La position ou plutôt la «non-position» du secrétaire général du Front de libération nationale (FLN), Ammar Saâdani, sur la question du Sahara occidental en lutte pour son indépendance du joug marocain, n'est pas du goût du Comité national algérien de solidarité avec le peuple sahraoui (CNASPS). Son président, Saïd Ayachi, s'est fendu d'un communiqué virulent à l'encontre du SG du FLN dans lequel il se dit «consterné» par la récente sortie du chef du parti majoritaire du pays sur le plateau d'une chaîne satellitaire. Younès Djama - Alger (Le Soir) - Invité d'Ennahar tv, alors qu'une question lui a été posée à propos du Sahara occidental, Ammar Saâdani s'est refusé à s'étaler sur le sujet mais a promis «d'y revenir un jour». Face à l'insistance du journaliste intervieweur, Saâdani persiste : «Pas aujourd'hui !», avant de lâcher sur un ton péremptoire : «Ce qui m'importe le plus, c'est l'Algérie.» Le SG du FLN se défend d'éluder le sujet en déclarant qu'il «ne (veut) pas créer un problème (sic)». «Il reste que j'ai mon opinion là-dessus», tient-il à souligner sans traduire concrètement le fond de sa pensée. Et de rappeler que la question de la colonisation du Sahara occidental par le Maroc n'a pas été résolue depuis 1975, date de l'annexion par le Maroc des territoires du Sahara occidental. Avant de finir par lâcher : «Il n'y a pas que l'Algérie (pour la résolution de la question, Ndlr), il y a aussi l'ONU.» Des déclarations qui «positionnent M. Saâdani sur une ligne anti-novembriste, à l'antipode de la doctrine du parti du FLN, qui a accompagné, soutenu et aidé à faire triompher 17 mouvements de libération africains, un parti du FLN qui a continuellement condamné le colonialisme sous toutes ses formes, un parti dont la voix a résonné avec constance dans toutes les tribunes internationales pour dénoncer l'occupation quelle qu'elle soit», s'offusque le président du CNASPS. Ces déclarations, estime Saïd Ayachi, ne rendent nullement justice au peuple sahraoui, «qui lutte pour sa liberté, son indépendance et sa dignité», et auquel «la communauté internationale a très justement reconnu son droit inaliénable à l'autodétermination afin de choisir librement son destin». Ces déclarations «n'honorent en rien leur auteur», selon Saïd Ayachi pour qui «la charge du SG du FLN n'autorise absolument pas cette prise de position de toute évidence de nature personnelle, en complète contradiction avec les positions défendues avec constance et inconditionnellement par tous les militants du FLN, positions à chaque fois réaffirmées dans les résolutions politiques». La «réserve» dont a fait preuve Saâdani sur la question du Sahara occidental est d'autant plus incompréhensible lorsqu'on sait qu'il s'est montré fort généreux en «analyses» sur les questions palestinienne et libyenne, le «Printemps arabe», le fonctionnement de la Ligue arabe, etc. En somme, la sortie de Saâdani tranche avec la position algérienne officielle sur la question du Sahara occidental réitérée tout récemment par le chef de la diplomatie algérienne, Ramtane Lamamra. «Le droit à l'autodétermination du peuple du Sahara occidental est incontournable, inaliénable et imprescriptible», a en effet déclaré M. Lamamra lors d'un point de presse conjoint avec son homologue colombienne le 8 novembre dernier à Alger. Pour le MAE algérien, «la répétition de clichés et de stéréotypes malencontreux en ce qui concerne la position de l'Algérie n'est pas de nature à ternir en quoi que ce soit cette position de principe qui est aussi celle de la communauté internationale». Pour Lamamra, la «mystification qui a eu lieu le 6 novembre 1975 a abouti à la prise en otage du destin collectif des peuples maghrébins par l'expansionnisme territorial (du Maroc) 40 années durant». Aussi vague a été également la réaction du patron du FLN face à la violente diatribe de Mohammed VI à l'encontre de l'Algérie dans son discours prononcé à Laâyoune, capitale du Sahara occidental, à l'occasion du 40e anniversaire de ce que les Marocains appellent la «marche verte». Mohammed VI a accusé l'Algérie, entre autres, de détournement des aides humanitaires destinées aux réfugiés sahraouis. «L'Histoire jugera ceux qui ont réduit les enfants libres et dignes du Sahara à l'état de quémandeurs d'aides humanitaires», a affirmé le roi. Une accusation qui n'a pas tardé à faire réagir Alger qui, par la voix de son chef de la diplomatie, Ramtane Lamamra pour qui les propos du roi du Maroc résonnent comme un pari sur le pire». Là encore, Saâdani a fait valoir presque son droit de réserve. «Cette escalade n'est ni dans l'intérêt du Maroc ni de l'Algérie», s'est-il ainsi contenté de dire.