s'interroger si le président de la République était «au courant» de tout ce qui se fait et se décide en son nom, affirmant que bien de «hauts responsables lui dissimulent la réalité du pays» au motif de «ne pas vouloir le déranger au vu de son état de santé», se réservant, cependant, de ne pas aller jusqu'à proclamer son «incapacité à accomplir ses missions» comme le fait depuis des mois une partie de l'opposition. «Nous, nous ne faisons que nous interroger et c'est notre droit, sur qui cache au Président la réalité du pays. A notre niveau, nous ne la noircissons pas mais nous ne la blanchissons pas non plus», dira-t-elle. Au plan politique, la patronne du PT dira attendre le projet de révision constitutionnelle annoncé pour se prononcer. Ceci non sans répondre indirectement au secrétaire général du FLN à propos de l'Etat civil qu'il prêche depuis peu. Pour Hanoune, cet Etat civil suppose, entre autres, la «primauté du politique sur le militaire avec un civil comme ministre de la Défense, sa sécularisation,...». Au sujet du mécanisme de surveillance des élections évoqué par le président de la République dans son message dimanche dernier, la secrétaire générale du PT relèvera la véritable problématique, s'interrogeant si les partis pouvaient assainir les fichiers électoraux, superviser l'opération de bout en bout,...